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Naufragés du rail

Samedi dernier un gros orage a interrompu la circulation des trains du côté de Villefranche-de-Lauragais. Il a fallu aller chercher notre naufragé du rail à Castelnaudary. Dans la salle d’attente de cette coquette localité méridionale connue pour son cassoulet les voyageurs en perdition s’entassaient en se demandant quand l’injoignable préfet ordonnerait la réquisition de cars pour les transférer à destination. Curieusement, notre proposition à la cantonade de véhiculer deux personnes jusqu’à Toulouse n’a recueilli aucun succès.

Outils

Pourquoi faut-il que les outils ne marchent jamais ? La pompe, par exemple, le modèle le plus solide, le plus fiable, de la marque la plus réputée qui marchait fort bien en novembre ne se remet pas d’avoir chômé en hiver. Plusieurs visites chez le quincailler, et maints allers et retours entre la source tout en bas du soulan et l’atelier dans la maison n’ont pas eu raison de sa mauvaise volonté. Pareil avec la tondeuse qui démarre très bien chez le mécanicien mais pas dans le jardin. Que dire de la débroussailleuse, de la batterie prétendument rechargeable de la clôture électrique ? Ca, c’est pour l’extérieur. Mais à l’intérieur comment expliquer que d’une minute sur l’autre tout un circuit électrique déclare forfait, que la machine à laver fasse la grève, que le lecteur de cassette des enfants ne veuille plus rien lire, que la machine à coudre fasse des boucles ?

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Presse

Un ami gascon m’a expliqué comment il optimisait l’achat des journaux. Tous les matins il va au café prendre son café. Un pote lui refile La Dépêche de la veille, histoire de savoir qui est mort. En récompense, il lui apporte tous les samedis Le Point de la semaine et il récupère d’un troisième comparse Le Figaro Magazine. En échange, ce dernier hérite le lot hebdomadaire de Dépêches. Vous comprenez mieux maintenant pourquoi la presse écrite est en crise.

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Avant-dernière demeure

1 800 € par mois, c’est le prix de la pension dans la maison de retraite qui vient d’ouvrir au village. Ce sera dans mes moyens. Mes enfants n’auront pas à se biler pour me caser : j’y retrouverai mes voisines et à l’occasion, aux beaux jours, pourrai passer la journée chez moi. Bien mieux et bien plus économique qu’à Paris. Me voilà rassurée.

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Intello

A l’école primaire c’est mal vu d’être bon élève surtout dans les milieux défavorisés, on se fait taxé d’intello, une injure pire que fils de pute ou nique ta mère. Pas étonnant que les gosses prometteurs enfouissent leurs talents dans la médiocrité environnante pour avoir la paix. Mais qui peut bien bourrer le mou de leurs petits camarades ?

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Princesse et néanmoins chipie

Les commentaires à propos de l’application de la loi sur les faces cachées m’énervent tellement que je préfère ne pas en parler.

Il y a dans l’actualité des événements autrement intéressants qui méritent une demi-page dans le quotidien aussi bien fait qu’est Aujoud’hui en France et qui montrent que nos compatriotes ont le cœur tendre et privilégient l’intérêt des plus humbles avant leur petit bonheur personnel.

Princesse, une petite chienne yorkshire, qui s’était échappée voici sept ans du côté de Vierzon, avait été donnée à un homme par les personnes qui l’avaient trouvée errant seule et apeurée. Rebaptisée Chipie, la donzelle s’est à nouveau ensauvée il y a peu dans le secteur de Pont-Saint-Esprit. Récupérée par les gendarmes elle a été tapissée grâce à la puce implantée dans sa gorge et c’est sa première maîtresse qui a été contactée. Eh bien, cette femme qui pourtant était inconsolable depuis la disparition de sa Princesse chérie a préféré la laisser au foyer de son second maître pour ne pas la traumatiser. Vous ne croyez pas que beaucoup de parents légitimes et adoptifs qui s’entretuent pour conserver ou récupérer des enfants pourraient en prendre de la graine ?

