Grain de poivre

Béarnais

Ah, le traitre ! C’est bien d’un Béarnais. D’ailleurs il a un illustre prédécesseur en matière de volte-face. Un certain Henri pour qui, après maints allers et retours entre catholicisme et protestantisme, Paris a bien valu une messe. Pour Bayrou, un reniement vaudra-t-il un portefeuille ?

Lotissement

C’est un lotissement d’une vingtaine d’années dans un village de la France rurale. Il signe la grande époque du ciment : enduits, appuis de fenêtres, soubassement de clôture métallique, limites de plates-bandes, bords de trottoirs. Le goudron aussi était à la mode, surtout devant le garage dont on aperçoit le bric-à-brac lorsque la porte roulante est ouverte, un congélateur, des outils, un tuyau d’arrosage, les vélos des enfants, la tondeuse. L’ensemble commence à prendre un air défraîchi. Le béton s’épaufre, les portillons s’écaillent, la peinture des volets a passé. Les jardinets sont soignés, petits gazons taillés au millimètre, pots de fleurs en rang d’oignons le long de la façade, boîtes aux lettres normalisées, numéros de rue en faïence décorée. Pas de cordes à linge mais des cerisiers prometteurs, gages d’agapes dominicales près du barbecue maçonné. Parfois un cèdre ou un pin a dû en rabattre. L’élagueur est passé par là. Trop envahissant sans doute pour ne pas faire d’ombre aux voisins. Devant une maison, des mannequins vêtus d’habits de gala miment des scènes champêtres, volailles de plastique à leurs pieds. Un peu plus loin une statue de vieillard sortie du musée Grévin se dresse près du portail. Décidément, ils ont la manie du simulacre dans le quartier. Mais la voilà qui s’anime brusquement et chasse l’intrus que je suis. L’air est calme en ce milieu d’après-midi. Les oiseaux gazouillent, les tourterelles roucoulent tant qu’elles peuvent et quelques chiens aboient au passage d’un piéton avant de retomber dans leur somnolence. La France ronronne.

J’aime les émissions animalières d’Arte en fin de journée. Aujourd’hui la vedette était un lynx espagnol, espèce en danger, de je ne sais quelle réserve naturelle. A la fin du reportage, l’ambiance n’était pas gaie. Notre fier animal était mort d’un banal accident de la circulation. Il s’était fait écraser par une voiture. Et voilà comment fondent les derniers euros de l’Espagne glanés à grands coups de subventions communautaires.

Grand Hôtel

Le Grand Hôtel de Saint-Jean-de-Luz s’enorgueillit de cinq étoiles. J’y suis descendue samedi dernier. Je vous le confie, je n’ai pas l’habitude de fréquenter des établissements aussi distingués mais il s’agissait là d’une sorte de pèlerinage. Evidemment, c’est cher. Voilà pourquoi je trouve étonnant qu’une ampoule soit grillée au dessus de la baignoire, que la porte des toilettes soit difficile à fermer, qu’un clou solitaire révèle l’absence d’une gravure et que les tasses en libre service (pour les boissons dites d’accueil) soient dépourvues de soucoupe. J’ai aussi été surprise par l’empressement de trois ou quatre valets à l’arrivée et leur absence lors du départ. Ayant réglé définitivement la note, il n’y avait plus rien à attendre de mon porte-monnaie et je pouvais bien porter ma valise et mon manteau toute seule.

Boîtes normalisées

Comme il fait vraiment très mauvais mon tractage s’est terminé en boîtage. J’ai fait les boîtes aux lettres du village sous une pluie battante munie de mon stock de prospectus pro NS. Pas facile. Certaines, les petites en fer étamé surtout, sont particulièrement malcommodes. On doit se contorsionner pour y introduire la moindre feuille de papier. Il faut être passé par là pour comprendre la normalisation imposée par la Poste.

