Grain de poivre

Ecole primaire

Incroyable. Xavier Darcos, ministre de l’éducation nationale, veut que les enfants de CE2 (8 ans) apprennent à diviser par deux et cinq les nombres inférieurs à cent et, en CM2 (dix ans), à conjuguer le futur antérieur et à utiliser la règle de trois. Les instituteurs, pardons les professeurs des écoles, s’insurgent. C’est trop demander à ces chers petits, d’autant qu’ils sont trop nombreux dans les classes et que le manque de moyens, enfin vous connaissez la chanson. Si j'ai bonne mémoire, ces notions étaient au programme quand j’étais enfant et  nous parvenions cahin-caha à les ingurgiter même si les problèmes de trains qui se croisent et de baignoires qui se vident étaient surréalistes.

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Pratique religieuse

On n’en a pas encore beaucoup parlé mais c’est dans les tuyaux gouvernementaux et la mesure devrait entrer en vigueur dès 2009. Au nom de la laïcité et de l’égalité de traitement des différents cultes, Noël et autres fêtes carillonnées ne seront plus chômés que par les chrétiens. En revanche les juifs pourront se reposer pour Yom Kipour et les musulmans pour l’Aïd el Kébir. A l’instar de nos voisins allemands qui déclarent leur religion au fisc, nous devrons, si nous voulons bénéficier du congé nécessaire à l'observance de nos obligations religieuses aller nous faire recenser à la mairie. Tant pis pour les athées.

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Tintin au Tibet

Je reviens, comme beaucoup en ce moment, sur l’affaire du Tibet. D’où vient que les gens soient si sensibilisés au sort des Tibétains ? Cela fait des siècles que les Chinois, dont quelle que soit l’époque les visées sont toujours impérialistes et les régimes impitoyables, tentent de dominer cette nation récalcitrante. Mais, parmi tous ceux que la Chine entend soumettre, les Tibétains ne sont pas les seuls : tous les jours des ressortissants chinois sont poursuivis et emprisonnés sans qu’aucun défenseur des droits de l’homme s’en émeuve. Alors ? D’abord à cause du Dalaï Lama. Ce personnage a toujours fait fantasmer les Occidentaux. Pensez, un enfant qu’on recherche au fin fond de montagnes inaccessibles et que les prêtres reconnaissent à certaines marques physiques, ça a un côté mystérieux qui remue tous les mythes véhiculés par les contes fantastiques qu’on raconte aux enfants. Ensuite, le bouddhisme, synonyme on ne sait trop pourquoi d’une sagesse que seuls les Orientaux seraient vraiment susceptibles de détenir. En vérité, cette sagesse-là on peut la trouver aussi bien dans le christianisme mais il faut faire un effort. Tandis que l’existence du lointain bouddhisme permet de s’affranchir à bon compte de l’investissement moral et intellectuel nécessaire à l’approche de la sainteté tout en ayant bonne conscience. Enfin, et surtout, nous les francophones connaissons le Tibet grâce à Hergé. Et cela suffirait en soi à prendre fait et cause pour ce pays rebelle.

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Tout va bien !

Ce matin, je passe à Paris dans un cabinet de radiologie prospère, 105 boulevard Malesherbes, une échographie de contrôle prescrite par un médecin de l’hôpital d’Auch. Le truc qu’on fait pour être certain que tout va bien. Effectivement, tout va bien. On ne soupçonne même pas qu’il ait pu un jour y avoir eu quelque chose. Mais justement c’est ça qui est louche. A Paris, où on n’est pas des culs-terreux, on aurait dès le départ pratiqué un scanner. Donc, on me prescrit un scanner d’un air affligé et sûr de soi. En bonne élève, j’obéis. L’examen confirme le bien-aller. Mais là où ça se dégrade c’est à la caisse : 600 € pour le tout. Surprise, je demande le détail de la tarification. Le dépassement d’honoraires est des plus confortables. Un beau cas de vente forcée. Si j’avais su, je n’aurais pas accepté cet acte supplémentaire. Moralité : premièrement, quand on fait l’avance des frais, on est nettement plus regardant ; deuxièmement, je ne mettrai plus les pieds dans cet endroit ; troisièmement on a plus de bon sens en Gascogne où on ne meurt pas plus qu’à Paris.

