A la question « Qu’est ce qui vous a donné la rage de
réussir ? », Charles Aznavour répond « Je crois que c’est
d’avoir été un émigrant. » Pas un immigrant, ni un immigré, ni un émigré,
un émigrant. Donc quelqu’un qui part et qui se bouge. A méditer.
Grain de poivre
Sans parler du problème même des mal-logés, j’ai été ahurie
d’entendre parler (France Info) des papas et des mamans qui campaient rue de la
Banque. Passons sur l’exploitation médiatique de la misère des
gens. Mais pourquoi pas les pères et les mères ? Dans les paroisses et les
écoles c’est pareil : il n’y a que des papas et des mamans (le pompon ce
sont les « papas-KT »). A croire que tout le monde est à la
maternelle. A l’autre bout de la vie, ce n’est pas mieux. Quand il est question
de papis et de mamis, je bous.
Grain de poivre
Il paraît, mais n’hésitez pas à rectifier si je me trompe,
que Chirac touche, toutes retraites confondues, environ 30 000 € par mois.
Ce que je comprends mal c’est qu’avec ça il en soit à squatter l’appartement
des potes comme un petit jeune qui commence dans la vie.
Grain de poivre
Les diodes luminescentes sont les lucioles des temps
modernes. Elles jalonnent la nuit de leurs lueurs rouges, vertes et bleues :
machines à laver, téléphones (fixe et portable), rasoir, cafetière, variateurs
d’intensité, minuterie, brosse à dents, télévision, lecteur dvd, ordinateur, imprimante,
scanneur, fax, photocopieuse, machine à coudre, frigo, four, micro-ondes, et
j’en oublie. Au plus profond de notre sommeil nos fidèles serviteurs montent la
garde. Au plus fort de nos insomnies, ils nous rassurent.
Grain de poivre
Les gens sont merveilleux. Les voilà confrontés à la
maladie, à la mort et quand on compatit, ils vous répondent « Mais vous
savez, il y a pire. » Ainsi au cours d’un reportage télé sur la maladie
d’Alzheimer on a pu voir une famille aux prises avec le père, un homme d’un peu
plus de 70 ans, en parfaite santé physique apparente, très soigné et
visiblement à l’ouest. Il faut se relayer auprès de lui toute la journée car il
ne peut rester cinq minutes seul, on l’a déjà retrouvé à l’autre bout de la
ville. Dieu sait ce qui peut lui passer par la tête. C’est épuisant pour
l’entourage. Eh bien, sa femme déclarait « Par rapport à d’autres, on a de
la chance, il pourrait avoir un cancer très douloureux, au moins, là, il va
bien, il ne souffre pas. » En effet. Et d’ailleurs rien n’empêche qu’un
jour il n’ait les deux, et Alzheimer, et un cancer.
J’ai moi-même, dans une circonstance dramatique, eu à consoler des gens qui pleuraient sur mon propre chagrin et je leur ai servi ce même « il y a pire ». Je le pensais vraiment, je le pense encore. Mais peut-être n’est-ce au fond qu’un truc pour supporter l’irrémédiable ?
Grain de poivre
Cette semaine j’ai été en contact téléphonique pour des
raisons professionnelles avec un Harki marseillais. A vrai dire ce n’est que
dans le cours de la conversation qu’il m’a confié cette particularité. Cet
homme d’un peu plus de 40 ans a habité toute son enfance dans un camp entouré
de barbelés et gardé par l’Armée, son père était déconsidéré par les Français
de souche – un Arabe ! – et tenu pour traître par les Algériens installés
en France. Il me disait son désarroi, combien c’était dur d’être rejeté de
droite et de gauche. Et d’ailleurs pour qu’il se confie ainsi alors que nous ne
nous connaissions pas et que l’objet de mon appel n’avait rien à voir avec la
question harkie, il fallait que la blessure fût toujours bien saignante. Eh
bien, malgré cette situation invivable, il clamait son amour de la France et manifestait
un patriotisme émouvant. Décidément, lui non plus n’est pas rancunier.
Grain de poivre
Aucune. J’ai accepté de participer à un protocole de recherche sur les risques d’attaque cérébrale chez les crisés cardiaques. Je suis donc convoquée à 9 h à l’hôpital Bichat, 12e étage, aile nord, pièce 19-20. Une infirmière jette un coup d’œil à mon papier et me désigne une chaise dans le couloir. Heureusement, j’ai apporté un bouquin. Une vieille dame arrive, elle a beaucoup de mal à marcher, elle aussi s’assied. Je continue à lire. Au bout d’une heure, je me lève, avise un homme en blouse blanche. Ah oui, c’est fâcheux, tout le monde est débordé ce matin. On va s’occuper de moi et de la vieille dame qui elle aussi participe au protocole et qui n’est pas contente, elle a pris un taxi sur ses propres deniers, tout ça pour poireauter. Effectivement, peu après je passe à l’échographie. Mes carotides sont en bon état. Et je réintègre ma chaise dans le couloir sans savoir quel sort m’attend. Finalement le médecin responsable arrive, une femme charmante. On lui a rapporté notre impatience mais il y a eu des urgences ce matin. Je comprends parfaitement que les protocoles passent après, j’ai moi-même été bien contente lorsque j’étais une priorité qu’on laisse tomber tout le monde pour me sauver la vie. Mais c’est juste que je voudrais qu’on me dise : « Madame, nous sommes désolés, vous allez devoir attendre, il y a des urgences. Ensuite, vous passerez une échographie des carotides et vous verrez un médecin en consultation. Vous devriez pouvoir rentrer chez vous en fin de matinée. » Ce n’est quand même pas compliqué et ça change tout. Comme dans le TGV quand il est arrêté pour un temps indéterminé en rase campagne.