Timbres en deuil

J’achète des feuilles de timbres à la Poste. La guichetière me propose des vignettes artistiques que je refuse gentiment. Elles ne conviennent pas au courrier professionnel, il m’en faut des rouges et des grises (tarif éco). « Vous avez raison. Les timbres rouges ça va pour tout mais les gris c’est mieux pour les deuils. », commente-t-elle.

Jeunes gueules

Ce sont les vacances de Pâques. Les petits- sont arrivés. Ils crient et se chamaillent. On dirait un débat politique.

Ame d'enfant

N’importe quel gosse sait ça : quand on veut forcer une porte qui s’ouvre vers l’intérieur on se sert d’un bélier, quand elle s’ouvre vers l’extérieur on utilise un pied-de-biche. Ca tombe sous le sens. Mais moi je ne l’ai appris que récemment en regardant une émission sur nos chères petites têtes brunes. Décidément, je n’ai pas conservé une âme d’enfant.

Ancrage historique

Dans mon petit village de Pouyloubrin les candidats de gauche réunis ont obtenu 23 suffrages contre 37 pour les autres dont 14 pour Sarkozy et autant pour Le Pen. Pourtant, les vieux clichés ont la vie dure et tout le monde dans le secteur est persuadé que la commune est à gauche.

Le silence des éléphants

La grande habileté des socialistes et de leur candidat aura sans doute été d’obtenir le silence des éléphants. Même Lang l’a bouclée.

Dentisterie équine

Tant qu’on n’a pas eu un animal, on ne peut pas se rendre compte. C’est comme avec les gosses. Prenez Frichti, un brave cheval de quinze-seize ans, qui a tendance à maigrir. Ca inquiète papa et maman, forcément. Le vermifuge n’a pas donné de résultat particulier, ça doit être les dents. L’animal mâche mal, sa nourriture ne lui profite pas. La femme de l’art introduit un appareil de torture pour lui garder la bouche ouverte et à l’aide d’une râpe emmanchée sur une sorte de perceuse électrique lui lime les dents. Les mandibules du chéri devraient enfin pouvoir fonctionner normalement. Effectivement, dès aujourd’hui j’ai pu constater un appétit nouveau, un entrain à mastiquer qui réjouissent l’âme.

Susceptibilité footballistique

Le lundi matin à la radio on est saoulé par les résultats des matchs de foot du week-end. C’est donc d’une oreille distraite que j’ai entendu qu’un joueur avait été furieux d’être traité de sale Corse, à quoi son agresseur verbal avait rétorqué « Je ne l’ai pas insulté, je lui ai juste dit “sale con” ! » Tout est une question de point de vue.

Tractage

Il y a un début à tout. Pour moi, ce matin, ça a été le tractage pour le président-candidat au marché hebdomadaire de Seissan. Le Gers est un solide fief socialiste. Tellement acquis à la gauche que ses représentants ne se donnent même pas la peine d’aller à la rencontre de leurs concitoyens. Car la concurrence était maigre. Les supporteurs de Bayrou et Le Pen se sont contentés des pare-brise mais sont restés invisibles dans la rue. Pour moi, je suis allée au contact. Et j’ai été agréablement surprise par la réaction des gens. Finalement ils ont été peu nombreux à m’envoyer paître. Mais c’est peut-être que nos  compatriotes sont plus polis qu’on ne pense.