Aveuglette

Il est huit heures du soir rue de Sèvres à Paris, non loin de Duroc et donc de l’institut Valentin Hauÿ pour les aveugles. Un jeune aveugle avance vers moi, un camarade plus ou moins claudicant accroché à son épaule, il fauche le trottoir à larges coups de canne blanche. Tous deux ont l’air de bien se marrer. Quand je les croise, j’entends l’aveugle dire à l’autre : « Ah, ça suffit ! Si tu ne fermes pas les yeux, j’arrête de te diriger ! »

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Journée de la femme

La scène se passe à la pharmacie.
– Bonjour Madame. Je voudrais des pastilles Strepsils, s’il vous plaît.
– Lesquelles ? Il y a plusieurs parfums et elles sont plus ou moins fortes.
– Aucune idée. C’est pour mon mari. Il m’a demandé de lui acheter des Srepsils mais il n’a rien précisé.
– Il a très mal à la gorge ?
– Hé ! Il se plaint.
Rire de la pharmacienne et des femmes présentes. Les hommes eux sont complètement imperméables à ce genre d’humour. Va savoir pourquoi.

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Il mord ses camarades

Lu dans « Fémina Hebdo » de cette semaine :
J’ai 25 ans et un petit garçon de trois ans, Benjamin. Je suis séparée de son père mais nous avons gardé de bonnes relations. Notre fils a fait sa rentrée scolaire en septembre et, depuis, il mord ses camarades sans raison. Convoquée deux fois par la maîtresse, j’ai peur que mon fils ne soit exclu. Que dois-je faire ?
Vous noterez qu’à aucun moment cette jeune mère ne se soucie des petits camarades mordus du chérubin. Ce qui serait embêtant serait que lesdits ne veuillent plus jouer avec lui. Qu’il apprenne à se conduire en société ne fait de toute évidence pas partie des priorités maternelles.
Secondairement, l’emploi du mot « exclu » mis à toutes les sauces du jargon bobo ferait plutôt rigoler.

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Gendarmes

J’ai été doublée hier par deux motards de la gendarmerie. Je peux vous garantir que les limitations de vitesse, ça n’est pas pour eux. Je le sais d’autant mieux que je roulais moi-même au dessus de 90 km/h et que je ne les ai même pas vu arriver.

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Paul Klee

France Info m’informe d’une voix distinguée et assurée qu’une grande rétrospective Paul Kli va avoir lieu à Bruxelles, vous savez ce peintre allemand du Bauhaus. Ah, vous voulez sans doute dire Paul Klé ? Le manque de culture générale de certains journalistes, ou personnes qui se disent telles, est affligeant.

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Retraités en grève

Sud-Ouest Dimanche m’apprend la CGT, la CFDT, FO, la CGC, la CFTC, Unsa et la Fédération des retraités de la fonction publique appellent les retraités à faire la grève jeudi prochain. Diable ! Comment les retraités font-ils la grève ? En travaillant ? Mais alors quel travail ?

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Surpopulation carcérale

Rachida Dati ne voit que deux solutions à la surpopulation carcérale : l’aménagement des peines et la construction de prisons. J’en conclus qu’elle n’envisage pas la réduction de la délinquance et de la criminalité.

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Sûreté

Un jour l’enfant ou le petit-enfant d’un tenant des libertés-individuelles-quoi-qu’il-arrive sera violé ou tué par un détraqué récidiviste. Nul doute que ce parent sera consolé par le fait d'avoir eu sa conscience pour lui.

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Bombe atomique

Ces jours-ci en Gascogne c’est l’été en hiver. La faute au réchauffement à n'en pas douter. Au XX^e siècle quand le temps était cul par-dessus tête les braves gens incriminaient la bombe atomique.

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Corvée

On chantait lundi sur TF1 les louanges d’une vieille pratique présentée comme éminemment solidaire, donc vertueuse, la corvée. Que ce soit le curage des fossés ou la restauration de la salle des fêtes, tout le monde s’y colle. Evidemment, cette organisation n’est possible que dans les communes rurales. On voit mal les Parisiens former des escouades pour balayer les trottoirs. L’avantage de la corvée est qu’elle permet d’économiser en impôt ce qu’on y met en sueur. Mais depuis des millénaires la corvée a mauvaise réputation : l’Ecriture ne nous parle-t-elle pas du fouet du chef de corvée ? Et la Révolution n’a-t-elle pas aboli la corvée qui frappait le petit peuple « taillable et corvéable à merci » ? La solidarité dans l’histoire pourrait bien n’être qu’un fantasme de bobo nostalgique.

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Fumeurs

Après les fleurs de trottoir, les fumeurs de trottoir. Seuls ou en petits groupes, qu’il pleuve, qu’il neige, qu’il vente, ils sont là tirant sur leur clope avec une énergie farouche : il faut que la fumée pénètre loin dans les bronches. Ils sont pathétiques mais je les comprends. La cigarette, j’en ai moi-même pendant de nombreuses années bien profité. Mais personne ne pose jamais la question du temps de travail : chaque cibiche coûte environ vingt minutes à l’employeur (quitter le poste de travail, chercher son paquet, enfiler son manteau, prendre au passage un café au distributeur, monter dans l’ascenseur, fumer en papotant avec les potes et retour). A ce régime, on n’est plus aux 35 heures mais, à raison de seulement trois pauses tabac par jour, aux 30 heures. N’importe qui voit qu’il y a une déperdition de productivité pour l’entreprise mais aussi pour l’économie nationale. Il est là aussi le pouvoir d’achat. Sans compter le prix du paquet.

