Grain de poivre

Dispute à mort

« Mais ils vont finir par se tuer, ma parole ! » Tous les parents, ou presque, ont dû un jour séparer leurs enfants qui se battaient comme des chiffonniers. Et leur intervention permet précisément d’éviter le pire. Dans l’affaire de Florensac où une adolescente de 13 ans a été tabassée à mort par le frère d’une camarade ennemie, personne n’est intervenu. Il était 12 h 30 et c’était la sortie des classes. Comment est-ce possible ?

Débat sur la laïcité

Le débat sur la laïcité commencera en principe début avril. Il soulève déjà toute sorte de polémiques bien qu’on n’en connaisse même pas les modalités. J’en profite pour mettre mon grain de poivre avant que ça ne tourne à la cacophonie.

Mélenchon dit que ce débat est inutile car il n’y a qu’à appliquer la loi de 1905. Certes. Mais il oublie de préciser qu’en 1905 la loi était dirigée contre l’Eglise. Le législateur n’avait pas en tête la cohabitation pacifique avec celle-ci mais entendait casser son influence. L’application de la loi a donné lieu à de graves violences qui, si elles se reproduisaient aujourd’hui, mettraient le feu aux poudres civiles. Le clergé a été physiquement molesté, les objets de culte profanés, des églises saccagées. Dans le climat extrêmement tendu de l’époque bien des carrières de fonctionnaires et de militaires ont été brisées pour résistance intempestive (cf. l’Affaire des fiches). La cible était clairement définie. On était très loin de la non-stigmatisation qui est de mise de nos jours. Il n’est alors passé par l’esprit de personne qu’un jour cette loi pourrait concerner l’islam.

Cependant, en débarrassant la France de toute religion d’Etat, la loi de 1905 n’effaçait pas d’un coup de baguette magique le fait qu’elle était depuis 1500 ans un pays chrétien (conversion de Clovis le 25 décembre 498). Les églises qui se dressent dans le moindre hameau, les croix aux carrefours, le nom des villages (Saint-Qelqu’un) en témoignent à l’envi. Il se trouve, certains peuvent le déplorer, que ni l’istam, ni d’ailleurs le judaïsme, n’ont imprégné le pays. C’est comme ça. L’Occident s’est d’ailleurs enorgueilli d’avoir repoussé les Arabes à Poitiers en 732 et les Ottomans à Vienne une première fois en 1529 et une seconde en 1683. La bataille de Poitiers était présentée comme une éclatante victoire politique et culturelle dans les manuels d’histoire des III^ème et IV^ème Républiques. On ne peut fourrer de force dans la tête des gens, même s’ils ne sont ni baptisés ni pratiquants, l’idée que l’islam et le christianisme soient en France sur le même plan. Celui-ci fait partie de l’héritage national, celui-là non.

Maintenant, ce n’est pas une raison pour rejeter en bloc nos concitoyens musulmans. Tout le monde connaît des musulmans qui n’ont pas honte de leur foi et s’efforcent de s’intégrer à leur pays d’accueil, lequel ne demande qu’à devenir leur patrie. Ceux-là, il faut se pousser sur le canapé pour qu’ils puissent s’asseoir. Le problème naît quand des gens venus d’ailleurs, ou leurs descendants, entendent imposer des modes de vie, intimement liés à leur religion, à une population indigène qui a depuis la nuit des temps – en tout cas c’est ainsi qu’elle le ressent – ses propres us et coutumes.

Chez soi

C’est vrai que certains de nos concitoyens ne se sentent plus chez eux dans leur quartier. A Saint-Denis (93), cet ancien joyau de la couronne de France, les habitants de longue date n’ont aujourd’hui d’autre choix que de faire leurs courses dans des épiceries, des boucheries et des boulangeries halal. Petit à petit, tous les magasins sont repris par des musulmans. Et dès que ces Français mettent le nez dehors, ils tombent sur des femmes empaquetées. Ce qui est couleur locale et plaisant quand on est en vacances à l’étranger, devient insupportable à longueur d’année. La souffrance de tous ces gens qui ont l’impression de subir une invasion, qui s’en soucie ? Vous-même qui nourrissez de généreux sentiments à l’égard de votre prochain et qui vous élevez vigoureusement contre les discriminations, comment réagiriez-vous dans une semblable situation ?

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Humour politique

De toutes les phrases et déclarations retenues en première sélection par le jury du Press club, humour et politique, je préfère celle de Gabriel Cohn-Bentdit, le frère de Daniel : "Les Verts sont capables du meilleur comme du pire ; mais c'est dans le pire qu'ils sont les meilleurs".

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Barbares banlieues

Instructif le téléfilm d’hier soir sur la belle jeunesse de nos banlieues (France 2). Ca a au moins le mérite d’ouvrir les yeux de sales bourges de mon acabit sur les dures réalités de l’existence. Le plus frappant est la violence permanente en famille, en classe, entre copains. Une population d’écorchés vifs. Et de barbares. Mais évidemment, le débat, si on ose dire, car tout était écrit d’avance, était un monument de langue de bois. Même la prof qui avait jeté l’éponge et changé de métier, poussée à bout par ses sauvages d’élèves, récitait encore le catéchisme syndical selon lequel, certes ils ne sont pas faciles, mais ça vaut le coup. Tant que les enseignants et les principaux eux-mêmes n’auront pas le courage de dire que ce n’est pas le système qui est insupportable mais la clientèle, rien ne changera. Et on se dit qu’après tout c’est tant pis pour eux. L’ennui est que ceux qui voudraient réagir sont laminés.

