Grain de poivre

James Cook

Arte nous a donné, je suppose à l’occasion de Pâques, une biographie en quatre épisodes de James Cook que j’ai regardée jusqu’au bout. J’y ai eu d’autant de plaisir que j’y ai vu l’écho du roman Le Retour d’Anna Enquist chez Actes Sud qui est très attachant et tout à fait remarquable : c’est l’histoire de la femme de Cook, une personne au caractère bien trempé qui a passé sa vie à attendre son mari et à enterrer ses enfants. A lire les yeux fermés.

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Les rosières de Madame Husson

Je me suis précipitée hier soir sur France 2, alléchée par Maupassant et la critique du Figaro. Patatras, c’était bien mauvais et on ne retrouvait pas grand-chose de la finesse et de la sensibilité de l’auteur. Un jeu convenu, des scènes jouées – mal – à la limite de la farce. Pire, des fautes de cultures impardonnables comme l’envoi dit dans le désordre à la fin de la messe (être metteur en scène ne dispense pas de vérifier dans un missel), les titres de noblesse que les hobereaux normands s’envoient à la figure (il me semble qu’on dit tout simplement Monsieur ou Madame). Le décor lui-même très musée des arts et traditions populaires est complètement figé, les figurants mécaniques. Il ne suffit pas de piller les classiques pour être génial. Le seul mérite que l’on accordera à cette réalisation est qu’elle amènera des gens à lire Maupassant dans le texte. Mais il sera difficile par la suite de leur faire prendre des vessies pour des lanternes.

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Stop aux découverts !

Dans l’émission d’hier soir, M6, qui a décidément le secret de ce genre de sujet, nous présentait deux familles surendettées. Deux coaches étaient mobilisés pour les aider à sortir de la mouise. Le mot n’est pas trop fort car elles s’étaient vraiment mises dans des situations impossibles. Mais le plus surprenant était le train de vie auquel elles étaient habituées et auquel elles allaient devoir renoncer, du moins momentanément, on l’espérait en tout cas pour elles. Les domiciles, tout à fait convenables, ne manquaient de rien : télévision grand écran plat dans le salon, cuisine équipée et reluisante, chambres coquettes, garde-robes bien garnies, voiture récente toutes options, etc. Les enfants n’avaient pas été oubliés : dans la famille n° 2 chaque rejeton, 15 et 13 ans, avait sa chambre, très bien arrangée, une télé plate, un lecteur de DVD, un ordinateur portable, un téléphone portable (60 € d’abonnement mensuel chaque quand même) et ainsi de suite. Quand le coach posait la question de la réelle utilité de tant de coûteux équipements pour de simples collégiens, la mère répondait qu’elle ne pouvait pas renoncer à gâter ses enfants comme elle en avait envie. Elle avait d’ailleurs du mal à renoncer à beaucoup de choses, à commencer par le PQ blanc triple épaisseur assorti à ses toilettes et le seul concevable pour ses fesses délicates. Franchement, on croyait rêver. Et on sentait que sitôt les coaches envolés, les bonnes vieilles habitudes de consommation irresponsable et obligatoire reprendraient le dessus.
Moyennant quoi, il me semble que ce type d’émission est éminemment didactique : chacun peut prendre de la graine des conseils généralement pleins de bon sens des coaches de tout poil (éducation, hygiène, alimentation, budget, etc.). Dommage cependant qu’il faille en passer par là pour éduquer les populations. Autrefois, et encore dans les années 60, les filles suivaient en classe des cours d’enseignement ménager. Ce n’était pas si bête. Et si une part de l’insatisfaction de nos concitoyens concernant leur niveau de vie venait d’une absence de maîtrise de leurs dépenses ? A se demander si ce n’est pas Sarkozy qui a commandité l’émission.

