Vaccins

Moi qui ai eu une enfance africaine, j’ai le souvenir d’une longue série de vaccins, fièvre jaune, fièvre thyphoïde, choléra, variole, etc. Je détestais ça, je hurlais et je me débattais. Tandis que l’infirmier sénégalais préparait sa seringue son camarade tentait de me maintenir. Je me souviens de la découverte du vaccin contre la poliomyélite et des campagnes auxquelles son administration a donné lieu. Ce fléau était redouté de tous les parents, les enfants mourraient paralysés et asphyxiés. ll était interdit de se baigner dans les rivières où on risquait de l’attraper. A l’occasion d’un week-end de guides les cheftaines nous avaient emmenées visiter des enfants prisonniers de leur poumon d’acier, une sorte de tube dans lequel ils vivaient 24 heures sur 24 et grâce auquel ils pouvaient respirer. Bref, malgré ma terreur des piqûres j’ai vite compris que les vaccins étaient magiques. Alors aujourd’hui quand j’entends les gens qui font la fine bouche devant le vaccin contre la grippe A, je me dis qu’on vit vraiment dans un pays d’enfants gâtés qui ne se rendent franchement pas compte de la chance qu’ils ont d’échapper aussi facilement à la fatalité de certaines maladies.

Grain de poivre