Grain de poivre
Les enfants sont capables de jouer des heures sur un tas de
sable. Châteaux, tours, routes, tunnels, ponts, leur instinct bâtisseur les
entraîne dans des constructions éternelles et conventionnelles. Mais ils ne
sont pas les seuls. Sur les plages et dans les jardins publics, bien des
adultes profitent sans vergogne de l’alibi parental pour mouler, construire, creuser,
sculpter, décorer. Petits et grands, tous ont une vocation d’ingénieur des
travaux publics.
Grain de poivre
Les chercheurs anglais ont obtenu le feu vert pour créer des
hybrides homme-vache. La nouvelle met les esprits en ébullition et il y a de
quoi. L’argument de la visée thérapeutique stigmatise les rétrogrades qui
crient au monstre. Nul doute cependant que de nombreux tenants des minotaures
du XXIe s. ne soient des opposants farouches aux organismes végétaux
génétiquement modifiés.
Dans l’autobus, à Paris et sans doute ailleurs, on parle volontiers. Tandis que nous sommes arrêtés par un feu rouge interminable, la petite fille assise en face de moi s’intéresse à l’école devant laquelle nous sommes bloqués : deux portes distinctes au-dessus desquelles sont inscrites les mentions « FILLES » et « GARCONS ». Sa mère, trente cinq ans environ, est incapable de lui expliquer la raison de cette différentiation. J’interviens et je lui raconte que « quand j’étais petite, les garçons et les filles étaient séparés. » Stupéfaite, elle m’a regardée comme si je lui parlais du temps des rois avec une couronne sur la tête toute la journée. Somme toute, c’est rassurant. Pour cette petite fille mauricienne, qu’on puisse faire à l’école une différence entre les garçons et les filles est préhistorique.
Grain de poivre
Il s’appelle Michel Lamirant-Bassoues et il est entré gendre
dans les années 50. Son beau-père, ouvrier autodidacte de génie, a fondé une
boîte de pièces détachées automobiles prospère. Le jeune ménage habite à Passy
et s’assimile rapidement à la bourgeoisie haussmannienne. Quand le beau-père
meurt, Michel prend naturellement sa succession. Dans le cadre de ses nouvelles
fonctions, il suit les cours du prestigieux IHEDN (Institut des hautes études
de la Défense nationale). Il n’en faut pas plus pour qu’il s’invente un passé
de pilote de chasse et se sente une âme de général. Et du reste c’est ainsi
qu’il se fait appeler désormais. Tout le monde gobe.
Toute ressemblance avec des personnes de votre connaissance serait naturellement fortuite.
Grain de poivre
Je suis pour la liberté totale de cumul emploi-retraite sans pénalité sur le montant des pensions. Mais pas dans le cas des agents de la SNCF qui touchent une retraite à taux plein dès 50 ans (financée par le contribuable) sous prétexte que leur boulot les use prématurément mais qui vont justement exercer ce même métier ailleurs. Qu’ils fassent n’importe quel job, mais pas celui-là !
Grain de poivre
Ou comment avec les meilleures intentions du monde on
construit des usines à gaz. Il existe désormais deux sortes de congé sans
solde auxquels les salariés ont droit lorsqu’un membre de leur famille est dépendant, très
gravement malade ou accidenté ou encore à l’article de la mort : le congé
de soutien familial et le congé de solidarité familiale. Ne pas confondre. En
dépit de grandes similitudes dans les conditions et les modalités de
fonctionnement, les deux dispositifs sont cependant assez différents, notamment
en ce qui concerne le délai préalable, la durée et le maintien des droits à retraite
du régime général. Donc quand on se trouve dans la panade avec un parent mal en
point sur les bras, il vaut mieux ne pas se tromper de congé et demander le
bon. Moi qui n’avais qu’un papier à écrire sur le sujet j’ai quand même mis
trois heures pour démêler l’écheveau des réglementations et aboutir à un texte
de 2 200 signes espaces compris. Si encore c’était sous un gouvernement de
gauche que ces « avantages » avaient été pondus, j’aurais pu dauber
« ça ne m’étonne pas d’eux, toujours à ratiociner. » Mais pas du
tout, c’est tout récent : les décrets d’application du congé de soutien
familial sont sortis en avril.
http://www.service-public.fr/actualites/00532.html
http://www.famille.gouv.fr/dossiers/guide_aidant_familial/sommaire.htm
Grain de poivre
Doit-on ou non faire redoubler les enfants ? La
question, comme le monstre du Loch Ness, refait périodiquement surface.
D’ailleurs dans la manie contemporaine de masquer la réalité pour qu’elle ne
soit pas trop dure, on doit désormais dire « maintien » et non
redoublement. De toute façon, comme le faisait remarquer un de mes professeurs
de français, ce mot est impropre car il signifie qu’on triple puisqu’on double
une deuxième fois… Mais positivons ! Pour ma part j’ai redoublé
(doublé ?) la quatrième et c’est franchement ce qui a pu m’arriver de
mieux. Il est vrai qu’entrée en sixième à neuf ans je n'en avais que onze au début de ma première quatrième et que j’étais complètement larguée. A
partir de ce redoublement j’ai enfin été à l’aise en classe alors qu’auparavant je vivais dans la terreur des mauvaises notes qui me pendaient au nez et qui ne
manquaient pas de déclencher les réprimandes de mes professeurs et les sévères
punitions de mes parents. Par la suite, je n’ai plus jamais rencontré de
difficultés scolaires. Alors, le redoublement, je suis pour.
