Si les bobos qui ont eu bien froid sous la tente sont polis, ils inviteront les sdf à dormir bien au chaud dans leurs confortables appartements.
Grain de poivre
Journaliste, conseil en communication institutionnelle. Cavalière. IEP Paris.
Chère Béatrice, vous me pardonnerez, j’espère, de me servir de votre blog pour lancer une pétition. Un appel. Mais un blog est un lieu d’échange n’est-ce pas ? C’est aussi le seul moyen pour moi de toucher d’emblée un large public. La cause le justifie. J’apporte donc mon grain de sel, avec un peu de retard, à la chronique du 14 décembre (je n’arrive pas à suivre la cadence). Bref, allons droit au but : je veux prendre ici la défense de Johnny. Rappelons les faits : Johnny s’exile en Suisse. Pourquoi cette migration ? Si le personnage est complexe, la raison, elle, est simple. Ce n’est pas l’envie soudaine de chocolat à satiété. Ce n’est pas le désir charitable d’ «allumer le feu » dans les montagnes richement enneigées et endormies. Non, la raison est plus noble, elle tient en 4 mots : payer moins d’impôts. Car en France Johnny paye beaucoup d’impôts. Comprendre : TROP d’impôts. Ecartons les considérations ennuyeuses sur l’Etat, le service public, la redistribution etc. pour nous concentrer sur la situation particulière –et exceptionnelle- de mon client.
Un axiome : ce que Johnny gagne, Johnny le mérite. En clair, si Johnny gagne 6,6 millions d’euros (estimation pour 2005, Le Monde du 17-18 décembre), Johnny mérite cela. Pour ceux qui compteraient encore en francs : cela équivaut à 43 milions de francs. Pour ceux qui compteraient également en heures : cela fait un peu plus de 20000 francs de l’heure. Si Johnny n’était pas Johnny, ou si Johnny gagnait beaucoup beaucoup plus, ces sommes seraient volontiers considérées commes indécentes. Mais ce n’est pas le cas, pour deux raisons : d’abord, cet adjectif –indécent- n’a plus cours à notre époque (d’ailleurs Johnny ne le connaît pas) ; ensuite, je pensais que c’était clair : ce que Johnny gagne, bon sang de grand soir, Johnny le mérite, enfin quoi ! Eh bien confisquer à quelqu’un ce qu’il mérite, c’est honteux, c’est injuste. Et Johnny a eu le courage –je pèse mes mots : le courage- de faire ce que tant d’anonymes, englués dans une vie étroite et sans panache, n’osent pas faire : se dresser contre l’injustice. Debout le damné de Bercy ! Le regard tendu vers la ligne bleue -et or- de la Confédération.
Je vous le dis : même s’il ne l’a pas encore clairement exprimé, Johnny nous appelle à nous lever derrière lui. Je prends les paris : il y a eu l’appel du 18 juin depuis Londres, il y aura l’appel du 30 février depuis Gstaadt. De Gaulle le rebelle. Johnny ah que lui aussi. Aussi, je souhaite prendre les devants, préparer le terrain, mettre en ordre les troupes, organiser la résistance. Johnny s’impose l’exil. Nous, les français de l’intérieur, soyons à ses côtés, soyons solidaires : imposons nous un –tout petit- impôt supplémentaire. Une sorte de Johnnython. Répartis entre tous les citoyens dignes de ce nom, ce sera pour chacun un effort quasiment indolore, et nous pourrons compenser la perte de recettes occasionnée par son départ. Nous pourrons lui dire : « Johnny, tu as eu le cran de partir, Johnny, nous t’offrons le séjour. » Bien sûr, à la suite de l’idole des anciens-jeunes, d’autres people pourront se lever, et le rejoindre. Nous saurons alors, j’en suis certain, accentuer notre effort de solidarité et augmenter notre contribution. L’enjeu est historique : les partisans du « chacun pour soi » et ceux du « tous ensemble » enfin réconciliés, enfin solidaires.
Pour finir, je livre brut le commentaire de Gaspard (7 ans ½) sur cette affaire, ou plutôt sur un de ces aspect seulement : « Allumer le feu ? Elle est trop nulle cette chanson. ».
Ce que Johnny chante, Johnny le mérite ?
Rédigé par : Piment doux | 20 décembre 2006 à 21:11