 

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Banlieue

Mes pas m’ont portée aujourd’hui du côté du Vézinet, du Pecq, de Marly et de Louveciennes, une très belle balade. C’est magnifique même sous la pluie battante et dans le froid. Beaucoup de maisons individuelles et de véritables châteaux mais aussi des immeubles collectifs et des rues ordinaires. D’où vient que tout soit si net alors qu’à quelques kilomètres seulement, dans les cités, tout soit si sale et dégradé ? Richesse rime-t-elle avec ordre et propreté et pauvreté avec saleté et désordre ? Ca serait insultant pour les pauvres. Certes, l’argent permet de réparer ce qui est cassé mais ce n’est pas parce qu’on n’est pas riche qu’on doit abîmer et saboter. Alors ?

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Quick hallal

Au fond, pourquoi faire un plat de cette histoire de viande hallal dans les Quick ? La manière dont la bête a été tuée est sans importance. C’est du moins ce que je me disais avant d’apprendre que le « sacrificateur » récitait une prière en abattant chaque animal. Et ça, ça me coupe l’appétit. En payant pour consommer cette bidoche, je m’associerais au rite musulman. Impossible. Enfin, heureusement que je ne mets jamais les pieds dans les « fast-food ».

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Henriot

L’atelier d’histoire du Foyer rural de Bassoues (Gers) présente dans les oubliettes de son donjon une exposition sur « notre Henry », alias Henriot, autrement dit Henri de Bourbon qui devint Henri IV. Une fois de plus la Parisienne que je suis ne peut que dire son admiration sur la qualité du travail que savent fournir nos compatriotes provinciaux avec une modestie et un naturel bien étrangers à nos intellectuels capitaux et médiatiques. Sans lien avec ce qui précède, je suis toujours étonnée de la popularité de ce roi chez les républicains les plus farouches. Mais peut-être avons-nous besoin de cette figure pour nous réconcilier avec notre héritage national et passer par-dessus nos dissensions politiques.

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Coulage

Quelques jours passés au chu départemental m’ont édifiée sur le coulage qui règne gentiment dans ce type d’établissement. Je sais que ce n’est pas la logistique quotidienne qui entretient le trou de la Sécu, mais quand même. Ca commence avec des plateaux-repas inbouffables (autant mettre les gens à la diète, ça serait nettement plus économique et moins hypocrite) ; certes il n’y a rien de nouveau mais depuis le temps… Ca se poursuit avec une débauche de matériel ébouriffante. En vrac, étiquettes d’identification, pansements high-tech, médicaments, pharmacie, linge, accessoires d’hygiène (ah, les maladies nosocomiales !). On continue avec une négligence ordinaire dont la plomberie défaillante est le meilleur exemple. Mais le plus grave à mes yeux est l’organisation, ou plutôt la désorganisation du travail. Car du personnel, il y en a. Difficile quand on est le patient et qu’on n’a que ça à faire de toute la journée de recenser tous les acteurs du ballet qui se joue dans le service. Ils – ou plutôt elles – vont, viennent et virevoltent abandonnant brusquement des vielles dames nues sur leur lit, se mettant à trois pour pratiquer un ECG ou une glycémie, laissant traîner les plateaux nauséabonds des heures sous le nez du malheureux alité, interrompant tout à trac un questionnaire préopératoire qui ne sera jamais achevé car il y a une urgence quelque part. Parfois, c’est l’obligeance qui fait déraper le planning : « Ah, vous êtes au téléphone, on repassera plus tard. », disent les aides-soignantes. « Vous préférez que je revienne cet après-midi ? », demande le kiné monté tout exprès de sa salle du sous-sol pour remettre un patient sur ses jambes. Etc., etc. Pas étonnant que le personnel soit stressé. Mais plus de dépenses ne résoudra rien. Au contraire.

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Cerveaux

Dans la morosité ambiante nous avons au moins un sujet de nous réjouir : notre enseignement supérieur sait produire des cerveaux que le monde entier nous envie comme Fabrice Tourre et Jérôme Kerviel. Peu importe que leur action soit légale ou illégale, morale ou immorale, ils sont capables de performances hors normes et finalement c’est ce qui compte. Et dire que les statistiques internationales relèguent la France au mieux au vingtième rang dans la compétition universitaire…

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Barbares

Le premier chapitre de l’Histoire de France d’Ernest Lavisse, conforme à l’arrêté ministériel du 4 janvier 1894, s’ouvre sur la définition des peuples barbares et civilisés. A cette époque on ne s’encombrait pas de discours politiquement corrects. Cela faisait pourtant plus de cent ans qu’on avait promulgué la Déclaration des droits de l’homme.

I. Qu’est-ce qu’un peuple barbare ? Un peuple barbare est un peuple qui ne sait pas bien travailler la terre ni les métaux, qui n’a point d’écoles et qui est très ignorant. Chez un peuple barbare, les hommes ne savent ni bien se nourrir, ni bien se vêtir, ni bien se loger ; ils sont toujours en querelle les uns avec les autres et le plus fort maltraite le plus faible car la justice n’est pas bien rendue.