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Cosmétique protectrice des animaux

L’affiche de l’abribus voisin montre un lapereau blanc au poil soyeux et affirme que telle marque de cosmétiques ne contient aucun animal. Je suis perplexe. Comment un animal pourrait-il entrer dans un tube ou un pot, voire un bâton de rouge à lèvre ? Mais je joue les imbéciles. Pourtant je demeure perplexe. Cette publicité induit en effet que l’usage des produits animaux est condamnable. Je concède à ses promoteurs qu’ils ne vont pas jusqu’à affirmer qu’il ne faut plus en manger. Mais qu’on m’explique pourquoi il serait blâmable qu’un produit animal entre dans la composition d’un produit de beauté ? Est-il condamnable de tondre les moutons, de tisser leur laine, de tanner le cuir des vaches après les avoir traites et abattues ? Les bigoudènes seraient-elles coupables quant elles se servent de beurre pour lisser leurs cheveux, mais pas quand elles en mangent ? Depuis que l’homme au néolithique a appris à domestiquer les animaux, il les élève non pour leur faire plaisir mais pour son usage. Ca n’oblige évidemment pas à les torturer.

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Opinion catholique

Les journalistes et autres parleurs nous prennent pour des imbéciles. J’entends que le mariage de Sarkozy va lui regagner les faveurs de l’opinion catholique. C’est vite dit. Sarkozy en est quand même à son deuxième divorce et à son troisième mariage. Ca ne me paraît pas dans la droite ligne vaticane. Et d’ailleurs pourquoi seulement les catholiques ? Bon nombre de juifs et de musulmans ont aussi été choqués de l’étalage des cascadantes péripéties sentimentales présidentielles, sans être pour autant de dangereux fondamentalistes.

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Désolé

Je suis accro à la série américaine « 24 h chrono ». J’en suis à la quatrième saison et chaque saison compte six disques de quatre épisodes. Chaque épisode dure trois quarts d’heure pour une heure d'histoire et est écrit par un scénariste différent, un peu comme les histoires du jeu des petits papiers. Du coup c’est plein de rebondissements, et à la fin les gentils ne gagnent pas forcément sur toute la ligne. Mais les protagonistes sont sans cesse désolés. Quelqu’un a-t-il été descendu par erreur, le tireur est désolé. Le héros a-t-il été irradié, son chef est désolé. Le président des Etats-Unis est-il trahi par un proche, son conseiller particulier est désolé. Et ainsi de suite.  A croire que l’Amérique est la patrie de la désolation.

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Senior

J’ai assisté ce matin à un colloque dont le thème était « Les seniors et l’internet ». Dès le début de la première intervention je me suis demandé de qui on parlait. Comment, en effet, mettre dans le même sac les 50-60 ans et les plus de 80 ans ? Ceux-ci sont les parents de ceux-là. Le terme de senior a été lancé dans les années 90 par les agences de communication et la presse positionnées sur le secteur des personnes âgées, catégorie troisième âge (en gros 65-80 ans), selon la terminologie de l’époque quasiment abandonnée depuis. Le produit a tellement bien marché qu’on l’a insidieusement étendu en amont et en aval. Et comme on n’ose pas dire vieux ou vieillard de peur de faire fuir le client, on entretient la confusion. C’est tellement agaçant que ça finit par décrédibiliser totalement l’information « senior ». Pour continuer dans le parallèle sportif, pourquoi ne pas désigner les plus âgés par le terme de « vétérans » ?

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Adoption

La cour de justice européenne de Strasbourg vient de condamner la France pour avoir refusé l’adoption d’un enfant à une femme homosexuelle. Discrimination. Evidemment, personne à Strasbourg ne semble se poser de questions sur le droit d’un enfant d’avoir pour parents un père et une mère, mâle et femelle.

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Infonautes

Après les argonautes, les spacionautes, les cosmonautes, les internautes, voici les infonautes. Les infonautes sont des internautes qui interviennent via la Toile dans les circuits d’information. Par exemple en lisant le journal à l’écran et en laissant des commentaires ou en posant des questions à leur station de radio favorite par courriel. J’ai entendu ce néologisme ces derniers jours sur Europe1. La journaliste de service le répétait à l’envi, visiblement ravie de la trouvaille. Vous-même êtes peut-être un infonaute sans le savoir. Heureusement, maintenant que vous avez lu cette note vous ne passerez pas pour un idionaute.