Professions de foi électorales

Je reçois au courrier d’aujourd’hui la traditionnelle enveloppe contenant les professions de foi des candidats. Ils sont dix. Les feuilles sont grandes et doubles. Elles sont donc réparties en deux paquets de cinq. M. Hollande est sur le dessus de l’un et M. Sarkozy sur le dessus de l’autre. Jusque là, on peut s’étonner : à croire que les jeux sont faits. Mais c’est après que ça se corse. A l’intérieur du paquet Hollande on trouve les quatre autres candidats de gauche (dans l’ordre Poutou, Arthaud, Mélenchon, Joly) et à l’intérieur du paquet Sarkozy les quatre candidats restants (dans l’ordre Dupont-Aignan, Cheminade, Le Pen, Bayrou). Un tri stupéfiant.
Je téléphone derechef au ministère de l’Intérieur. Aucun problème pour avoir la personne compétente qui trouve ça curieux en effet mais qui se défausse sur le préfet. Qu’à cela ne tienne. J’appelle la préfecture du Gers. Là aussi, j’ai très rapidement la personne responsable des élections. Elle-même a reçu les professions de foi. Elle a aussi constaté qu’il y avait deux paquets avec les deux adversaires principaux mais ne s’est pas rendu compte que les paquets étaient triés. De toute façon c’est pas la faute de la préfecture. Le boulot a été sous-traité a une boîte des environs de Bordeaux qui aurait empilé les documents dans leur ordre d’arrivée. Vous y croyez, vous ? Elle précise qu’aucun ordre n’est prévu pour l’envoi des professions de foi contrairement aux panneaux et à la présentation des bulletins dans les bureaux de vote. Je veux bien, mais quand même, un hasard pareil s’apparente à la martingale du loto.

Richard Descoings

Une cérémonie a eu lieu aujourd’hui en l’église Saint-Sulpice en hommage à Richard Descoings, directeur de l’Institut d’études politiques de Paris. Le décès suspect de celui-ci dans une chambre d’hôtel new-yorkais (décidément, ces hôtels !) a donné lieu à un battage médiatique inconsidéré que le clergé catholique branché a cru bon de relayer. Heureusement que le Christ est ressuscité sinon il se serait retourné dans sa tombe. Au demeurant je m’interroge sur le contenu de cette cérémonie…

Réconciliation nationale

Ce soir, la réunion umpiste du Gers a lieu salle des Cordeliers, rue Camille Desmoulins. Le coup d'après ce sera salle Dreyfus, rue Jean Jaurès.

Samedi de Pâques

Une affiche punaisée au bistrot du village annonce une soirée de loto dans un bled voisin prévue le samedi de Pâques. Cest-à-dire, normalement, le 14 avril, mais ce n’est pas précisé. Je vois d’ici les joueurs se casser le nez demain. Peut-être d’ailleurs tomberont-ils bien. Plus personne ne semble en effet savoir que la semaine qui précède Pâques est la semaine sainte et la semaine qui suit la semaine de Pâques justement. En tout cas certainement pas la greluche inculte que j’ai entendu causer dans le poste aujourd’hui et qui s’étonnait « Alors, les catholiques, vous avez des rites en ce moment ? »

Pessimum

Note époque est plus latiniste qu’on ne croit. Le maximum effraie les optimistes au minimum tandis que la solution optimale rebute les pessimistes. Finalement, le service minimal serait l’optimum. Mais qu’en est-il du pessimum ?

Pharmacie

Ma santé défaillante m’oblige à ingérer un comprimé de Tahor 80 une fois par jour. Voici plusieurs fois que le préparateur de service dans mes pharmacies habituelles (boulevard Malesherbes à Paris et place Carnot à Seissan) me délivre deux boîtes de Tahor 40. “C’est pareil” m’assure-t-on. Pour mon taux de LDL sans doute mais pas pour la Sécurité sociale. Que la boîte soit de 80 ou de 40 le prix est le même, 39,25 €. Donc, quand le pharmacien vend deux boîtes de 40 pour une de 80 il en fourgue une de trop. Et qui c’est qui touche le bénéfice ? En tout cas je sais qui paie plein pot vu que je suis en ALD pour cette prescription.

Jeunes

Ah, de mon temps, les jeunes… Air bien connu depuis la nuit des temps. Tout le monde sait qu’il faut que jeunesse se passe, qu’un jeune homme doit jeter sa gourme pour devenir adulte, etc. Aujourd’hui, les jeunes sont “instinctifs”, traduisez difficiles mais c’est pas de leur faute. C’est la réalité des choses !