II. Qu’est-ce qu’un peuple civilisé ? Un peuple civilisé est le contraire d’un peuple barbare.

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Clandestins

Tous les bienfaiteurs de l’humanité dénoncent les conditions dans lesquelles les clandestins débarqués en Corse ont été reçus. Je n’étais évidemment pas sur place mais j’ai trouvé en les voyant à la télévision qu’ils avaient l’air bien propres pour des fugitifs naufragés. Passons. Des vices de procédure ont conduit à leur « libération » sur le territoire français. Les « associations » sont aux petits soins pour ces gens qui dans leurs rêves les plus fous n’ont sans doute jamais pensé être aussi bien traités alors même qu’ils sont hors la loi.

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Jason

Jason est le fils d’Eson, roi d’Iolcos en Thessalie. Il est principalement connu pour sa quête de la Toison d’or avec les Argonautes. En français on prononce Jazon, on comme on, bouchon, melon, cornichon, corbillon, etc. D’où vient alors qu’on entende Djézonne au lieu de Jason ? Le bon peuple imagine sans doute que Djézonne est un héros de western.

Un phénomène analogue se produit avec « Jordanne » (Jordan en anglais) dans lequel chacun reconnaît Jourdain, prénom tiré du fleuve qui s’écoule du mont Hermont à la mer Morte et très répandu au Moyen âge.

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Copenhague

Les résultats de la conférence de Copenhague ne sont pas à la hauteur des espérances de MM. Sarkozy et Borloo. Comme j’aime bien Nicolas (eh oui, il y en a encore) je suis désolée pour lui mais assez contente dans le fond. Personne ne sait si le réchauffement climatique est ou non dû à l’activité humaine. Alors même si on arrête de se chauffer, de se transporter et de faire cuire son fricot, il y a des chances que ça ne change pas grand-chose. Imaginez comme on nous aurait bourré le crâne si ça avait été un succès : ne mangez pas de bœuf, ne vous lavez plus qu’une fois par semaine, entassez-vous dans le rer a, évitez de faire la lessive, crevez-vous les yeux avec des ampoules de 15 watts, recyclez les épluchures de pommes de terre, raccommodez les chaussettes, rapiécez les pantalons, faites vos yaourts, revenez aux couches en tissu, aux matelas en laine et à l’eau du puits, etc. On l’a échappé belle.

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Casquette

Nadine Morano conseille aux jeunes de ne pas se présenter à un entretien d’embauche avec une casquette vissée de travers sur la tête. Pour une fois je suis d'accord avec elle, si personne ne le leur dit jamais, comment le sauraient-ils ? Mais la précision sur le sens du couvre-chef me laisse perplexe. A l’endroit, à l’envers ou de traviole, en l’occurrence ça revient au même, ça ne se fait pas.

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Démocratisation

J’apprends que les armes « de guerre », ce qui est vous l’avouerez beaucoup plus impressionnant que les armes « à feu », se démocratisent. Fichtre ! Y aurait-il des armes démocratiques, des armes royalistes, des armes tyranniques, des armes despotiques ?

Bien sûr il faut comprendre que ce sont des armes qui se répandent dans la population. Le gouvernement du peuple par le peuple n’ayant pas grand-chose à voir là-dedans. Le paradoxe est que ceux qui sonnent l’alarme en ces termes soient très certainement de fervents partisans de la démocratie.

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Histégé

Je suis la première à penser que l’histoire et la géographie sont fondamentales dans la formation d’un enfant si on veut en faire un citoyen à la pensée libre. Mais cette affaire de terminale est ridicule. Voilà toutes les bonnes âmes qui s’indignent, on veut brader les valeurs de la République, décerveler la jeunesse ! Des clous. Les programmes de terminales sont outrageusement chargés. Dès mars les élèves bachotent intensément pour ingurgiter des programmes phénoménaux. Un vrai gavage, du moins dans les sections générales. Alors qu’on reporte une partie de l’ouvrage sur l’année précédente n’est pas absurde. C’est d’ailleurs ce qui se passe pour le français, plus fondamental encore que l’histoire-géographie, et personne n’y trouve à redire. Concernant la formation à l’esprit critique, il y a quand même la philo dont bénéficient aussi les élèves des terminales scientifiques. Alors ceux qui tiennent vraiment à l’histoire et à la géographie feraient mieux de se mobiliser pour qu’elles soient vraiment enseignées dès le primaire. Que les enfants sachent en entrant en sixième situer les Grandes invasion, le Moyen âge, Louis xiv, la Révolution et la Grande guerre les uns par rapport aux autres. Ca ne serait déjà pas mal.

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Couvre-feu

A Nice les enfants de moins de treize ans ne peuvent plus circuler la nuit après 23 h les mardi, vendredi et samedi soir, ni pendant les vacances scolaires. Pauvres chéris! C’est, clament en chœur nos élites gauchisantes, dont le président de la principale association nationale de parents d’élèves, une atteinte à leurs droits fondamentaux. Parce que, bien sûr, ces messieurs-dames laissent vaguer leur progéniture à pas d’heure. Déjà, il y a quelques années, Ségolène Royal, en charge de je ne sais plus quel secrétariat d’Etat qui avait à voir avec la famille et les enfants, s’était insurgée contre l’arrêté qu’un maire d’une commune difficile avait également pris dans ce sens. Les petits Hollande n’en doutons pas ont fait leurs classes dans la nuit et dans la rue.

Personne ne songe que cette mesure est faite pour protéger les enfants. Il ne faudra pas s’étonner si les jeunes  vagabonds sont la proie de voyous avant de le devenir eux-mêmes. Mais bien sûr ce sera la faute aux fascistes liberticides.