C’en est fini des Français issus de l’immigration. On parle
maintenant des Français issus de la diversité. C’est mieux qu’une trouvaille de
vocabulaire car il était temps. Parce qu’il y a aussi les Français issus de la
féodalité, des unions royales, des rattachements, des annexions, de la
colonisation, de la conquête et même d’une transaction commerciale. Enfin, les
Gascons, les Bretons, les Normands, les Savoyards, les Picards, les Limousins,
les Périgourdins, les Saintongeais, les Vendéens, les Champenois, les
Antillais, les Tahitiens, les Bourguignons, les Solognots, les Berrichons, les
Landais, les Languedociens, les Provençaux, les Francs-Comtois, les Alsaciens,
les Lorrains, les Flamands, les Catalans, les Béarnais, les Basques, et même
les Corses et les Centristes vont pouvoir exister en tant que tels. Que ceux
que j’ai oubliés dans ma liste me pardonnent, il n'y a pas malice.
Grain de poivre
Le boulevard Haussmann, particulièrement entre la Chaussée
d’Antin et Richelieu-Drouot, est une forteresse. Les sièges des banques avec
leurs murs en pierre de taille larges et solides semblent bâtis pour défier les
siècles. Mais le plus beau ce sont les grilles, dignes de Vulcain. Epaisses,
ouvragées, monumentales, elles reflètent le style de leur époque, de la fin du
XIXème à la moitié du XXème, et font de chaque immeuble un gigantesque
coffre-fort. On sent la puissance des puissances de l’argent. Aujourd’hui, la
richesse est à la fois plus réservée et plus envahissante. Les grilles ont
disparu avec les liquidités au profit des glaces blindées et les succursales
prolifèrent. Dans mon quartier elles investissent peu à peu tous les angles de
rue. Au carrefour de droite, on en compte désormais quatre Crédit Lyonnais,
Banques populaires, BNP, Société générale, au carrefour de gauche deux –
Barclays et Boursorama – et trente mètres plus loin dans la rue deux autres
encore – Caisse d’épargne et CIC. Il manque la HSBC et le Crédit du Nord. Les
angles disponibles sont occupés par des brasseries. Pour combien de
temps ?
Les enfants sont conformistes, ils ont un besoin absolu de
savoir ce qui se fait et ce qui ne se fait pas. C’est vraiment dommage de ne
pas en profiter pour leur enseigner les bonnes manières, de préférence en les amusant.
Le livre de Philippe Dumas, Le Convive comme il faut*, au service du
Professeur Paul Hitaisse, dont les illustrations sont hilarantes, les fait
mourir de rire. Ce guide des usages de table pour les gourmands qui veulent
être réinvités dresse le catalogue des fautes rédhibitoires, du stade du malotru
qui fait des bruits de bouche à celui de la créature innommable qui suce son
pain et s’en sert à nouveau comme d’une éponge. Le catalogue des attitudes
exemplaires conseille de ne pas faire remarquer qu’une mouche s’est noyée dans
le potage et d’être aussi aimable avec sa voisine de droite qu’avec celle de
gauche. Mais bien des grandes personnes pourraient en prendre de la
graine : ne pas boire la bouche pleine, ne pas déplier sa serviette par
flemme d’avoir à la replier mais ajouter son doux babil à la conversation, se
servir en laissant le plus beau morceau pour le suivant par exemple.
Grain de poivre
Le mouchoir
en tissu a disparu de la circulation. Le mouchoir en papier jetable et
hygiénique l’a remplacé. Enfin pas tout à fait. Car un mouchoir traditionnel a
toute sorte d’usages que ne peut remplir son fac-simile. On le transforme en
pansement et en coiffe de fortune. On y fait un noeud pour ne pas oublier un
rendez-vous. Parfois il sert de torchon, voire de chiffon pour essuyer le
pare-brise. Pendant des siècles il a été le messager et le fétiche des amoureux :
tombé à terre, oublié à dessein, parfumé, conservé comme une relique, trempé de
larmes amères. Parfois il était l’instrument du malheur et du déshonneur :
le théâtre et les romans de cap et d’épée pullulent de maris volages trahis par
ce petit bout d’étoffe. C’était aussi, comme on dit
aujourd’hui, un marqueur. Grand format pour les hommes (parce qu’ils
ont un plus grand nez ?), réduit pour les dames. A grands carreaux, en
coton et ourlé à la machine dans les classes populaires, en fil et brodé main
chez les gens chics. Quand s’est-il esquivé ? Dans les années 80 mais il
l’a fait si discrètement qu’on ne s’en est pas rendu compte.