Ennemi du peuple

Les riches dénoncés par Flamby me font penser aux ennemis du peuple des Terreurs jacobine et soviétique, aux koulaks staliniens, aux parasites chinois. Un simple mot qui dénonce, stigmatise pour prendre un mot à la mode, désigne à la vindicte sans qu’on sache ce qu’il recouvre vraiment mais qui à coup sûr autorisera et justifiera n’importe quelle persécution.

Mon candidat

A l’occasion de la campagne électorale je reçois, comme tout le monde, pas mal de diaporamas. Le dernier en date me proposait de vérifier si le candidat pour qui j’avais l’intention de voter était bien celui qui me correspondait. On annonçait des surprises. En effet. Rassurez-vous, je ne suis pas en phase avec Mélenchon, ni Poutou, ni Flamby, mais avec... mais avec, devinez qui : Dupont-Aignan ! J’avoue être tombée des nues.

Mélenchon

Refrain

Il est marrant, le Mélenchon,

Il est mignon, le Mélenchon.

Mais ça pourrait tourner au dîner de. Parce que, personne n’a l’air de s’en rendre compte, mais c’est un bolchevik pur et dur. Et avec ces gens-là, on ne rigole pas. Les Le Pen père et fille à côté c’est vraiment de la petite bière.

Eternel masculin

Décidément, on ne les changera pas. Toujours persuadés qu’ils sont irrésistibles. Même trop gros, même vieux, même moches et ramollis. Tenez, prenez, au hasard évidemment, un type comme DSK. Eh bien, jamais au grand jamais, il ne lui est passé par l’esprit que c’est autre chose que son charme naturel qui attirait des nuées de jeunes femmes dans son lit. Et même encore maintenant il persiste. Quel discernement ! Merci Nafissatou.

Salafiste

Une fois de plus je me demande si j'ai le droit d'écrire ce qui va suivre. La liberté de parole n'est plus ce qu'elle était. Au début du XXème siècle les républicains laïcs ne risquaient rien à traiter les prêtres catholiques de corbeaux. Heureux temps, finalement. Alors voilà ce que j'envisageais de publier dans ma note d'aujourd'hui : J’avais déjà du mal à supporter les femmes voilées. Mais depuis les événements de la semaine dernière, je n’y arrive carrément plus. Et si elles dissimulaient des sous-marins salafistes ?

Re-Syrie

Parmi les rebelles libres et démocrates syriens qui s’opposent à Hafez el-Hassad, il y a des salafistes. Comme quoi les méchants des méchants ne sont pas forcément des gentils.

Norvège

En Norvège, les cinglés le sont moins qu’ailleurs. Quand l’un d’eux tire à vue, ça se passe beaucoup mieux que chez nous. En tout cas, c’est ce qu’affirme Eva Joly. Elle a peut-être raison. Alors qu’elle y retourne en Norvège. Et qu’elle y reste.

Libercurité

Le Conseil constitutionnel vient de retoquer la carte d’identité biométrique. Motif, atteinte aux libertés individuelles. Simultanément, on se demande pourquoi Merah n’a pas été arrêté avant d’avoir sévi.

Mal tourné

Quand le braquage d’une bijouterie se solde par la mort de l’attaqué, les médias commentent avec contentement : « C’est un cambriolage qui a mal tourné. » J’en conclus que quand personne n’y laisse sa peau, le cambriolage a bien tourné.

Un paquet d'Israël

Juppé en a pris plein la figure aujourd’hui de la part du gouvernement israélien. Comment, la France n’a pas pu empêcher la tuerie des enfants de Toulouse ? Lamentable vraiment, alors que l’assassin était fiché depuis longtemps. Parce qu’en Israël, comme chacun sait, il n’y a pas d’attentat, on arrête toujours les terroristes et les cinglés avant qu’ils n’aient perpétré leur crime.

Lâcher

C’est le dernier truc branché. Il faut lâcher prise. Ne pas se prendre la tête pour mieux prendre son pied. Car c’est dans les relations amoureuses que le lâcher prise s’impose désormais.