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Le Parisien Aujourd'hui en France

J’aime beaucoup Le Parisien. Je le lis le matin au café sur le zinc. Il m’arrive même de l’acheter. C’est un journal très bien fait qui colle à l’actualité et répond à toutes les questions que se pose le lecteur. Un vrai modèle pour école de journalisme. Quand j’étais enfant, ce canard était méprisé des gens bien et des intellectuels, un journal de concierge ! Heureusement que je ne suis pas snob...

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Homoparentalité

Pierre Bergé, l’amant de feu Yves Saint-Laurent, et ci-devant supporteur de Ségolène Royal, n’a jamais eu envie d’avoir d’enfant mais il est évidemment pour l’homoparentalité. Et il a un argument imparable : « Tous les enfants maltraités, mal-aimés, abandonnés, sont les enfants de couples hétérosexuels. » Il aurait pu ajouter tous les homosexuels. Il sous-entend que les enfants élevés par des homosexuels ne seraient pas, eux, maltraités, mal-aimés ni abandonnés. Peut-être bien après tout. On devrait essayer pour voir. Tant pis pour les cobayes.

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France Info m’a appris qu’un enfant de huit ans retrouvé in extremis par sa mère pendu dans sa chambre à l’aide de sa ceinture de peignoir avait été admis aux urgences de l’hôpital local. Le baveux s’interrogeait, s’agissait-il d’un suicide ou d’un jeu du foulard qui aurait mal tourné ? Moi aussi je m’interroge. Mais comment diable de tels faits divers parviennent-ils à passer au stade national ? Comment sont-ils portés à la connaissance des rédactions ? Et ensuite qui décide d’en parler ou non ? Car enfin quel sens donner à cette affaire tragique certes mais secondaire dans l’actualité ? Pourquoi ne nous parle-t-on pas tant qu’on y est des gosses qui font des fugues, de ceux qui se font casser le nez par les copains dans la cours de récré, etc. Il en aurait été autrement si on nous avait raconté l’épisode autrement. Par exemple : « Le jeu du foulard aurait-il fait une nouvelle victime ? Un enfant de huit ans a été retrouvé in extremis par sa mère pendu dans sa chambre à l’aide de sa ceinture de peignoir. L’enfant a été conduit à l’hôpital où il est en réanimation. Il aura probablement voulu jouer seul au jeu du foulard, une tentative de suicide à un âge aussi tendre étant rarissime ». Là, chacun aurait compris qu’il y avait un message et qu’il portait sur la dangerosité du jeu du foulard (ou jeu de la tomate).

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Arabes

J’ai retrouvé avec joie le marché de la porte d’Asnières. Quelle profusion, quelle animation, quelle gaieté et surtout quelle gentillesse ! Ici les prix sont raisonnables, les vendeurs pèsent bon poids, ajoutent gracieusement un citron au panier, vident les poissons sans rechigner, laissent goûter la marchandise, vous apostrophent à coup de « Cousin, cousine », arrondissent au centime inférieur… Ils sont presque tous arabes. On ferait bien de parler d’eux un peu plus souvent dans les médias. Ca les valoriserait tous et ceux qui font des bêtises auraient peut-être moins envie d’en faire.

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Adoption

Si l’on en croit la presse (Le Point), la France est en retard. La presse qui adore dénigrer  la  France pour mieux la servir sans doute se plaît à dénoncer ses prétendus retards. Car être en retard ça rime avec ringard et ça donne l’impression qu’on est à la traîne derrière tous les autres pays qu’on aura beaucoup de mal à rattraper. Et en quoi la France est-elle en retard ? Sur l’adoption des enfants par les homosexuels. Eh bien moi, je vous le dit tout net je préfère être en retard sur ce chapitre. Je trouve bêtement qu’un enfant a besoin d’un père et d’une mère pour grandir et que les enfants ne sont pas un bien de consommation courante auquel on aurait droit.

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11 Novembre

Il y avait du monde ce matin pour la commémoration du 11 Novembre au monument aux morts de la commune, une petite quarantaine de personnes (pour un peu plus d'une centaine d'habitants) dont des enfants et même des adolescents. Plus que pour la messe de la Toussaint la semaine précédente. Le maire qui pourtant va à l’église a fait mieux que le curé. Le discours de M. Falco, secrétaire d’Etat aux anciens combattants, a été lu de manière cahotante, chaotique et inaudible par deux jeunes filles et faute d'y comprendre quoi que ce soit on se disait qu’effectivement il y avait un problème à l’Education nationale avec l’apprentissage de la lecture. Puis Monsieur le Maire a lu le nom de tous nos concitoyens tombés au champ d’honneur. Après chaque nom, l’assistance reprenait en chœur « Mort pour la France » de même que lors de la litanie des saints les fidèles récitent « Priez pour nous ». Moi, comme d’habitude, j’avais une boule dans la gorge, je ne peux penser à la Première guerre mondiale sans avoir envie de pleurer. Puis nous nous sommes tous retrouvés à la salle des fêtes avoisinante où un apéritif était servi. Une bonne occasion de prendre des nouvelles des uns et des autres, de faire connaissance avec les nouveaux, en l’occurrence un ménage d’Anglais nouvellement installés parmi nous. Bref, un bon moment, merci les Poilus !