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Europe

Nous avons eu vendredi dernier sur la 3 un film de propagande de la meilleure veine : « Nous nous sommes tant haïs ». Dommage qu’il n’y en ait pas plus souvent. A la fin malgré des haines tenaces les rancunes s’estompent, tout le monde s’embrasse, ou presque, les politiques signent le traité instituant la CECA, le héros allemand épouse l’héroïne française, et pour les nombreux enfants tous les espoirs sont permis puisqu’ils ont déjà un fils de cinq ans. L’Europe peut commencer à exister.
Cinquante sept ans plus tard la famille s’est considérablement agrandie, la désunion menace. On est en plein psychodrame façon Dallas. Comment restaurer l’harmonie primitive ? On attend le prochain téléfilm. Ca donnera peut-être des idées à nos candidats.

http://www.gouvernement.lu/dossiers/union_europeenne/ceca/index.html
http://www.touteleurope.fr/fr/union-europeenne/ue-comment-ca-marche/les-traites-et-le-droit-communautaire/les-traites-de-rome-1957.html

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Staline

Ce soir à la télé on instruit le procès de Staline, cet affreux tyran. Il est bien commode Staline. Parce que, comme chacun sait, ce n’est pas le communisme qui est condamnable mais ceux qui l’ont dévoyé. Comment expliquer autrement que, chez nous, en France, le pays des droits de l’homme, le Parti communiste ne soit pas stigmatisé pour son totalitarisme à l’instar du NSDAP ?

http://fr.wikipedia.org/wiki/NSDAP
http://fr.wikipedia.org/wiki/Staline
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Jean-Jacques

Le reportage de Zone interdite hier soir sur la violence était proprement effarant. On y voyait et entendait des "jeunes", barbares serait plus exact, exposer complaisamment le plaisir qu’ils prenaient à tabasser les gens, à jouer les stars à leurs propres yeux en filmant et diffusant les scènes de viol et les bastons dont ils sont les auteurs décervelés. Comme dans « Orange mécanique », mais là ça n’est plus du cinéma.
Les parents évidemment sont dépassés. Au collège ou au lycée les enseignants risquent leur vie. Mais la hiérarchie tombe régulièrement des nues : des adolescents sans histoire vraiment, on ne comprend pas. Imprégnés de rousseauisme les soixante-huitards croient encore dur comme fer que les enfants naissent bons et doux. On préférerait que ce soit vrai. Mais quiconque a eu des enfants à élever sait que l’éducation, la sortie de l’état sauvage, requiert une mobilisation de chaque instant, que tout les jours pendant des années il faut rabâcher les mêmes préceptes, exiger, punir mais aussi aimer, parler, récompenser, proposer.
La civilisation est à ce prix.

http://catholiques.aladefense.cef.fr/actualités/violenceurbaine/violenceurbaine4.htm

www.uniondesfamilles.org/violence_jeunes_enchiffres.htm

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Afrique

Hier une séquence de « Des racines et des ailes » était consacrée à la conservation des monuments historiques du Bénin, ex-Dahomey. Au passage le reportage nous emmenait au marché. Des femmes rieuses en boubou bariolé portaient sur la tête des calebasses ou des plateaux de fruits, des vendeurs criaient des mains de bananes artistiquement disposées avec ce je-ne-sais-quoi de fantaisie typiquement africain, des gamins hilares gesticulaient. Et là, subitement, au détour de ces images, le souvenir de lointaines sensations est remonté, intense, fugace : la consistance du sol, la répercussion des voix et des sons, la texture de l’air, l’odeur sucrée, musquée des marchandises… L’espace d’un instant, j’ai à nouveau huit ans en Afrique.

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Belle jeunesse

Mais non il n'y a pas que des voyous. Il y a même des jeunes très bien. Et figurez-vous qu'on nous les montre. Hier soir par exemple sur la 3, on a assisté à un concours entre  apprentis cuisiniers. Le plus intéressant n'était pas le côté scolaire (quoique), mais leur application, leur désir de bien faire, de réussir, leur respect vis-à-vis des maîtres, leur camaraderie aussi. Le lauréat, Raphaël, avait pourtant fait sa tête de lard tout au début, pas question de raser sa sempiternelle barbe de trois jours. A la fin, il n'y pensait même plus.
Autrement plus rafraîchissant que les triturations intellectuelles et politiques de Sartre et Beauvoir au même moment sur la 2.

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