Incruste

C’est la trêve dans la campagne électorale. Pas question d’exploiter le malheur des gens à des fins politiques. Mais, quand même, il faut montrer sa compassion. C’est pour ça que François Hollande se rend sur les lieux du drame de Toulouse et aux obsèques des soldats de Montauban. Il se faufile sur la photo. Ca s’appelle faire de l’incruste.

Rondeurs

Quand un M. bstr dés. renc. D. sincère, simple, gaie, n-fum. pr vie à 2 et + si aff. et ajoute “rondeurs acceptées” ça signifie qu’il veut une grosse.

Antisémitisme

La tuerie de ce matin a immédiatement été interprétée par tous les médias et tous les politiques comme un acte antisémite. J’ignorais que les soldats, apparemment descendus par le même assassin, fussent également juifs. Je me demande ce qu’on aurait dit si ce nouveau drame avait eu lieu dans une école catholique.

Contrôle sncf

Le contrôleur  qui a débarqué les trois sœurs gitanes qui voyageaient sans billet doit se repentir de sa mansuétude: « Allez, filez et que je ne vous voie plus ! » Le pauvre homme n’a pas appelé la police alors qu’au moins l’une d’elle était visiblement mineure. L’eût-il fait, qu’il eût été dénoncé pour discrimination ou harcèlement. Maintenant, le voilà poursuivi. A cause de lui elles se sont fait écraser sur l’autoroute. Et devinez qui est derrière tout ça ? Maître Collard, un as du barreau.

Lendemains qui chantent

Les parents d’Elizaveta Delibach ont été exilés en Sibérie puis exécutés en 1937. Pour qu’elle puisse néanmoins trouver sa place dans la société soviétique, sa tante qui l’a recueillie l’incite à entrer aux Pionniers puis au Komsomol. Elle triche sur la situation de ses parents, leur état d’ennemis du peuple s’il avait été connu l’aurait chassée de l’institution, voire envoyée en camp. Elle témoigne : « La peur me terrassait : elle remontait à l’arrestation de mes parents quand je m’étais retrouvée toute seule. La peur du monde extérieur, la peur de tout et de tout le monde. J’avais peur du moindre contact, si jamais on me posait une question sur ma famille. Rien n’était plus effrayant qu’une réunion du Komsomol où l’on posait toujours des questions sur les origines. »

In Les Chuchoteurs d'Orlando Figes chez Denoëil

Race

J’ai écouté Axel Kahn hier soir. D’après lui, les races humaines n’existent pas. Il n’y a qu’une seule race humaine. La preuve, le génome unique. Donc, on peut enlever le mot de la Constitution mais ça ne retirera pas le racisme. En revanche, et là je n’ai pas très bien compris pourquoi, pour les animaux c’est différent. Il y a bel et bien des races de chiens. Par exemple, des bergers allemands et des épagneuls bretons. Il définit en effet la race d’après la ressemblance due au nombre élevé de caractères physiques communs des membres d’une espèce (je transcris approximativement, mais l’essentiel est quand même la similitude de l’apparence) Je n’ai pas osé poser la question de peur de paraître idiote mais il me semblait que les chiens qui pouvaient se reproduire, si j’ose dire, dans tous les sens devaient eux aussi avoir le même génome. Quelqu’un peut-il m’éclairer ? Enfin, j’imagine que ce qui est vrai pour les chiens l’est aussi pour les vaches et les chevaux.

Histoire d'eau

L’eau est chère. Il faut l’économiser disent les écolos. Et pour que les gens soient incités à y faire attention, il faut qu’elle soit encore plus onéreuse. Oui mais voilà, les écolos sont à gauche. Et à gauche on trouve que l’eau est tellement inabordable que les pauvres ne peuvent même plus se laver tous les jours. En conséquence, il faut leur fournir l’eau à l'oeil. Mais si elle est gratuite, ils vont la gaspiller. Tout ça est bien compliqué. Le plus simple serait que le travail permette à chacun de payer ses factures.