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Vaccins

Moi qui ai eu une enfance africaine, j’ai le souvenir d’une longue série de vaccins, fièvre jaune, fièvre thyphoïde, choléra, variole, etc. Je détestais ça, je hurlais et je me débattais. Tandis que l’infirmier sénégalais préparait sa seringue son camarade tentait de me maintenir. Je me souviens de la découverte du vaccin contre la poliomyélite et des campagnes auxquelles son administration a donné lieu. Ce fléau était redouté de tous les parents, les enfants mourraient paralysés et asphyxiés. ll était interdit de se baigner dans les rivières où on risquait de l’attraper. A l’occasion d’un week-end de guides les cheftaines nous avaient emmenées visiter des enfants prisonniers de leur poumon d’acier, une sorte de tube dans lequel ils vivaient 24 heures sur 24 et grâce auquel ils pouvaient respirer. Bref, malgré ma terreur des piqûres j’ai vite compris que les vaccins étaient magiques. Alors aujourd’hui quand j’entends les gens qui font la fine bouche devant le vaccin contre la grippe A, je me dis qu’on vit vraiment dans un pays d’enfants gâtés qui ne se rendent franchement pas compte de la chance qu’ils ont d’échapper aussi facilement à la fatalité de certaines maladies.

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Pets

Tous les matins mon ordinateur s’ouvre automatiquement sur une page publicitaire pour, je cite, une machine à pets. Le visuel est agrémenté d’un dessin d’une vulgarité hors du commun (si j’ose dire) et on m’enjoint de cliquer ici en me tutoyant. Il est vrai qu’à ce degré d’intimité il n’est plus question de faire des manières. Alors cette machine, que fait-elle ? Des pets évidemment, mais sonores. C’est tout bonnement une sonnerie à télécharger sur son portable. Franchement, à part les gamins du cours élémentaire, qui peut donner dans le panneau ? Pas vous j’espère.

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Bordereaux

A la poste du village l’employée remplit les bordereaux de remise de chèques des clients. Derrière ça poireaute et ça râle. La mission de service public est décidément étendue et  inattendue. Pas étonnant qu’il faille embaucher des scribouillards. Mais tout n’est pas perdu. La pharmacienne par exemple ne colle plus les vignettes sur les feuilles de maladie, Vitale et la fée Informatique sont passées par là. Preuve qu’il ne faut pas désespérer.

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Subventions

A côté des assistés mais très différents, les subventionnés. Les subventionnés peuvent être de gros bosseurs, agriculteurs, marins pêcheurs, chefs d’entreprise par exemple. Le malheur est que l’habitude de la subvention fausse toute conscience chez les bénéficiaires de la valeur réelle des choses. Le système est également toxique pour les pouvoirs publics tentés de faire taire les rouspéteurs à coup d’enveloppes. Les subsides sont pourtant bel et bien prélevés dans la poche de quelqu’un, parfois même dans celles de subventionnés.

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Sidi Brahim

Jusqu’à ce matin, « Sidi Brahim » évoquait pour moi avec ses quelques quatorze degrés un vin d’Algérie, capiteux, charpenté, idéal dans la daube de sanglier et consommé de préférence en Bretagne. Maintenant, je sais que c’est le nom d’une bataille terrible livrée en 1843 par le 8^ème chasseurs et une poignée de hussards contre les hordes d’Abdel Kader (le terme de horde qui ne doit pas être politiquement correct n’est pas de moi). Bref, les Français étaient quelques centaines et les Arabes des milliers. L’issue du combat fut fatale aux premiers dont il ne resta que quelques survivants. Depuis, une fois n’est pas coutume, on commémore tous les ans cette défaite. On, c’est une association nationale qui fédère des associations départementales. C’est ainsi que ce matin, dans notre village gascon, les Sidi Brahim après une station au monument aux morts assistèrent à la messe dans le chœur. Naturellement, un gueuleton suivit. Et à part ça, pourquoi les Sidi Brahim perpétuent-ils cette mémoire ? « Pour l’amitié et pour l’esprit. L’esprit chasseur, c’est pas l’esprit aviateur ni l’esprit cavalier. Tant qu’on n’est pas dedans, on ne peut pas comprendre. »

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Costume

Les Ecossais portent le kilt, ça fait toujours rire les enfants et les dames se demandent s’ils ont ou non un caleçon dessous. Quand ils se promènent dans nos rues, à l’occasion d’un match de rugby par exemple, personne ne leur demande d’aller se rhabiller. Des femmes musulmanes se promènent en burqa. Enfin quand on nous dit des femmes, va savoir, un jeune homme, un vieillard, une demoiselle, une rombière ? Ou un dangereux terroriste. Car la différence entre le kilt et la burqa qu’on pourrait après tout qualifier de costume traditionnel (folklorique ne doit pas être politiquement correct) est que le premier ne cache en rien l’identité du porteur, un homme dont on voit le visage. Avec la burqa, c’est tout à fait différent. Dans notre pays on doit pouvoir justifier de son identité. Sinon direction le poste. Et là ça devient moins drôle. A la longue ça devrait dissuader les provocateurs et provocatrices.  Pas besoin de loi pour ça, juste d’un peu de courage.

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Tracts

Avec les européennes qui s’annoncent, les distributeurs de tracts s’activent sur les marchés du dimanche. Les militants du PCF ne sont pas en reste et l’un d’eux veut me convaincre de prendre son prospectus. Mais, non merci,  la prose de son parti ne m'intéresse pas. Je me fais engueuler, je ne suis  décidément qu'une bourge, d’ailleurs y-a qu'à voir ma tronche, etc. Encore un pour qui le délit de sale gueule égale  racisme et  qui jurerait la main sur le cœur qu’il est contre la peine de mort. Mais qui verrait avec bonheur ma tête rouler dans le panier.