Gastro

Plus personne n’a de crise de foie. D’ailleurs, n’importe quel médecin vous le dira, ce trouble n’a jamais existé puisqu’en soi le foie n’est jamais en crise. Désormais, quand on a mal au ventre, qu’on est barbouillé, qu’on a la tripe relâchée pour parler comme Molière, on a une gastro. Incroyable comme cette maladie devenue générique est contagieuse et, si j’ose dire, courante.

Stop aux découverts !

Dans l’émission d’hier soir, M6, qui a décidément le secret de ce genre de sujet, nous présentait deux familles surendettées. Deux coaches étaient mobilisés pour les aider à sortir de la mouise. Le mot n’est pas trop fort car elles s’étaient vraiment mises dans des situations impossibles. Mais le plus surprenant était le train de vie auquel elles étaient habituées et auquel elles allaient devoir renoncer, du moins momentanément, on l’espérait en tout cas pour elles. Les domiciles, tout à fait convenables, ne manquaient de rien : télévision grand écran plat dans le salon, cuisine équipée et reluisante, chambres coquettes, garde-robes bien garnies, voiture récente toutes options, etc. Les enfants n’avaient pas été oubliés : dans la famille n° 2 chaque rejeton, 15 et 13 ans, avait sa chambre, très bien arrangée, une télé plate, un lecteur de DVD, un ordinateur portable, un téléphone portable (60 € d’abonnement mensuel chaque quand même) et ainsi de suite. Quand le coach posait la question de la réelle utilité de tant de coûteux équipements pour de simples collégiens, la mère répondait qu’elle ne pouvait pas renoncer à gâter ses enfants comme elle en avait envie. Elle avait d’ailleurs du mal à renoncer à beaucoup de choses, à commencer par le PQ blanc triple épaisseur assorti à ses toilettes et le seul concevable pour ses fesses délicates. Franchement, on croyait rêver. Et on sentait que sitôt les coaches envolés, les bonnes vieilles habitudes de consommation irresponsable et obligatoire reprendraient le dessus.
Moyennant quoi, il me semble que ce type d’émission est éminemment didactique : chacun peut prendre de la graine des conseils généralement pleins de bon sens des coaches de tout poil (éducation, hygiène, alimentation, budget, etc.). Dommage cependant qu’il faille en passer par là pour éduquer les populations. Autrefois, et encore dans les années 60, les filles suivaient en classe des cours d’enseignement ménager. Ce n’était pas si bête. Et si une part de l’insatisfaction de nos concitoyens concernant leur niveau de vie venait d’une absence de maîtrise de leurs dépenses ? A se demander si ce n’est pas Sarkozy qui a commandité l’émission.

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C'est bon, c'est naturel

« De toute manière, c’est forcément bon pour la santé, c’est des plantes, c’est naturel », affirme la vendeuse qui essaie de me convaincre d’acheter une poudre de perlimpimpin. Et la ciguë, et les amanites phalloïdes ne sont-elles pas naturelles par hasard ? Le mythe de la nature bienfaitrice a la vie dure. Quoi de plus naturel que la vie, d’ailleurs ? Et pourtant on en meurt.

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Chariot test

Le calcul de l’indice du coût de la vie va changer pour refléter enfin la réalité vraie, celle de la ménagère ordinaire en butte au casse-tête quotidien du ravitaillement familial. Cette louable intention se manifeste notamment par la constitution d’un chariot type. J’en prends connaissance ce matin dans Le Parisien libéré, au comptoir du café du coin (là la lecture est gratuite et n’obère donc pas mon train de vie). Et je suis éberluée. Ce caddie comprend 32 produits du yaourt au dentifrice en passant par le café et les petits gâteaux. Mais l’acheteuse test ne s’est pas mise à quatre pattes entre les rayons pour atteindre les articles les meilleur marché. Rien que des grandes marques. C’est sûr qu’à ces tarifs le pouvoir d’achat en prend un coup (coût ?).

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François-René

Depuis quelques années les jeunes gens portent le cheveu ras. Mais la mode est en train de changer. La nouvelle tendance se dessine : la tignasse en bataille rejetée vers l’avant, avec un quelque chose de François-René, le regard vide et exténué en plus. Mais cki François-René ?

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Gentillesse

Je ne sais pas si vous avez remarqué mais le personnel des magasins, des réclamations diverses, des guichets, des administrations, même celle des impôts, est plus aimable qu’il y a quelques années. On vous dit bonjour, merci, joyeux Noël, bonne année, au revoir, beaucoup plus souvent et avec plus de conviction. Tout ne fout donc pas le camp. Le seul problème est que la compétence n’est pas nécessairement au rendez-vous et qu’on se heurte souvent à des gens certes bien intentionnés mais ignorant tout de leur métier. Gentillesse ne vaut pas efficacité.