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Relève

Dimanche à Peyragudes c’était le dernier jour de la saison de ski. La station fermait en fin de journée. Les jeunes qui tiennent la pizzeria au pied des pistes ne savaient où donner de la tête. Contre toute attente et surtout contre la météo la journée a été exceptionnelle. Une bonne occase pour vider les frigos. La saison a été bonne et même mieux que ça malgré un enneigement tardif. Dommage que l’activité ait été en dents de scie. Mais il n’y a pas à se plaindre, on a bien travaillé. Quel réel plaisir d’apprendre que ces gens qui se démènent ont eu leur récompense. Ils en sont fiers et tout joyeux. Je leur souhaite de réussir. Sur la route du retour, aux nouvelles, ces jeunes de Noisy-le-Sec qui ont tabassé un type de Sartrouville pour une histoire de fille. Il y a plusieurs jeunesses dans notre cher pays : celle de ceux qui bossent et celle des glandus et des voyoux. Dommage qu’on ne parle jamais de la belle relève.

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Foeticide

Les Indiens (d’Inde) justifient le foeticide des filles par le fait que, jeunes filles, elles risquent d’attirer la convoitise des hommes et, qui sait, d’y succomber. La honte pour toute la famille. En leur épargnant de venir au monde, ils leur évitent un triste sort. Il fallait y penser.

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1er avril

En Gascogne, c’est l’été. Pas pour longtemps sans doute, l’hiver a plus d’un tour dans son sac. Le pays n’a pas changé, mais les gens si. Certains sont morts, d’autres ont perdu leur boulot, en ont trouvé ou encore sont tombés malades. J’apprends avec stupéfaction que cet homme, une figure du village, respecté de tous battait sa femme, ils se sont séparés. En fait de poisson d’avril, j’en ai trouvé un crevé à la surface du cuvier. Pas très gai tout ça.

Exhibition

Quand la porte du wagon de métro s’est ouverte, sa silhouette a obscurci tout l’encadrement. Lorsqu’il est entré dans mon champ de vision je me suis rendu compte que ce géant obèse portait un pantalon dont une jambe était coupée en haut de la cuisse. De la sorte il sollicitait la charité des voyageurs en exhibant une colonne de chair cascadante d’amas de graisse, parcourue d’énormes varices et crevée d’ulcères. Abominable. Inimaginable et pourtant bien réel. Quand on donne, le fait-on alors pour ne plus voir ou pour avoir vu ?

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Epinards

Incroyable ce que l’humanité peut manger comme épinards ! A chaque accident nucléaire, Tchernobyl, Fukushima, on nous met en garde : les épinards sont irradiés et il est formellement déconseillé d’en consommer. A croire qu’ils constituent une nourriture de base au moins aussi répandue que le blé ou le riz. Enfin, ce sont les enfants qui vont être contents.

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Le France

L’exposition consacrée au France révèle une France fière de sa technique, persuadée des talents de ses artistes et pleine d’allant qui ne doute pas de son avenir. Pourtant, lors de sa construction, on est en pleine guerre d’Algérie, un peu plus tard l'Empire colonial, fleuron de notre glorieuse et orgueillleuse civilisation, est promis au démantèlement, six ans plus tard, c’est Mai 68. Même quand tout semble aller bien, le feu couve. Alors aujourd’hui que le pessimisme règne, que certains oiseaux de malheur prédisent avec délectation la faillite du pays, peut-être que les choses sont moins mal emmanchées qu’elles n’en ont l’air.

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Métro domino

A 8-9 h du matin, le métro est bondé de travailleurs européens propres sur eux. Dans la journée, il est peuplé de vieux (comme votre fidèle Grain de poivre) et d’immigrés exotiques débraillés.

N. B. J’ai bien peur que cette note ne soit pas politiquement correcte.

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Vieille femme

Mes récentes lectures me l’assurent, je suis une vieille femme. C’est du moins ainsi qu’on qualifie dans les romans des années 50 toutes celles qui ont dépassé la soixantaine. Elles portent des robes noires, sont confinées, infirmes et laides. J’avoue avoir du mal à me retrouver dans cette description.

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Salles combles

Ni le public ni les jurys ne s’y sont trompés : les films Des hommes et des dieux et Le discours d’un roi font le plein des salles et recueillent les plus hautes récompenses. Pourtant dans l’un comme dans l’autre, rien de racoleur, pas de sexe, pas de vulgarité ni de facilité. Bien au contraire on y montre la fidélité aux engagements, le sens de l’effort et du devoir, l’abandon de ses propres désirs pour les obligations d’un état choisi ou non. Bref, des valeurs qui élèvent. Qui osera dire après ça que vraiment la société d’aujourd’hui s’en va à vau-l’eau ?