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Décalage

Cet après-midi l’émission Sept à huit présentait un reportage poignant sur la prostitution enfantine et adolescente à Kinshasa. Les pauvres filles vont « chercher l’argent » dès l’âge de onze ans, ont souvent des bébés qu’elles laissent sur un coin de trottoir pendant qu’elles travaillent. A faire dresser les cheveux sur la tête. Et tout de suite  après, une interview de Monica Belucci, toujours aussi belle malgré ses 40 ans passés, qui nous confie que, bon, elle aussi  connaît les petit problèmes quotidiens de toutes les femmes : les yeux cernés, les boutons, le manque de sommeil, la vie quoi. D’où, diable, venait cette impression bizarre de décalage ?

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Repentance

Même à l’époque où il existait un antisémitisme catholique officiel qui reposait sur l’affirmation que les Juifs étaient « les assassins du Christ », on n’a jamais demandé aux Juifs de faire collectivement acte de repentance. Qu’on le leur ait fait payer au cours de l’Histoire de telle ou telle manière est un autre débat. Heureusement, cette proposition n’a plus cours et l’Eglise souligne plutôt son héritage juif : Dieu a choisi de se révéler au peuple juif, le messie, Jésus, était juif, on respecte les Juifs et le judaïsme.

Donc, à partir du moment où on admet que ce ne sont pas les Juifs mais des Juifs qui sont responsables de la mort du Christ, je ne comprends pas pourquoi on exigerait des catholiques allemands, et plus précisément du pape, de se repentir sans cesse de crimes qu’ils n’ont pas commis.

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Valse

Ca valse chez les directeurs de grandes entreprises. Pas un jour sans qu’on apprenne qu’Untel a quitté la boîte qu’il dirigeait. Qu’est-ce qu’ils ont tous à changer de job comme ça à tout bout de champ ? Une véritable frénésie. Ont-ils jeté l’éponge, les a-t-on flanqué à la porte pour incompétence ? Sont-ils instables ? Mystère. En tout cas c’est lucratif. A chaque changement, ces messieurs touchent de grasses indemnités, même plus la peine de jouer au loto. J’ai sans doute mauvais esprit mais je les soupçonne de jouer à un grand jeu de chaises musicales : je quitte A pour B tandis que tu quittes B pour C. et ainsi de suite jusqu’à ce que la ronde des entreprises du CAC ait été bouclée. A la suite de quoi ça peut repartir pour un tour. J’aurais bien aimé être virée aussi souvent et aussi grassement. Je n’ai été virée qu’une fois mais définitivement et nettement moins grassement…

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Allergie

Il paraît que de plus en plus de gens sont sujets à des allergies alimentaires : arachides, gluten, lait, kiwis, fraises, etc. On voit vite que certaines intolérances sont plus pénalisantes que d’autres. L’allergie au gluten par exemple rend la vie vraiment compliquée. Un de mes amis en souffre et je peux en témoigner. Et quand il faut surveiller les enfants c’est la croix et la bannière. Pourtant il y a des abus. J’entendais ainsi le témoignage d’une personne qui pensait être allergique aux palourdes. Elle en avait mangé à deux reprises et avait été incommodée. Visite chez le médecin traitant, qui l’envoie chez un spécialiste, qui fait des tests dont le résultat est plutôt négatif. Il semblerait que les palourdes à l’origine des désagréments gastriques n’aient peut-être pas été très fraîches. Alors, l’allergologue prescrit des tests plus poussés, pour être bien sûr. Franchement, est-ce bien nécessaire de faire dépenser tant d’argent à la collectivité ? Pour des palourdes qui ne constituent quand même pas la base de notre alimentation. Le bon sens dicterait à cette personne de s’abstenir à l’avenir de consommer des palourdes qu’elle pourrait avantageusement remplacer par des huîtres ou des moules. Allons, nous sommes encore dans un pays riche !

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Je travaille !

Un certain nombre de gens ne se gênent pas pour être grossiers et bousculer les autres sous prétexte qu’ils travaillent, eux : les livreurs, les vendeurs, les guichetiers, les caissiers, les routiers, les taxis, les conducteurs de bus, les éboueurs, etc. Ca ne les empêche pas de vous planter là parce que c’est l’heure de leur pause. Vous, évidemment, en face vous passez votre vie à vous prélasser.

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Cathos-conservateurs

Beaucoup d’encre coule et beaucoup de postillons sont projetés au sujet de la délégation de droits parentaux au « compagnon » d’un homo élevant un enfant. Je n’en rajouterai donc pas, du moins cette fois-ci. Je parlerai seulement des bien-pensants qui font l’opinion et qui ne manquent une fois de plus pas l’occasion de brocarder Mme Boutin et les cathos-conservateurs qui sont contre cette disposition. Il ne leur vient évidemment pas à l’esprit que les juifs et les musulmans pieux pensent la même chose. Ou plutôt, ils n’osent pas le dire. Parce que si on émet la moindre critique à leur égard, on est immédiatement taxé de racisme. Et pourtant, que de fois, sur les questions de morale et de société, me suis-je trouvée sur la même longueur d’onde que mes connaissances arabes ou juives…