Grain de poivre
Cet après-midi à la radio l’auteur à succès Marc Lévy expliquait à qui voulait bien l’entendre (dont votre fidèle Grain de poivre qui, si ça ne lui plaisait pas, n’avait qu’à écouter autre chose) qu’il avait eu la chance de rencontrer Spielberg, la chance d’avoir été bénévole à la Croix-Rouge, la chance d’avoir travaillé dans la Silicon Valley à ses débuts, la chance d’avoir dirigé un cabinet d’architecte sans être architecte, la chance d’avoir une compagne formidable, la chance d’avoir un fils épatant, la chance d’être à l’aise financièrement. J’en oublie. Mais c’est quand même curieux cette manie qu’on les gens qui réussissent de mettre leur succès sur le compte de la chance. Comme s’ils en avaient honte. Comme si ce n’était pas politiquement correct d’atteindre la notoriété ou la fortune par ses propres talents.
Grain de poivre
Mes pas
m’ont portée aujourd’hui au Bon Marché qui n’a plus d’économique que le nom. Ce
ne sont qu’accessoires et vêtements de luxe, tous plus beaux et hors de prix
les uns que les autres. A l’exact opposé de ce qu’était ce grand magasin du
temps de mon enfance et de mon adolescence. On n’y vendait alors que des
articles utiles, à l’épreuve des modes (du moins le croyait-on) : boutons
de nacre, bicyclettes « Peugeot », brosses à cheveux en poils de
sanglier et bois de palissandre, baptiste pour brassières de nourrissons,
uniformes scolaires et laines à tricoter. Les bonnes sœurs et les prêtres dont
le quartier était peuplé venaient s’y fournir. Un rayon particulier leur était
réservé, mystérieux. Les familles nombreuses et les actionnaires jouissaient
d’une réduction de 5 % sur tous leurs achats. Souvent d’ailleurs les familles
étaient à la fois nombreuses et actionnaires, je ne sais si leur réduction
était doublée. Le parquet aux lames de chêne usées craquait sur les solives. Mais
les portes d’entrée aux grandes poignées de cuivre n’ont pas changé :
elles ouvrent désormais sur un univers qu’un certain ordre du monde a déserté.
On a découvert sous la cathédrale de Nanterre un cimetière
mérovingien. Des fouilles archéologiques ont été entreprises. On ouvre les
sarcophages, on époussette les squelettes. L’histoire ne dit pas ce qu’on en
fait mais on nous annonce une exposition pour 2008. Je ne sais ce qu’on va nous
montrer mais je m’interroge : à partir de quand l’exhumation des morts
cesse-t-elle d’être de la violation de sépulture pour devenir de l’archéologie ?
A l’autre bout de la vie : quand l’interruption volontaire de grossesse
fait-elle place à l’infanticide ?
Comme tous
les ans je vais faire un tour à l’exposition des antiquaires du parc Monceau.
C’est toujours pareil et toujours différent. Et en effet, mon regard est attiré
par un petit portrait (huile sur toile) représentant un bébé joufflu coiffé
d’un bonnet de toile. Le cadre très large est en bois doré de très bonne
facture. Il était déjà en vente l’année dernière chez le même marchand, au même
endroit. Je l’avais marchandé, il pleuvait des cordes et je tablais sur
l’absence d’acheteurs pour l’obtenir au prix que je m’étais fixé. Peine perdue.
Pour tout le monde puisqu’il n’est toujours pas vendu. Son prix n’a pas baissé.
Rendez-vous l’année prochaine.
Grain de poivre
Ma voisine de bac chez le coiffeur, liftée et emperlousée de partout, s’indignait avec véhémence de ce que sa fille qui venait d’accoucher dans une clinique privée se soit vu présenter une facture faramineuse de 1 200 €, péridurale comprise. Poursuivant son combat, elle se scandalisait des honoraires demandés par les professeurs des hôpitaux pour des consultations libres. Prête, donc, à payer très cher pour ressembler à une momie mais pas pour la naissance d’un enfant ni pour les lumières d’un ponte. Si même les riches ne veulent plus d’une médecine à deux vitesses !
http://www.doctissimo.fr/html/forme/beaute_chirurgie/fo_2462_chirlifting.htm http://ancien.lepoint.fr/sante/document.html?did=143720
Grain de poivre
Quand on va voter, il n’y a pas que le bulletin dans l’urne. Pour ceux qui comme votre fidèle Grain de poivre votent dans une école primaire, c’est aussi une ambiance, celle des préaux qui résonnent, des dessins d’enfants accrochés au mur en rang d’oignons, des bancs de bois et de métal, des portes aux poignées hautes, des géraniums à la fenêtre de la concierge. Tout un tas de petits clins d’œil familiers qui réveillant furtivement les sensations de l’écolier que nous avons été ravive notre appartenance à la communauté nationale, légitiment définitivement notre démarche. Mais la récompense, ce sont les marronniers, l’arbre d’uniforme de toute cour de récréation qui se respecte. Leur nombre signe l’importance de l’école. Comme les élections ont souvent lieu aux beaux jours, ils nous offrent leurs frondaisons intenses, leur fleurs généreuses, leur sérénité républicaine : quel que soit le choix des citoyens, on pourra compter sur eux, et la France avec.
Grain de poivre
Le comité des fêtes de Pouyloubrin organise ce soir une paëlla. Tous les habitants de la commune, une centaine environ, petits et grands sont invités. Dans les coteaux la population est très mélangée : Gascons de souche, Italiens, Espagnols, rapatriés d’Algérie, Polonais, Flamands, Vendéens, Pyrénéens, gens du Nord, et nous avons même notre Noire, Victoria. Les positions sociales sont également variées avec une dominante agricole quand même mais de moins en moins : artisans, employés, commerçants, aides ménagères, mécaniciens…
Pour revenir à la paëlla de ce soir, le menu prévoit :
Apéritif
Assiette composée
Paëlla
Dessert
Café-Digestif
Ne vous inquiétez pas, la cave a fait ses réserves !