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Sincérité

60. D. vve, 65 ans, 1,65 m, douce sociable, dyn., rencontrerai M. 65-75 ans pr rompre solitude : grd, n-fum., sobre, doux, sincère aimant promenade, vie calme, pts voyages. Résid. alternée, rég. Indiff..

83. M. 67 ans, vf, simple, doux, dyn., bonne santé, désire renc. compagne nationalité, physique et âge indiff. pr amitié sincère et durable. Préf. rég. SE ou SO.

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Son Excellence

J’aime bien les beaux gars. Alors je me suis précipitée sur Facebook pour voir les photos de Son Excellence Boris Boillon, ambassadeur de France en Tunisie. Hélas, il a fait le ménage et on ne trouve que deux photos officielles et banales. Google m’a donné une solution de rechange*. Et là, j’ai été servie mais déçue. Boris préfère les garçons. Dommage, mais après tout ce n’est qu’une vieille coutume de la diplomatie française. Certains se rappelleront peut-être le roman de Roger Peyrefitte, Les Ambassades, paru en 1951. En tout cas, que ceux qui sont rincé l’œil avec les photos de Carla Bruni toute nue lui jettent la première pierre.

 *Recherche Google : images, Boris Boillon gay

Patience

Dans les hôpitaux publics on est un patient et on sort sa carte Vitale. Dans les cliniques privées on est un client et on sort son carnet de chèques.

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Vieilles copines

Dans les années 60-70, on se retrouvait en boîte ou sur la plage. Maintenant on se rencontre au tas de sable ou à la pharmacie.

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Fausse alerte

Les mines sont graves, impassibles, polies. L’ambiance n’est pas à la rigolade dans cette salle d’examen ophtalmologique où évoluent le patron (une femme), l’interne, la secrétaire qui prend docilement les commentaires sous la dictée, un étudiant étranger et une autre personne en blouse blanche dont j’ignore la fonction. La pupille dilatée je reçois des décharges de lumière, regarde à droite, à gauche, en haut, en bas. Et soudain je perçois une détente, un sourire apparaît sur le visage du médecin. « Non, Madame, ce n’est pas une métastase, ni un cancer primitif, ni même une tumeur, c’est une maladie de la rétine. » La phrase, onde bienfaisante, atteint les esprits. Les visages s’éclairent, un murmure de soulagement se propage. Ca n’est pas tous les jours que les diagnostics sont cléments à l’Institut Curie.

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Relance économique

Je fais suivre ce texte qui m'a amusée.

Tout ceci n'est qu'une hypothèse, mais le raisonnement se tient.

Imaginons que le gouvernement français concède à chacun d'entre nous une bourse de 500 euros pour relancer la consommation.

 - Si nous la dépensons au supermarché du coin ou en vêtements, cet argent part en Chine

- Si nous dépensons l'argent en carburant, il part chez les Arabes.

- Si nous achetons un ordinateur, il ira en Inde.

- Si nous achetons des fruits et des légumes, l'argent va en Espagne ou au   Maroc .

- Si nous achetons une bonne bagnole, notre fric va en Allemagne

- Si nous achetons des babioles, il part à Taïwan et n'aidera toujours pas notre économie.

La seule façon de maintenir l'argent en France, c'est de le dépenser en achetant du vin, du pineau, du cognac, du calva, ou du champagne, si l'on considère que ce sont les uniques biens encore produits chez nous.

Donc, en faisant la bringue, on accomplit un devoir civique. Alors pour aider notre système économique national en cette période de crise : picolez !
Pour info : la fête de l'Eau a fait près de 400 morts au Cambodge tandis que celle du Beaujolais s'est déroulée sans aucun problème.…