Grain de poivre

Livre secret

Dans les rayons des librairies il est un genre spécial, le livre secret. Ca n’a rien à voir avec l’enfer de la Nationale. Les titres sont du type L’Histoire secrète de la Résistance, Les Dessous de Michèle Alliot-Marie, Le Livre noir de l’esclavage, Dans l’Ombre de la droite, Yvan Colona est-il vraiment coupable ? La Vérité sur la crise, Martin Luther King révélé, La Double Vie de Jacques Chirac, AZF manipulée, Le PSG interdit, L’Enfant caché de Bertrand Delanoë, Les Mystères du Vatican, etc. Ces ouvrages aux titres insinuants, éphémères le plus souvent, répondent à une paranoïa sociale diffuse, « on » nous cache forcément quelque chose,  les profiteurs et les comploteurs (juifs, franc-maçons, catholiques intégristes, néo-nazis, islamistes, patronaux, syndicaux, gauchistes) sont parmi nous et sapent les fondements de la République, pire, de la Démocratie. Quand on les lit, on s’aperçoit généralement que ces livres ne nous apprennent rien que l’on ne sache déjà.

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Charité nouvelles normes

Du temps de Néandertal c’était chacun pour soi et sa tribu. Mais depuis qu’ils sont civilisés les hommes pratiquent la charité. L’aumône est présentée dans toutes les religions dignes de ce nom comme un acte élémentaire, à l’instar de bonjour-bonsoir, s’il vous plaît-merci. L’ennui est que quand on donne on se démunit. C’est justement là, me direz-vous, que réside l’intérêt moral de la chose. L’effort, le renoncement. Certes, mais notre époque en est lasse. Et avec la crise ça ne va pas s’arranger. Les professionnels l’ont bien compris et ont inventé la charité sans douleur. Une banque propose dorénavant à ses clients la carte de crédit solidaire, quelques centimes d’euros supplémentaires sur l’abonnement pour venir en aide aux miséreux. Ni vu ni connu, le temps d’un sein nu ainsi qu’a dit le poète (Paul Valéry). Les banques – tiens, encore des banques – alimentaires s’approvisionnent au caddy des ménagères : ajoutez une boîte de sardines et une tablette de chocolat à votre marché, vous ne vous en rendrez même pas compte, et déposez-les dans la caisse au pied de la caisse. Entre nous ce genre de démarche me rappelle furieusement une exorde fréquente depuis plus de trente ans lors de la quête dominicale « Tout ce que vous mettrez en plus de votre offrande habituelle sera reversé à [au choix] la Mission pour la propagation de la foi, le Comité catholique contre la faim et pour le développement, les Petites sœurs des pauvres, l’œuvre des vocations, etc. » Encore une astuce que l’Eglise avait trouvée avant les autres. Passons. Et revenons à nos moutons qui sont les fonds éthiques, les notations sociétales, le commerce équitable, les codes de bonnes conduites et… la refondation du capitalisme.

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Licence d'études

Sincèrement je n’ai aucune idée du bien-fondé de la réforme des universités : je ne me sens pas directement concernée, je ne sais pas comment elles marchent et je ne passe plus d’examen depuis longtemps. Mais quand j’entends à la radio un étudiant en licence d’histoire se plaindre parce que, si la réforme se fait, il devra apprendre Louis XIV, Napoléon et de Gaulle je suis pour le moins étonnée. C’est vrai ça. Où va-t-on si les futurs profs d’histoire doivent savoir l’histoire de France ? Et leur liberté de n’étudier que ce qui les intéresse, hein, qu’en fait-on ? Et depuis quand un enseignant a-t-il besoin de connaître un sujet pour l’enseigner ?

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Réforme de la fonction publique

Les fonctionnaires se plaignent souvent de leurs mauvaises conditions de travail et de leur faible rémunération. Ils ont peut-être raison. Mais quand le gouvernement propose des réformes pour améliorer et leur sort et la qualité de leur production, par exemple en gratifiant ceux qui obtiennent de meilleurs résultats ou se donnent plus de mal, les boucliers se lèvent instantanément et systématiquement. On en a un exemple ces jours-ci avec la réforme du statut des enseignants-chercheurs. Alors, est-ce par refus viscéral de la compétition, par fondamentalisme égalitaire, par solidarité à l'égard des moins doués ? Je n’ose en effet imaginer que ça pourrait être par crainte de la révélation d'une honteuse médiocrité.

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Agriculture maîtrisée

C’est tout nouveau, ça vient de sortir, une trouvaille de nos têtes pensantes et cultivées, vous l’avez deviné, Mesdames et Messieurs, il s’agit de l’agriculture maîtrisée qui va reléguer l’agriculture bio au rang des vieilles lunes ! Ce nouveau concept n’a rien de terre à terre : c’est un compromis qui concilie de manière équilibrée les objectifs de rendement du producteur, les attentes du consommateur et le respect de l’environnement. Comment n’y avait-on pas pensé plus tôt ? L’agriculteur maîtrisé est à l’écoute, transparent et responsable. Dans sa démarche environnementale il suit une éthique propre à promouvoir le développement durable et la traçabilité de sa production. Ne le stigmatisons pas : la mise en œuvre des récentes méthodes de récupération et de tri des pets des vaches sont la preuve de sa conscience sociétale.

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Médiateurs de la réussite

Le ministre de l’éducation nationale vient d’annoncer la création de 5 000 postes de « médiateurs de la réussite » (rien que ça) pour courir après les élèves qui font l’école buissonnière. S’il le fait alors qu’il avait précédemment juré qu’il n’y aurait pas d’augmentation des effectifs c’est qu’on doit sérieusement en avoir besoin. Ou alors on prend ces 5 000 personnes sur d’autres qui partent. En tout cas, ça en dit long sur l’état de déliquescence du système. On aura admiré au passage l’intitulé ronflant du job. Là aussi on reste pantois : est-ce pour attirer les candidats ou pour amadouer les élèves récalcitrants ?