Adendum du 22 avril
Que les Alsaciens, Anglais et Hollandais que j'ai oublié de citer me pardonnent.
La scène se passe au supermarché du village. Un couple de paysans d’une petite soixantaine d’années, qui cultive depuis des décennies des céréales à coup d’engrais et de toute sorte d’intrants, se fait embobiner par un représentant en pain bio : « Ce pain est fabriqué avec de la farine 100 % bio, ça au moins c’est bon pour la santé, et puis c’est meilleur que le pain ordinaire, goûtez, vous verrez… » Tout ébaubis, ils goûtent. Ils sont piégés, les voilà obligés d’acheter à prix d’or, 3 € les 400 g, presque 50 F le kilo, un pain d’épeautre. Ca leur apprendra à avoir empoisonné toute leur vie leurs concitoyens à coup de subventions européennes.
— Bon alors on va vous faire une piqûre, d’accord !
— Vous appelez pour un remboursement, d’accord ?
— Une baguette à l’ancienne, d’accord !
— Allez les enfants on va se coucher, d’accord !
— Vous connaissez le nom de la personne, d’accord ?
Thierry, d’accord !
Exclamation ou interrogation, en dépit des apparences, vous
avez intérêt à être d’accord !?
Grain de poivre
Les Français savent-ils encore vivre ? Tel était le
sujet du débat de la semaine dans Le Figaro. Avec pour maîtresse à penser Mme
Nadine de Rotschild. Je suis atterrée. Tout ce que cette personne trouve comme
remède à la barbarie rampante est le retour des femmes au foyer. Ah, ah,
autrefois quand les mères s’occupaient de leurs enfants, ça marchait droit, les
gens modestes eux aussi savaient se tenir à table et dire bonjour… On croit
rêver. D’abord parce que dans les couches populaires dont Mme de Rotschild
repeint en rose le mode de vie, les femmes trimaient et n’avaient, les pauvres,
guère le temps de fignoler l’éducation de leur progéniture. Dans la haute, ce
n’était pas forcément mieux : les dames passaient leur temps en mondanités
et bonnes œuvres convenables. Finalement les enfants étaient élevés par les
domestiques et le pensionnat. Et aujourd’hui ? Je ne pense pas que ce soit
dans « les quartiers difficiles » que les mères travaillent le plus.
J’ai même entendu dire qu’elles seraient plutôt scotchées à domicile. On voit
ce qu’il en advient. Quant aux autres, si on met de côté les bobos arrogants dont
les enfants ont toujours raison, elles bossent pour la plupart, il faut bien
faire bouillir la marmite, elles font tourner la maison et elles ne se débrouillent pas si mal que ça ma foi avec leur marmaille et leurs ados. D’ailleurs, je me demande ce que ça peut
apporter aux enfants que leur mère soit au bureau ou à la maison à faire le
ménage et à papoter avec les copines pendant qu’ils sont en classe.
Mais je reconnais que Mme de Rotschild qui a élevé avec un
budget serré une famille nombreuse est bien placée pour donner des leçons de
morale à ses compatriotes.
Je fais l’acquisition d’un lecteur-graveur de DVD
sophistiqué. Comme je me méfie des boutons et des modes d’emploi
incompréhensibles, j’opte pour le service livraison-démonstration. Vingt euros,
ça vaut le coup de ne pas s’arracher les cheveux. Le livreur arrive à deux, le
deuxième semblant être en formation. Je passe sur la familiarité déplacée de
l’équipage et la nullité de la démonstration. Mais l’apprenti ayant disparu de
mon champ de vision, je me retourne et je le découvre vautré sur le tapis.
J’avale mon parapluie. Inutile de faire une réflexion, je n’ai aucune envie de
me faire insulter ni de me retrouver au tribunal pour racisme et xénophobie. Courageuse
mais pas téméraire, j’attends qu’il soit dans l’escalier pour lui faire
remarquer que c’est très mal élevé de s’asseoir par terre comme ça chez les
clients.
Evidemment, s’il perd son boulot ça sera à cause de son
origine.
Grain de poivre
Les petits garçons ne jouent plus qu'aux chevaliers. Ils sont incollables sur les châteaux-forts, meurtrières, heaumes, bombardes et catapultes. Cow-boys et Indiens, gendarmes et voleurs n'ont plus qu'à aller se rhabiller. Pour conserver la dichotomie nécessaire au jeu, il y a les chevaliers gentils et les chevaliers méchants.
Au fait, à quoi joue-t-on dans les banlieues ?
Allô ? je t’entends mal, attends je vais dans ma chambre, c’est mieux ? Bon. Je voulais te dire que j’avais essayé de te joindre toute la journée d’hier, impossible, j’étais inquiet. Ah, ton téléphone était déchargé, j’aime mieux ça. Tu as eu mon message ? C’était juste pour te signaler que je serai en réunion dans mon bureau toute la journée de demain. Alors si tu essaies d’appeler, tu tomberas sur ma messagerie. S’il arrive quelque chose pendant ce temps ? Eh bien essaie sur le fixe. Mais ne t’en fais pas, je te rappellerai. Salut !
http://largeur.com/expArt.asp?artID=1240
http://www.iplf.com/editeur/sc-comportement.php
Grain de poivre
Quand on s’engage dans l’armée, on sait qu’on risque d’être
descendu un jour par l’ennemi.