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Petit nègre

Mon métier m’amène à chasser le petit nègre. Ne vous affolez pas, il ne s’agit pas d’enfants africains mais de charabia, de galimatias, de bouillie pour les chats et autres embrouillaminis. Mais au fait, est-il décent de qualifier de petit nègre un discours mal fichu ? Le Mrap, le Dal, la Halde, la Licra, Sos racisme et la Ligue des droits de l’homme ne vont-ils pas tous me tomber sur le dos à la fois ?
La pression conformiste est telle que j’hésite même à publier cette note. C’est dire le point de soumission idéologico-politique où nous sommes réduits.

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Mauvais élève

A la fin du premier trimestre tombent les bulletins scolaires. On nous le répète à l’envi, la France est un mauvais élève. Et généralement le plus mauvais élève de la classe. De la classe européenne, de la classe occidentale, de la classe mondiale, c’est selon. Et dans des matières aussi variées que disparates : accueil des sdf en hiver, apprentissage de la lecture par les enfants, temps de travail, transports en commun, organismes génétiquement modifiés, respect de l’environnement, esprit civique, équilibre budgétaire, etc., etc. Les jeteurs d’anathème jouissent littéralement de dénoncer ces vices fondamentaux qui prouvent une fois pour toutes qu’ils sont les citoyens d’un pays fini. A ce demander comment certains, venus d’ailleurs, rêvent de s’y installer.

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Divorce amiable

Si les avocats sont tellement opposés au divorce par consentement mutuel chez le notaire, c’est évidemment parce que ça leur fera un gros manque à gagner. Alléguer que les intéressés seront moins bien accompagnés dans cette épreuve relève de la mauvaise foi. Les notaires en tout cas n’ont pas rouspété en disant que ça allait leur donner trop de travail. Mais moi, Grain de poivre, qui ne suis pas juriste, je me pose la question suivante : en droit, ce qu’a fait un magistrat peut-il être défait par un officier ministériel ? Les deux ordres sont-ils miscibles ?

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Favorites

Plus la peine de se perdre en conjectures ni de tendre l'oreille aux rumeurs. Carla Bruni est la nouvelle favorite du chef de l’Etat. Il l’aurait rencontrée fin novembre, donc comme en toute chose il n’a pas perdu de temps. Les Français ne sauraient être surpris. Depuis des siècles ils en ont vu défiler plus d’une : Diane de Poitiers, Gabrielle d’Estrée, Catherine d’Entragues, Jacqueline de Bueil, Charlotte des Essarts, Louise de la Baume, la Montespan, la Maintenon, Marie Mancini, la Pompadour, la du Barry, Marie Walewska, Harriet Howard, Mme Steinheil et plus près de nous Anne Pingeot, pour n’en citer que quelques unes.
Tout ce qu’on demande à ces favorites, c’est de ne pas se mêler des affaires de l’Etat ni coûter de l’argent au contribuable. Mais c'est sans doute beaucoup

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Aide récupérable

Certaines aides sociales sont récupérables sur succession. Ce n’est pas encore le cas de l’allocation personnalisée d’autonomie (APA) qui comme son nom l’indique est destinée aux personnes âgées dépendantes. Mais ça pourrait bien le devenir. Dans le principe, ce qui fait qu’une aide est récupérable ou pas vient de son financement : quand la prestation est liée à des cotisations (sécurité sociale, allocations familiales par exemple), elle reste acquise. Quand elle est financée par la solidarité nationale, elle est remboursable. Il y a des exceptions, notamment en faveur des handicapés.
Mais  en cas de retour à meilleure fortune la récupération intervient du vivant du bénéficiaire. L’expression est jolie. On revient à meilleure fortune quand on retrouve du boulot après une période de chômage, quand on gagne au loto, quand on fait un bel héritage. L’appréciation du terme « meilleure » est extrêmement relative et dépend de la position sociale antérieure. On imagine les chicanes. Surtout quand on sait que le rmi, pour ne citer que lui, est en principe récupérable au premier euro dès le retour à meilleure fortune…

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Appel à témoins

La police a lancé un appel à témoins pour identifier les voyous cagoulés qui ont courageusement tiré sur ses hommes lors des émeutes* de Villiers-le-Bel. Aussitôt les gens bien pensants ont hurlé à l’incitation à la délation et les médias ont sauté sur l’occasion pour diffuser avec complaisance les réactions d’habitants révoltés par ce genre de pratique. Curieux comme on peut être vertueux dans certaines situations et tolérant dans d’autres… Mais à mon avis en dépit de ces cris d’orfraie la police a déjà recueilli pas mal de témoignages. Reste à savoir s’ils seront fructueux.
Dans l’histoire je retiens que si on avait tiré sur les vieux du quartier personne ne se serait élevé contre cette initiative policière. Mais là, jugez vous-même, il s’agit de flics, donc de méchants. Peu importe qu’ils soient époux et pères de famille. 

