Le débat sur la laïcité commencera en principe début avril. Il soulève déjà toute sorte de polémiques bien qu’on n’en connaisse même pas les modalités. J’en profite pour mettre mon grain de poivre avant que ça ne tourne à la cacophonie.
Mélenchon dit que ce débat est inutile car il n’y a qu’à appliquer la loi de 1905. Certes. Mais il oublie de préciser qu’en 1905 la loi était dirigée contre l’Eglise. Le législateur n’avait pas en tête la cohabitation pacifique avec celle-ci mais entendait casser son influence. L’application de la loi a donné lieu à de graves violences qui, si elles se reproduisaient aujourd’hui, mettraient le feu aux poudres civiles. Le clergé a été physiquement molesté, les objets de culte profanés, des églises saccagées. Dans le climat extrêmement tendu de l’époque bien des carrières de fonctionnaires et de militaires ont été brisées pour résistance intempestive (cf. l’Affaire des fiches). La cible était clairement définie. On était très loin de la non-stigmatisation qui est de mise de nos jours. Il n’est alors passé par l’esprit de personne qu’un jour cette loi pourrait concerner l’islam.
Cependant, en débarrassant la France de toute religion d’Etat, la loi de 1905 n’effaçait pas d’un coup de baguette magique le fait qu’elle était depuis 1500 ans un pays chrétien (conversion de Clovis le 25 décembre 498). Les églises qui se dressent dans le moindre hameau, les croix aux carrefours, le nom des villages (Saint-Qelqu’un) en témoignent à l’envi. Il se trouve, certains peuvent le déplorer, que ni l’istam, ni d’ailleurs le judaïsme, n’ont imprégné le pays. C’est comme ça. L’Occident s’est d’ailleurs enorgueilli d’avoir repoussé les Arabes à Poitiers en 732 et les Ottomans à Vienne une première fois en 1529 et une seconde en 1683. La bataille de Poitiers était présentée comme une éclatante victoire politique et culturelle dans les manuels d’histoire des IIIème et IVème Républiques. On ne peut fourrer de force dans la tête des gens, même s’ils ne sont ni baptisés ni pratiquants, l’idée que l’islam et le christianisme soient en France sur le même plan. Celui-ci fait partie de l’héritage national, celui-là non.
Maintenant, ce n’est pas une raison pour rejeter en bloc nos concitoyens musulmans. Tout le monde connaît des musulmans qui n’ont pas honte de leur foi et s’efforcent de s’intégrer à leur pays d’accueil, lequel ne demande qu’à devenir leur patrie. Ceux-là, il faut se pousser sur le canapé pour qu’ils puissent s’asseoir. Le problème naît quand des gens venus d’ailleurs, ou leurs descendants, entendent imposer des modes de vie, intimement liés à leur religion, à une population indigène qui a depuis la nuit des temps – en tout cas c’est ainsi qu’elle le ressent – ses propres us et coutumes.
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