Quand on est professeur, on ne sait pas qu’on joue sa peau.
Dans un établissement sans histoire, comme toujours, un professeur lyonnais a été poignardé par un élève, semble-t-il à
cause d’un avis défavorable au passage dans la classe supérieure. Un jeune sans
problème, comme toujours. Mais qui était quand même arrivé au lycée avec un
couteau. Le rectorat quant à lui déplore ce « geste inconsidéré ». En
effet.
Grain de poivre
Elle50 qui poste souvent des commentaires dans Grain de poivre me transmet un diaporama sur la nouvelle génération de radars routiers. Il se trouve que j’en prends connaissance juste après avoir parcouru les 750 km qui m’ont ramenée à Paris. Je mentirais si je disais que j’ai scrupuleusement respecté les limitations de vitesse. Avec ce nouveau matériel mon compte sera bon. Pourtant quand j’accélère c’est plutôt pour dépasser le véhicule qui me précède et qui me gêne en roulant pile ou juste au-dessous de 130 que pour faire des pointes. Mais comment être contre des mesures qui ont prouvé leur efficacité et permis de diminuer le nombre des tués et des blessés ?
http://www.lefigaro.fr/france/20061109.WWW000000284_business_contestation.html
Grain de poivre
Le facteur, qui est d’ailleurs actuellement une factrice, ne fait plus sa tournée dans le sens inverse mais dans le sens des aiguilles d’une montre. Ca suffit à alimenter les conversations.
Grain de poivre
Maintenant dans les publicités ce ne sont plus les parents qui instruisent leurs enfants mais l’inverse. « Mais maman les antibiotiques c’est pas automatique », « Tu roules trop vite papa », « Avec la maxi dosette Senseo… » Après les citoyens experts chers à Royal, voici les enfants experts. Le procédé est peut-être efficace. Les parents culpabilisés n’abuseront plus des antibiotiques et ne dépasseront plus les limites de vitesse. Pour le petit déjeuner, ils achèteront (ils sont tout de même bons à ça) ce que leur dicte leur progéniture. N’empêche, on est en pleine perversion des valeurs. Les adultes sont ringards, dépassés, irresponsables et béats devants leurs chers petits à qui ils obéissent. Et quand ils passent outre, ils sont punis : l’accident les attend au tournant. Qu’on n’aille pas se plaindre après que les enfants sont intenables.
Grain de poivre
Dans les années cinquante, quand on allait dans les fermes ça « trouvait ». Un mélange complexe d’odeurs de cuisine, de sueur, de crasse, d’étable, de chien, de poussins, de latrines, de renfermé. Aujourd’hui, ça ne sent plus rien, c’est aussi propre que chez n’importe qui. L’eau courante et la politique agricole commune (PAC) sont passées par là. Mais aussi l’électroménager et les produits d’entretien. Et là, à mon avis, il faut rendre justice à la publicité télévisuelle qui a éduqué très efficacement des cohortes de ménagères toutes catégories sociales confondues. Qui n’a envie d’avoir une cuisine aussi pimpante que celle de la réclame du liquide vaisselle Eclair, un séjour aussi étincelant que celui de la cire Soleil ?
Grain de poivre
Le temps où on balançait ses ordures et ses rebuts dans un trou au fond du jardin ou mieux dans le bois du voisin est révolu. Maintenant, on trie, on recycle, on porte à la « déchetterie ». J’ai donc en bonne citoyenne apporté une pleine voiture de vieux pots de peinture et de diverses bouteilles grises « Onyx » cabossées à celle du coin. C’est un enclos ceint d’une haie de thuyas taillés au carré, à la cour bien goudronnée, avec des conteneurs et des bennes dédiées à chaque sorte de déchet. Le tout nickel. Un petit bonhomme en béret, maître absolu des lieux, s’agite, un calepin à la main, et donne aux usagers des ordres dans tous les sens « Les plastiques dans la troisième benne, les cartons dans le conteneur, et à plat ! », « Bon, faites-moi voir vos pots de peinture, ils ne sont pas vides au moins ? » Et le voilà qui agence méthodiquement les pots dépareillés dans un grand bac en plastique. On passe aux bouteilles : « Vous êtes sûr que vous les jetez ? parce que c’est tout neuf ça. » Trois ou quatre « Onyx » sont mises de côté, elles iront alimenter son petit bizness. « Oh là là, encore un client, je ne vais rien faire de la matinée moi à ce train. Ah, c’est toi Janine… » Je me demande perplexe ce qu’il a d’autre à faire. Ca restera un mystère. Mais j’éclaircis celui du calepin : « Je note les numéros d’immatriculation des véhicules et les communes des gens. » Qu’on se le dise, nos déchets sont traçables.