 *Il y a beaucoup à dire sur ce terme d’émeute. Les termes de razzia ou de raid seraient peut-être plus appropriés. Emeute laisse entendre qu’il s’agit d’une révolte qui a dégénéré et une révolte est généralement justifiée… par l’injustice. Dans le cas présent, les attaques n’avaient rien de spontané ni d’improvisé. Sauf si on  estime banal d'avoir dans son placard  en banlieue parisienne un fusil de chasse au grands animaux, les munitions ad hoc et une cagoule.

Météo

« Que dit la météo ? » « La météo est dégueulasse. » « On a eu une super météo. » « Et maintenant, la météo d’aujourd’hui avec Lise Emoi. » Etc.
Le mot est mis à toutes les précipitations. Divinité capricieuse mais néanmoins prévisible, la Météo se manifeste sur les ondes plusieurs dizaines de fois par jour escortée de ses fidèles serviteurs que sont les dépressions, les anticyclones et autres zéphirs. Nous écoutons ses oracles avec fascination dans l’espoir qu’elle s’orientera selon nos vœux, prêts cependant à nous soumettre à ses incartades. Elle a supplanté le Temps.

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Drouot

« Et maintenant, le 131, une charmeuse de serpent fin XIX^e en bronze, nous commençons à 500 euros. 500 euros, 550, 600, 50, 700, 50… qui couvre l’enchère ? Allons, dépêchons, vous Madame au troisième rang, un effort ? Franchement, on est au-dessous de l’estimation. Je vous laisse encore réfléchir, 900 divisés par trois et multipliés par deux. Allons, il n’y a plus personne ? 800, on arrête à 800 ? Alors adjugé, à vous Monsieur au fond de la salle ! »
A Drouot, tous les après-midi c’est la même litanie, fascinante, lancinante. On passe des heures sans s’en rendre compte à voir défiler les objets les plus divers, à observer le jeu bien réglé du commissaire et des acheteurs. Ces derniers ne paient souvent pas de mine : vêtements fripés et godaillants, tifs sales et en bataille. Mais il ne faut pas s’y fier. Ils sont matelassés de billets de banque et n’hésitent pas à aligner 10 000 € pour un vase chinois qu’ils se disputent. Parfois on enchérit, l’emportera-t-on et si oui à un prix raisonnable ? On se laisse saisir par le délicieux plaisir de la montée d’adrénaline et ça vaut tout sans coûter rien de plus.

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Retraites et pouvoir d'achat

C’était ferme et clair : pour avoir plus de pouvoir d’achat, il faut travailler plus. Les retraités rouspètent, Sarkozy les a oubliés. Mais comment demander aux actifs qui ont du mal à joindre les deux bouts et qui paient les retraites de leurs cotisations de faire un effort supplémentaire pour les vieux ? Ca fait un bout de temps qu’on dit que cette charge deviendrait un jour trop lourde. Personne ne voulait y croire, eh bien ça commence.

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Villiers-le-Bel

Aucun adolescent de 15-16 ans ne peut résister à la tentation de faire des ronds sur un deux-roues à moteur s’il en a l’occasion. Autrefois, c’étaient les mobs bleues qui pétaradaient dans les villages. Aujourd’hui, leurs anciens pilotes sont de braves retraités pépères qui ont oublié les exploits mécaniques et sonores de leur jeunesse et vitupèrent les petits jeunes qui se conduisent comme des sauvages.
Dans la triste histoire de Villiers-le-Bel personne apparemment ne s’est posé de question au sujet de la mini-moto. A qui appartenait-elle, l’a-t-on prêtée aux deux garçons, y a-t-il beaucoup d’autres engins de cet acabit dans le quartier, les parents savaient-ils que les enfants s’amusaient avec cette bécane, et d’ailleurs combien a-t-elle coûté ?

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Jeunes filles

Vous ne l’avez pas remarqué mais quand vous l’aurez lu vous ne verrez plus que ça. Les jeunes filles ne sont pas coiffées. Elles ont toutes les cheveux dans le dos ou sur les épaules, parfois vaguement attachés. La raie est rarement droite, ça pendouille, c’est moche. Il est vrai qu’une bonne coupe coûte cher, une mauvaise aussi d'ailleurs. Mais franchement c’est dommage non seulement pour elles qui ne sont pas comme elles devraient l’être à leur âge au top de leur joliesse, mais aussi pour nous qui les regardons. Heureusement quand elles passent à l’état de jeune femme, ça s’arrange : elles découvrent jupes, maquillage et coiffeur. Ouf.