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Bonus

Enfin les patrons des grandes banques sauvées par le contribuable et les générations à venir ont accepté (à reculons) de renoncer à la part variable de leur rémunération. Vous avez bien noté « variable ». Parce que pour ce qui est du fixe personne n’en parle. A mon avis, mais je dois avoir mauvais esprit, ils ont dû demander à leur conseil d’administration de les rattraper sur ce dernier. Et là, en temps de crise, finalement c’est tout bénef. Ils sont sûrs de le tenir.

Que dans une période comme celle que nous vivons on fasse tout pour que des familles ne tombent pas dans la misère est à mon sens une priorité. Mais que le jeu des mesures prises dans ce but non seulement fasse le beurre de gens qui sont bien à l’abri mais encore les enrichissent me scandalise. A tous les niveaux.

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Noir

Plus personne n’ignore désormais que le président des Etats-Unis d’Amérique est noir : outre-Atlantique, il suffit, d’être un peu noir pour l’être tout à fait. Pas comme en France où on fait semblant de ne pas voir que les gens sont noirs ou jaunes ou rouges ou marron pour ne pas leur faire de peine. Au point qu’au bistrot on se fait reprendre quand on commande un petit noir – « Vous voulez dire un café ? » – mais pas quand on demande un petit blanc.

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Au guichet

Je fais la queue derrière lui au guichet de la banque. Comme ça dure, je tends l’oreille et j’observe. le type qui est devant moi.  Je note de la part de l'employé une certaine révérence à son égard. Les transactions de compte à compte se succèdent et mon homme finit par retirer 3 500 euros en espèces. Il est mal rasé, ses cheveux gras sont  en bataille, son pardessus étriqué est rapé, son pantalon effrangé godaille,  ses souliers sont éculés. Un vrai sdf. Avec son cash il va peut-être se laver et s’habiller. Ou est-ce parce qu’il ne dépense rien qu’il a ce fric ?

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Changement

Les Français ont horreur du changement. Il n’y a qu’à voir comment les jeunes qui ont la réputation d’y être plutôt enclins résistent des quatre fers à toute évolution de l’enseignement qu’on leur dispense. Et pourtant, d’un coup de baguette magique, sans même qu’on les y force où qu’ils s’en rendent compte, nos compatriotes et moi-même, votre fidèle Grain de poivre, avons depuis le 1^er janvier changé nos bonnes vieilles habitudes de vie. Depuis que la publicité a été supprimée à la télé, l’heure du dîner national a été avancée d’une demi-heure, histoire d’attraper l’émission de la soirée. Du coup le coucher est moins tardif. On peut donc se lever plus tôt pour travailler plus et gagner plus. Bravo Nicolas !

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Artiste

J’ai vu la semaine dernière l’exposition consacrée à Raoul Dufy au musée d’Art moderne. Un enchantement : on est ébloui par la profusion et la variété de la production, charmé par les formes et les couleurs. Voilà un artiste qui aura passé l’ère abstraite en restant toujours figuratif mais en inventant sans cesse de nouvelles manières de rendre ce qu’il voit. En plus, pas engagé ni vindicatif pour deux sous, ni aigri (le succès étant arrivé assez vite il a eu le bonheur de vivre à l’abri du besoin), c’est reposant. Je resongeais à tous ces tableaux lorsque je passai en voiture porte de Champerret ornée d’un affreux dégueulis dégueulasse de lave de ciment dégoulinant sur un mur en briques effritées. Cette horreur a été commandée par la Ville à un artiste lui aussi. Il faut se méfier des mots.

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Chaîne de solidarité

Il faut se méfier des chaînes répercutées par les messageries électroniques. J'ai été contactée plusieurs fois par le même appel à la solidarité sanguine. Il s'agissait de voler au secours d'une enfant d'Angers qui avait un besoin urgent de moelle osseuse. L'appel a paraît-il trainer des années pour forcément se mordre la queue. N'importe qui doué d'un peu de sang froid (ah, ah !) aurait tout de suite vu la faille étant donné que le don d'organe est en France toujours anonyme et jamais dédié. J'ignore si des gens se sont effectivement présentés à l'hôpital d'Angers pour donner leur moelle. Il est vrai que l'appel demandait de transmettre un message, pas de donner.

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Générosité nationale

Pour une fois que je peux dire du bien de mes congénères et compatriotes, je ne vais pas me gêner. C’est Noël qui veut ça : les programmes télé font dans le « A votre bon cœur Messieurs-Dames ». Et c’est ainsi qu’on voit des familles démunies, des femmes abandonnées avec des marmots sur les bras témoigner de la mouise dans laquelle elles sont tombées. Hier soir j’ai été impressionnée par la dignité de ces gens que le sort a frappés, par l’abnégation des mères, leur volonté de s’en sortir. Et par la générosité des téléspectateurs qui ont  été, paraît-il, trente mille à appeler pour proposer une aide à des personnes qu’ils ne connaissaient pas. Alors bien sûr on peut dire que le présentateur en fait des tonnes, que les donateurs libèrent leur mauvaise conscience, etc. En attendant, ce qui est fait est fait.

 

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