Villepinte

J’étais hier à Villepinte. Je n’ai pas reconnu ce que j’ai vu et entendu dans les commentaires télévisuels et radiophoniques.

Tri des déchets

Des dessins valent mieux qu'un long discours.

http://webmailpro1h.orange.fr/webmail/fr_FR/download/DOWNLOAD_READ_PDF.html?IDMSG=29564&PJRANG=2&NAME=Bidochons_recyclage-1.pdf&FOLDER=INBOX

www.caf.fr

La photo de la page d’accueil du site national de la Caisse d’allocations familiales met en scène quatre enfants affublés d’un horrible suçou qui leur mange la figure. Ils sont sans doute dans une crèche. Trois d’entre eux, aux premiers plans, ne sont de toute évidence pas de type européen. Le quatrième, tout au fond et assez flou, si. Franchement, on voudrait faire passer le message que les immigrés sont des pompes à fric qu’on ne s’y prendrait pas autrement. Ou, autre interprétation, que les Français d’origine européenne ont moins de droits que les autres.

 NB. Comme la police utilise l’expression « type européen » dans les signalements, j’espère pouvoir faire de même sans aller en correctionnelle.

 

Philo

Ca a commencé quand j’étais jeune, en classe de philo. Je n’ai jamais rien compris à la philo, sauf si on m’avait laborieusement expliqué avant ce qu’il y avait à comprendre. Depuis j’ai soigneusement évité la philosophie et les philosophes. Mais hier j’ai été rattrapée par ma stupidité. J’ai assisté à une conférence sur Simone Weil et je n’ai rien compris. Sinon que les philosophes pouvaient être prompts à se quereller.

La dame de fer

La critique de "la Dame de fer" est mauvaise. J’y suis quand même allée et j’ai compris pourquoi. Le discours de MT qui prêche sans relâche l’effort personnel ne peut être du goût de notre intelligentsia. Finalement, le film est bon. Vous pouvez y le voir sans crainte.

Angle

Quand Montebourg et Pulvar sont bousculés, c’est une atteinte à la démocratie. Quand Sarkozy est malmené, c’est bien fait pour lui.

Huissier

Pour la première fois de ma vie j’ai recours à un huissier. L’immeuble est magnifique. A l’interphone, une voix mâle suspicieuse me demande ce qui m’amène. C’est au premier. Le propriétaire de la voix se tient dans la porte. Si je veux bien patienter un instant, on va me recevoir. L’instant est long. Assise dans le vestibule sur un banc de bois j’ai tout loisir d’observer les lieux et leurs occupants. L’appartement haussmannien est superbe et la peinture à rechampis défraîchie. Les salons ont été convertis en bureaux. L’éclairage est chiche. Pas un bout de tapis. Le ballet de jeunes gens en jean qui semblent composer le personnel de l’étude fait claquer ses talons sur un parquet vaguement ciré et très grinçant. Tout le monde s’agite d’une pièce à l’autre et trimbale des piles de dossiers d’ici à là et de là à ici. On est chez Balzac.

Hubble

J’ai vu « Hubble » à la Géode. J’aurais dû être éblouie par la performance des dépanneurs de l’espace qui réparent le télescope en plein espace reliés à la navette Atlantis par un simple filin. Par l’infinité des systèmes solaires de notre galaxie, la Voie lactée, et les pouponnières à étoiles. Eh bien non, je n’ai pas été particulièrement épatée. C’est magnifique pourtant et je ne parle même pas de la métaphysique bon marché que suscitent ces images inouïes. Mais j’ai dû voir une fois de trop « 2001, Odyssée de l’espace » et « La guerre des étoiles ».