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Jouets

Je suis à la recherche d’une dînette : quelques assiettes, couverts et verres de poupée. Ca ne devrait pas être très compliqué. Eh bien si. Je ne trouve que des assortiments en méchant plastique, aux couleurs criardes et dont les éléments ne sont pas à la même échelle. A cette occasion je me suis rendu compte que le rayon jouets du Printemps était réduit à la portion congrue, à tout casser 100 m² au septième étage… Mais où sont passés les jouets d’antan ?

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Nicolas

L’époque aime les prénoms. On ne s’appelle plus que par son prénom. Jusque dans les années 60, même dans les lycées de filles, on s’interpellait par son nom de famille : «  Eh, Leclerc, tu m'files une feuille de copie ? » « Moi, Lefèvre, j’peux pas la blairer. » Aujourd’hui on connaît plus souvent le prénom de quelqu’un que son patronyme. A croire parfois que nous sommes une nation d’enfants trouvés.
La contagion s’étend à tous les âges et à toutes les couches de la société. Jusqu’au président de la République. A longueur d’ondes ce sont des Nicolas par-ci et des Nicolas par-là, notamment dans la bouche de sa cour, pardon de son gouvernement et de ses conseillers. Le phénomène traduirait-il dans ce cas précis une dérive monarchique et non une sympathique familiarité démocratique  ? Sous l’Ancien régime quand on parlait de Louis ou d’Henri, tout le monde savait de qui il s’agissait. Sous l’Empire aussi d’ailleurs avec Napoléon. Il est vrai que le prénom était rare, tandis que Nicolas…

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Dépenses contraintes

- Grand-Ma, quand il n’y avait pas de tondeuse, comment on faisait pour couper l’herbe ?
- Je ne sais pas, il devait y avoir des jardiniers qui fauchaient tout le temps. Mais le résultat devait être moins beau que maintenant.
- Parce que au début c’étaient seulement les princes et les rois qui en avaient. Et maintenant même les gens pas riches en ont…

Eh oui, comme l’électricité, l’eau courante, la voiture, le chauffage central, le téléphone portable et l’ordinateur…

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Plante verte

Des sdf ont établi leur campement sous une bretelle du périphérique. L’ensemble est très organisé : il y a même un coin séjour avec une plante verte.

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Touche pas à ma fac

Ca fait quarante ans que les étudiants contestent. Ca a commencé l'hiver 67 et c’était pour changer les choses. Depuis c’est pour les figer coûte que coûte. Quarante promotions sont passées mais la moindre réforme effraie. Et on entend toujours les mêmes arguments éculés débités sur le même ton revêche et agressif. Drôle de jeunesse. Une vraie mentalité de petits vieux. Pas étonnant que l’Université française se casse la gueule. Je sais, je sais, ce sont certains jeunes seulement. On les retrouve après planqués dans des sinécures, engendrant à leur tour des conservateurs gauchistes. Et pendant ce temps, le monde tourne, et les autres anciens et nouveaux jeunes, ceux qui n’ont pas peur de la vie, se débattent dans le grand bain de la concurrence mondiale et entretiennent les glandus.

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Louis Schweitzer

Louis Schweitzer est un type très bien. Après avoir été de longues années patron de Renault, il est à la retraite et exerce ses talents comme président de la HALDE (Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité). On peut l’entendre tous les dimanches matin sur Europe1 ou il redresse les torts faits à de malheureuses personnes en butte à toute sorte d’injustices. Avec talent d’ailleurs.
C’est pourquoi je ne peux m’empêcher d’être troublée quand j'apprends   que certains salariés de Renault sont soumis à une telle pression qu'ils sont conduits au suicide (s’ils sont passés à l’acte après son départ, ils ont été embauchés avant) et qu’en 2006 Louis Schweitzer a été le chef d'entreprise le mieux payé de France avec 11,9 millions d’euros, stock options compris (source La Dépêche du Midi). Mais peut-être Louis Schweitzer en reverse-t-il une bonne partie aux œuvres ?

Grain de poivre

On savait

Dans les années cinquante, on savait que de l’autre côté du Rideau de fer régnait un régime inhumain (je le savais). Plus tard on savait aussi que les partis politiques étaient financés par de l’argent occulte (je m’en fichais). Certains savaient que le président de la République, François Mitterrand, avait deux familles (je ne le savais pas). D’autres encore savaient que les syndicats de salariés sont subventionnés par les syndicats patronaux (ayant travaillé dans un organisme paritaire pendant vingt cinq ans, je m’en doutais bien). Tous ces faits ne sont évidemment pas à mettre sur un même plan. Mais ils ressemblent furieusement aux secrets que les grandes personnes chuchotent entre elles pour que les enfants n'entendent pas. Jusqu’au jour où ceux-ci deviennent grands.