Sacrilège

On me l’a seriné depuis ma plus tendre enfance, on ne jette pas le pain. Les livres non plus. Les deux sont sacrés. Pour le pain, ça n’est pas trop compliqué. A la campagne on peut toujours donner les croûtons aux animaux. En ville, je fais rôtir les quignons durcis et je les passe à la moulinette (grille à gros trous), ça fait une chapelure de première qualité. Difficile d’en faire autant avec les bouquins. Pourtant, il y a des moments où il faut faire de la place, ne serait-ce que pour les suivants. C’est ce que à quoi je me suis livrée cet après-midi. On garde, on ne garde pas, on jette, on donne, on envoie à la campagne ? Donner, mais à qui ? Autrefois je m’étais ainsi débarrassée des trois quarts de ma bibliothèque en convoquant Emmaüs. Mais c’est refiler le mistigri : si c’est le donataire qui balance, c’est lui le pêcheur. Et je garde la conscience tranquille. Si je mets à la poubelle, les livres seront sans doute récupérés par quelque biffin qui en fera peut-être son beurre. Là aussi, je suis exonérée de ma faute. En tous les cas, je ne saurais trop vous conseiller de vous délester de ces encombrants personnages : je n’ai jamais regretté de les avoir abandonnés. Mais de les avoir prêtés, si.

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Invitation

Ma chère tante Mimi,

Je prends ma plume pour vous donner des nouvelles des Francheville. Les malheureux sont tombés dans un piège redoutable et depuis tout le monde leur tape dessus et leur tourne le dos. Vous savez que, ainsi que toute la bonne société picarde, ils étaient très liés avec les Laborde. Les Laborde mènent grand train et ont l’art de donner des fêtes auxquelles on se rendrait sur la tête. Ils ont aussi un magnifique chalet en Savoie, au pied des pistes. Et comme ils sont accueillants et, il faut aussi l’avouer, aiment avoir une petite cour qui rattrape leurs origines assez modestes, ils invitent les gens à la cantonade : « Si vous voulez passer quelques jours aux sports d’hiver, venez donc à la maison, nous serons toujours ravis de vous avoir. » Les Francheville les ont pris au mot et y sont allés entre Noël et le Jour de l’an. Evidemment, la réception a été grandiose. Chambre donnant sur le mont Blanc, jacuzzi, service impeccable et ainsi de suite. La grande vie. Les Laborde ont évidemment insisté pour que la location des skis et les forfaits soient portés sur leur compte. Ils ont invité tout le monde dans le meilleur restaurant du coin et ont emmené leurs hôtes faire un peu de tourisme à Chambéry à bord de leur suv dernier cri. Comme le préfet est de leurs amis, on leur a ouvert le musée après l’heure et on a réquisitionné le conservateur pour faire la visite. Pour couronner le tout, par un temps de rêve, ils ont loué un hélico pour chatouiller les cimes enneigées. Des vacances inoubliables. Sauf que, quand Laborde a retrouvé son usine, tout était sens dessus dessous. Ses ouvriers se sont mis en grève pour réclamer une augmentation arguant que l’entreprise avait fait de confortables bénéfices. La CGT a mis la gomme, l’Urssaf a débarqué, contrôle, redressement, mise en examen pour abus de biens sociaux et trafic d’influence. Scandale. Tout le monde renie Laborde, « Non, je ne connais pas cet homme. » Et ces pauvres Francheville qui avaient eu la vanité de raconter partout leur séjour savoyard font figure de bandits. Désormais quand on est invité, il faut se méfier. La prochaine fois que ça vous arrivera, débarquez avec votre savonnette.

Je vous embrasse bien fort,

Votre fidèle Grain de poivre

Cernés

Nous sommes cernés. Du moins si j’en crois la une du Point « Le spectre islamiste » et celle de l’Express « Comment la Chine envahit l’Europe ». Le pire serait évidemment que les Chinois se fassent mahométans. Je vois mal en effet les Arabes, Noirs et Asiatiques musulmans devenir chinois.

In memoriam

Combien sont-ils tous les ans ces jeunes gens et ces jeunes filles qui ne deviendront jamais vieux ? Ils ont encore la peau claire et élastique de leurs vingt ans, le regard curieux d’un avenir qu’ils n’aborderont jamais. Pourtant pendant ces années nous aurons pu les chérir et les élever, ils auront fait partie du paysage. Hélas, inexorablement – maladie, accidents, guerres, agressions, suicides – le contingent de ces tristes prématurés se renouvelle. Et avec, celui de leurs parents éplorés.