Grain de poivre
J’ai renoué avec mes habitudes gasconnes : descendre au village le matin vers 9 h, acheter le Figaro, le pain, un croissant, faire halte au café de la place pour récolter les nouvelles et lire la presse locale. Maryse la boulangère est toujours aussi accorte, elle arbore une écharpe mordorée sur une gorge à l’image de ses viennoiseries, ses deux fils s’installent de part et d’autre de sa maison, preuve qu’elle ne fait pas peur aux brus. Le premier fait construire, le second aménage les dépendances : « Bou Di, vous verriez le bazar ! », lance-t-elle ravie. La camionnette de son électricien d’ex-mari est garée devant la boutique. Il doit venir à la maison « bientôt ». J’hésite à aller le relancer sur son chantier, voilà quatre mois qu’il me doit un devis qui arrivera après la facture. Au café la serveuse, une jeunesse d’une vingtaine d’années, s’est fait faire des extensions de cheveux postiches avec des dizaines de nattes style afro : « Ca a pris neuf heures, me répond-elle, c’est la troisième fois que je le fais, mais là c’est une autre qualité de faux cheveux. J’ai une allergie, ça me gratte, je dois prendre un médicament, mais ça m’a coûté 150 € et samedi il y a la soirée créole… » Même au fin fond du Gers la vie n’est pas simple.
Grain de poivre
Je suis allée à Rueil-Malmaison en RER. Eh bien en 40 ans le paysage ferroviaire du côté de Nanterre n’a pas changé, c’est toujours aussi moche, grisâtre et désespérant. Jusqu’au mur de pignon de l’Anpe locale tout délavé, témoin lamentable des crises successives. Le plus curieux est que dans cette pagaille sinistre de poteaux, d’algécos, d’échangeurs, de dépôts et de grillages il y ait toujours des terrains à bâtir. Comme un message d’espérance. Malgré tout.
www.seine-arche.fr/historique.html
Grain de poivre
Je n’ai pas peur de le dire : je suis pour la séparation des sexes dans certaines situations. Par exemple, celle des adolescents aux cours d’éducation sexuelle et physique. Moi en tout cas ça m’aurait horriblement gênée.
www.senat.fr/commission/femmes/fem03/1129.html
www.snuipp/spip.php?article1309
Grain de poivre
Le reportage de Zone interdite hier soir sur la violence
était proprement effarant. On y voyait et entendait des "jeunes",
barbares serait plus exact, exposer complaisamment le plaisir qu’ils prenaient
à tabasser les gens, à jouer les stars à leurs propres yeux en filmant et
diffusant les scènes de viol et les bastons dont ils sont les auteurs
décervelés. Comme dans « Orange mécanique », mais là ça n’est plus du
cinéma.
Les parents évidemment sont dépassés. Au collège ou au lycée
les enseignants risquent leur vie. Mais la hiérarchie tombe régulièrement des
nues : des adolescents sans histoire vraiment, on ne comprend pas.
Imprégnés de rousseauisme les soixante-huitards croient encore dur comme fer
que les enfants naissent bons et doux. On préférerait que ce soit vrai. Mais
quiconque a eu des enfants à élever sait que l’éducation, la sortie de l’état
sauvage, requiert une mobilisation de chaque instant, que tout les jours
pendant des années il faut rabâcher les mêmes préceptes, exiger, punir mais aussi
aimer, parler, récompenser, proposer.
La civilisation est à ce prix.
http://catholiques.aladefense.cef.fr/actualités/violenceurbaine/violenceurbaine4.htm
www.uniondesfamilles.org/violence_jeunes_enchiffres.htm
Grain de poivre
Dans de nombreuses ethnies d’Orient, spécialement en Chine et en Inde, à la campagne comme à la ville, chez les riches comme chez les pauvres on se débarrasse des bébés filles. Les filles en effet ne sont pas une bonne affaire. Quand elles se marient, il faut payer leur dot et les donner à la belle-famille. On ne peut pas compter sur elles pour ses vieux jours puisqu’il revient aux fils de prendre leurs parents âgés en charge. Cette pratique ancestrale s’est amplifiée avec la diffusion de l’échographie qui permet un avortement préventif. Déjà les jeunes hommes ne peuvent plus se marier ce qui est bien ennuyeux. Car si les petites filles sont méprisées, les brus sont intéressantes : elles font des servantes toutes désignées et elles mettent des fils au monde (gare à celle qui ne conçoit que des filles). Tandis que les pauvres sont voués au célibat les riches ont recours à des entremetteurs qui vont leur acheter une femme dans des contrées misérables où on laisse vivre les filles. Un jour les régions productrices de filles finiront par en être dépouillées. Mais en attendant le bilan est positif : une bouche de moins à nourrir et de l’argent frais à la maison.
Grain de poivre
Un des grands bonheurs de la vie de bureau est la relation qu’on entretient avec les collègues. On n’a pas toujours quelque chose de bien nouveau à se dire, on est parfois pressé mais on tient à manifester sa camaraderie, sa sympathie, voire son amitié. Pour cela il y a des mots clés. Dans ce registre « A plusse » est une expression magique qui s’est répandue comme une traînée de poudre il y a déjà quelques années mais dont le succès reste intact. Elle exprime le souhait de se retrouver dans la journée car je suppose qu’elle est l’abréviation de « A plus tard ». Mais si on ne se revoit pas tant pis, « A plusse » n’engage à rien. A moinsse, comme on dit dans le Midi, que ce ne soit une manière de souhaiter davantage de quelque chose à son interlocuteur (mais quoi, mystère), ce qui expliquerait qu’on fasse sonner l’s ?
Si vous avez une interprétation ne vous gênez pas pour la laisser en commentaire. Allez, à plusse !
Grain de poivre
Dans les banlieues on a des codes et des modes. Le verlan date du Moyen âge mais « les quartiers » se le sont réapproprié et l’ont réinterprété. Ca réserve des surprises. Dire « mon reufrè » est maintenant complètement ringard. On dit « mon frère ». Ben oui, le verlan du verlan c’est l’endroit !