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Renovagreen

L'écologisme gagne les chiottes. Mais ce n’est pas pour s'attaquer au corps du délit. Non, il s’agit d’un accessoire. L’homme vertueux se doit désormais d’utiliser du PQ fabriqué avec du papier recyclé. C’est du moins ce qu’affirme la publicité du papier Renovagreen qui orne actuellement les stations de métro. Renovagreen bénéficie de l’écolabel de l’Union européenne, épargne les ressources naturelles, diminue la pollution. Ce dernier point me semble être un mensonge éhonté : la fabrication d’aucun papier ne saurait diminuer la pollution, tout au plus un procédé peut-il être moins polluant qu'un autre. Mais bon, continuons. L’affiche nous informe que le papier utilisé pour fabriquer ce produit a déjà eu une vie antérieure (on espère que ce n’est pas du Renovagreen recyclé) et conclut « Quand on aime c’est sûr qu’on soigne ». Comprenne qui pourra.
Quand j’étais enfant il n’était pas rare de trouver dans les cabinets le journal de la veille soigneusement découpé. Le découpage faisait d’ailleurs partie des humbles tâches de la vie quotidienne comme cirer les chaussures ou faire bouillir le lait. Ca, c’était du recyclage, et en direct, sans passer par la case Rénovagreen. D'autres populations ont résolu le problème depuis longtemps en utilisant des galets, des feuilles d'arbre, voire une douchette pour celles qui ont l'eau courante. Mais elles, elles ne savent pas qu'elles sont écolos.

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Grands magasins

En semaine on peut faire ses courses tranquillement, il n’y a pas foule dans les grands magasins. Me voilà donc à l’étage décoration, un désert peuplé de canapés, d’abat-jour et de pentes de tissu. Je cherche une vendeuse. Ah tiens, voilà quelqu’un derrière cette caisse, pas de pot le quelqu’un est au téléphone et, à en juger par ses mimiques, semble en avoir pour un bout de temps. Je bats en retraite et explore la place. Personne. A se demander si on veut vendre quelque chose dans cette baraque. Voilà dix bonnes minutes que j’erre quand j’entends du bruit dans un cagibi, une vendeuse est en train d’emballer un cadeau. Je tiens enfin ma planche de salut : « Bonjour Madame, je cherche un renseignement… » « Vous voyez bien que je suis occupée, je vous répondrai quand j’aurai fini avec ma cliente. » Mais ma parole, c’est moi qui vais me faire engueuler ! Résignée, je patiente en tripotant les étoffes. Une autre cliente se pointe. Ah non, elle ne va pas me passer devant tout de même. D’une manœuvre habile je reprends ma place au premier rang, prems’. La vendeuse revient, ça y est, à mon tour être sa cliente. Je vais en profiter et prendre tout mon temps.

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Grands patrons

Chaque jour ou presque nous apporte son grand patron ripou. Pourtant les ponts d'or que touchent ces messieurs (ce sont essentiellement des messieurs) devraient les mettre à l’abri de la tentation. Eh bien non, ils n'en ont jamais assez. L’ennui est que leurs turpitudes éclaboussent tous les chefs d’entreprise, grands, moyens et petits, qui travaillent dur pour faire tourner leur boutique et accessoirement payer des salaires qui font vivre des familles. Qu’on gagne beaucoup d’argent ne me choque pas, mais alors on doit montrer l’exemple. Le bon de préférence.

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Symbiose

Pour un avocat, une belle affaire c’est un crime bien sanglant perpétré dans un climat lourd socialement et familialement avec un accusé haut en couleur dont la culpabilité est certaine mais pas prouvée. Pour un médecin, une belle pathologie est un cas bien saignant, exactement conforme aux pires descriptions des dictionnaires et dont l’issue est problématique. Le malheur des uns fait le bonheur des autres.

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Poussettes bobos

Je suis ébahie par la taille des nouvelles poussettes. On ne fait pas plus encombrant, presque pire que les landaus Silver Cross des années 50. Dans ma cervelle étroite, une poussette moins ça tient de place, plus c’est pratique, mieux c’est. L’arrivée des premières poussettes-cannes sur le marché a, à l’époque, changé ma vie de mère de famille. Une fois de plus, je n’y suis pas. La maxi-poussette est un marqueur social. Elle est généralement pilotée, pendant le week-end, par le père, un bobo largement trentenaire voire quadragénaire. Il clame ainsi sur la place publique : « Je suis un homme, un vrai, j’ai engendré. Mais pas comme vous autres pauvres mecs, moi j’ai une autre idée de la paternité. » Laquelle, on se demande. Il y a toujours des gens pour réinventer l’amour, la famille et le mariage. En tout cas je parierais que le véhicule familial est un 4x4.

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