Bon vieux temps

Comme annoncé précédemment (pléonasme, on ne risque pas d’annoncer après coup), je reviens sur mon vénérable Noir assis sur le seuil de sa case dans un village de brousse et revêtu d’une longue chemise d’un blanc éblouissant, la tête et les épaules recouvertes d’un châle rouge au drapé majestueux. Dans un français impeccable et sans accent – mais où diable l’a-t-il appris ? – il fustige la perte des valeurs ancestrales et l’atteinte à l’intégrité de l’environnement, notre homme est tout de même de son temps. Il commence par l’abandon des calebasses au profit des seaux et des cuvettes en plastique. Les calebasses, pour ceux qui ne seraient jamais allés en Afrique, sont des très grosses demi-courges évidées et séchées qui servent de récipient à tout faire, la cuisine, la petite lessive, la corvée d’eau, etc. Justement, pour l’eau, les femmes après les avoir remplies au puits commun les rapportent à la maison en équilibre sur la tête. Gaffe à pas en renverser en chemin ! Evidemment, notre sage n’a pas une seconde pensé que les seaux avec leurs anses permettaient de rapporter deux fois plus d’eau en en perdant moins en cours de route. Ni d’ailleurs que les hommes pourraient aussi s’y coller. Il poursuit cependant avec la dénonciation des sacs en plastique qui malencontreusement absorbés par le bétail le font mourir dans d’atroces souffrances abdominales. Effectivement, quelques vues nous montrent un âne broutant allègrement les ordures jonchant la voie publique et agonisant peu après. Pas un instant, notre homme ne songe que le problème serait résolu si, première intention, on ne semait pas les ordures un peu partout ou si, deuxième intention, il se trouvait quelqu’un pour les ramasser. Enfin, il avait la nostalgie de la bonne vieille pharmacopée botanique du sorcier qui, contrairement aux vaccins et aux antibiotiques européens, a fait au cours des millénaires la preuve de son universelle efficacité et qui est délaissée par les nouvelles générations au profit d’une chimie irrespectueuse du savoir des anciens. Là, j’en ai eu marre et j’ai coupé.

TV5

Heureusement pour le touriste français égaré dans le vaste monde, il y a TV5 pour lui donner des nouvelles de la mère patrie. Celles-ci sont presque fraîches, lisses et bien emballées, comme des légumes de supermarché. Les reportages sortent du rayon conserves et leur sujet bien balisé ne sort pas du politiquement correct. Par exemple, les volcans en activité de par le monde avec l’ineffable Yann Arthus-Bertrand qui conclut finement, « Alors, les volcans, amis ou ennemis ? » Avec ça on enfile des lieux communs mais on ne fait de peine à personne. Un post-scriptum précise que l’émission est « compensée carbone ». Grâce à je ne sais plus quelle astuce, le CO₂ émis à l’occasion de sa réalisation est reconverti en école et en cahiers pour petits Noirs de l’Afrique subsaharienne. Ouf, nous voilà rassurés. Et le programme enchaîne justement sur le témoignage d’un vénérable Africain qui regrette, refrain connu, le bon vieux temps de la vie traditionnelle.

Syrie

Mais où est passé Bernard-Henri Lévy ?

Classe

J’essaie une robe, j’aime les robes. Hélas, elle n’est pas ronde. La jeune vendeuse, une demoiselle tout à fait charmante, n’a jamais entendu parler d’arrondi. Je lui explique donc qu’un vêtement mettable ne pendouille pas mais doit être, en tout point de son ourlet, à hauteur constante du sol. C’est simple : on monte sur une table et une tierce personne armée d’une règle pose des épingles à niveau. Ensuite il n’y a plus qu’à coudre l’ourlet d’après les repères. Ah, ça alors ! Notre tendron ignore aussi que les bretelles de lingerie doivent être invisibles et en tout cas exactement superposées, que culotte et soutien-gorge sont de même couleur, qu’une jupe ou une robe ne dépassent pas du manteau, etc. Abasourdie par tant d’exigences, elle lâche : « Ouais, mais ça, c’est pour quand on veut faire classe ! »