Grain de poivre
Maintenant à 60 ans on a encore au moins un de ses parents et avec les donations qu’ils se sont consenties, tintin pour le magot. De toute façon à cet âge-là on a fait sa vie et on n’a plus besoin de rien. Pardi. Tandis que les jeunes couples eux courent après quatre sous pour s’établir et élever leur petite famille. C’est bien ce dont nos gouvernants ont pris conscience en réformant les lois sur les successions et en permettant les legs directs aux petits-enfants.
La première génération va la sauter mais après le rythme sera pris. On a juste oublié que si l’on est à peu près sûr de sa propre descendance (et encore, rappelez-vous l’affaire Montand), le nombre de ses petits-enfants n’est pas nécessairement définitif quand on meurt. Les malheureux qui naîtront après n’auront plus rien. Et on ne peut même pas tabler sur l’âge avancé de ses propres enfants pour estimer que la liste est close, voyez cette Espagnole qui a mis au monde des jumeaux à l’âge de 67 ans. Sans parler des hommes qui rajeunissent les cadres et engendrent à 70 ans passés… Gare aux discordes.
Grain de poivre
Bon, il faut que je
m’occupe de cette histoire de mutuelle. Naturellement ils ont changé de numéro,
c’est un truc en 0 800. On ne sait jamais combien ça va vous coûter ces
communications-là, ni si on va arriver à débrouiller son affaire.
Bonjour, Khaled à
l’appareil, j’écoute. Bonjour Monsieur. Voilà, j’ai envoyé un bulletin
d’adhésion mais je me suis rendu compte que je n’avais pas joint l’autorisation
de prélèvement mensuel automatique. D’ailleurs, ce papier je l’ai égaré, est-ce
que vous pouvez m’en envoyer un autre ? Ne quittez pas, je vous passe un
responsable. Musique, message, musique. Pendant ce temps le compteur tourne.
Allô, c’est à quel sujet ? Voilà, j’ai envoyé un bulletin d’adhésion mais
je me suis rendu compte que je n’avais pas… Ne quittez pas, je vous passe le
poste. Musique, message, musi… Et zut, ça a coupé ! Recommençons. Musique,
message, musique. Bonjour, Aurélie à l’appareil, j’écoute. Bonjour
Mademoiselle. Voilà, j’ai envoyé un bulletin d’adhésion mais je me suis rendu
compte que je n’avais pas… Une demi-heure et quelques prénoms plus tard,
Nathalie promet de m’envoyer ce fichu formulaire.
Maintenant j’attends le courrier. Et je me rappelle avec nostalgie les temps pas si lointains où chaque lettre portait la mention « dossier suivi par Mme Martin, 01 45 45 45 54 ». Ainsi dans l’océan administratif quelqu’un quelque part veillait avec une constante disponibilité sur mes intérêts. Chère Mme Martin, vous étiez ma bonne fée bureaucratique.
Grain de poivre
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J'apprends qu"en Italie, mais aussi en Angleterre et aux États-Unis, des initiatives
ont été lancées afin de bannir les symboles chrétiens de Noël des espaces publics et des
écoles sous prétexte de ne pas choquer la sensibilité des musulmans". Je note au passage qu'on se soucie peu de la sensibilité des juifs. Initiatives lancées par qui ? Sinon par ceux qui haïssant viscéralement le christianisme n'hésitent pas à instrumentaliser les musulmans. Lesquels ne se gênent pas pour fêter Noël sans complexe.
Mais ces beaux esprits devraient aller au bout de leur logique. Demander qu'on décroche tous les tableaux d'inspiration chrétienne des cimaises des musées, qu'on démonte toutes les statues publiques, qu'on voile les églises (à défaut des femmes). Nul doute que le monde s'en porterait mieux.
Grain de poivre
Si les bobos qui ont eu bien froid sous la tente sont polis, ils inviteront les sdf à dormir bien au chaud dans leurs confortables appartements.
Grain de poivre
Après "un peu", "un petit peu", "on va dire" un nouveau tic de langage se répand à toute allure : "Merci à vous !". Alors que les premières locutions sont diminutives, celle-ci est emphatique. C'est peut-être la nouvelle tendance car on entend aussi "Bonjour à vous", "Bonsoir à vous" et ainsi de suite.
Ca me fait inexorablement penser aux paroles de la chanson de Jacques Brel : "Salut à toi Dame Bêtise..."
Grain de poivre
Etre une femme libérée, tu sais, c'est pas si facile ! Surtout quand on s'appelle Simone de Beauvoir et qu'on est prisonnière d'un pacte de liberté sexuelle mutuelle conclu avec un certain Jean-Paul Sartre. Lequel a eu le beurre et l'argent du beurre : une compagne toujours disponible dont l'intelligence lui a constamment servi de faire-valoir, et une nuée de petites maîtresses irrésistiblement attirées par l'aura du maître. Au jeu du libertinage, la pauvre, fondamentalement sérieuse, a perdu. Elle aura langui toute sa vie sans pouvoir se l'avouer après une relation conjugale classique. Finalement, plus soumise qu'elle tu meurs !
Cf. l'émission de France 2 le 12 décembre à 20 h 50.
Grain de poivre
Journaliste, conseil en communication institutionnelle. Cavalière. IEP Paris.
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