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Non confessionnel

J’adhère à une association  non confessionnelle. Je remarque que dans les débats les membres athées n’hésitent pas à revendiquer leur positionnement. Quant à moi, catholique primaire, je me garde bien de faire le moindre commentaire au cours des réunions formelles, groupes de parole notamment. A l’occasion d’une conversation en tête-à-tête, je peux naturellement faire état de ma foi pour expliquer mon point de vue mais sans jamais rejeter celui de mon interlocuteur qui est libre de penser ce qu’il veut. Pourtant se déclarer athée c’est aussi confesser une religion en négatif. Donc, dans le cadre institutionnel d'un milieu non confessionnel, on ne devrait pas parler de son athéisme pas plus que de son christianisme, de son judaïsme, de son ilsam(isme ?), de son bouddhisme ou encore de son chamanisme. Le problème est évidemment que, l’homme n’étant pas qu’un animal, la question spirituelle ne peut être toujours tue et qu’elle émerge pour ainsi dire fatalement. C’est là qu’intervient une autre invention humaine, la tolérance (pas celle des maisons de).

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Matinale

Fogiel quitte Europe1. Tant mieux, je ne supporterai plus son dynamisme tonitruant et primaire. Tant pis, comme il m’énervait, ça me donnait du tonus.

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Les âges de la vie

La malheureuse Laetitia probablement assassinée était âgée de 18 ans. Elle est désignée tantôt comme jeune femme, ou jeune fille, ou adolescente. La petite diabétique de 9 ans qui s’est défenestrée il y a peu a été qualifiée de fillette, d’enfant, de petite fille et de jeune fille. La confusion des mots reflèterait-elle la confusion des places sociales ? A l’autre bout de la vie, le terme de senior recouvre les vieillards et les personnes d’âge mûr : les premiers sont les parents des seconds. Ne pas confondre.

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Abracadabra

La formule est à la mode. Votre compagnie d’assurances vous propose une formule famille, le troquet du coin a mis au point une formule soirée-rugby. Vous-même lors de votre dernier voyage avez opté pour la formule pension complète-vin et fromage ou dessert compris. Evidemment quand vous avez profité de la prime à la casse pour remplacer votre vieille bagnole vous n’avez pas acheté de formule 1 mais quand même vous vous êtes laissé tenter par une formule toutes options. Aux sports d’hiver la formule Du haut des cimes s’impose pour un séjour de douze jours (ah, ah !). Dans le secteur des cuisines, même chez Ikéa, on trouve une formule montage inclus. Chez le b.o.f. du quartier la formule treize à la douzaine a fait ses preuves. Moi-même, Grain de poivre, n’y échappe pas. Lorsque j’ai changé d’ordinateur et perdu toutes mes données, j’ai préféré souscrire la formule assistance en ligne et garantie totales pendant trois ans. La formule, tout le monde le sait depuis l’enfance, c’est magique !

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Paris-Granville

Un court voyage du côté de Granville m’a donné un aperçu de notre beau pays sous les frimas. Quelle tristesse du paysage, quel manque de lumière en cette saison, que de grisaille, que de boue ! Mais aussi que de soin, de propreté ! C’est bien simple, dans quelque province que l’on aille, on ne peut qu’être frappé du bon état du territoire. La France de 2011 n’a rien à envier à la Suisse des années 70.

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Etrennes

Depuis quelques années nous ne sommes plus importunés par le défilé des éboueurs, des pompiers, des postiers, des égoutiers, des balayeurs et autres corps de métiers municipaux du service public. Se sont-ils lassés de faire du porte-à-porte pour essuyer la mauvaise humeur de leurs concitoyens fatigués des grèves à répétition dont certains d’entre eux ont le secret ou plus prosaïquement sont-ils freinés dans leur élan par les digicodes et interphones ?

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Voeux 2011

Chers fidèles lecteurs de Grain de poivre,

Chers compatriotes,

Chers amis,

Chers tous,

Quelques heures nous séparent encore du 1^er janvier. Des catastrophes sont encore possibles. Je ne veux pas l’envisager et je me tourne résolument vers l’année qui nous attend. Comme Martine Aubry, je souhaite que 2011 se caractérise par l’espoir et le progrès. J’affirme avec Dominique de Villepin que vous pourrez compter sur Grain de poivre pour promouvoir l’exemplarité, la transparence, l’exigence républicaine. Nicolas Sarkozy prône une France porteuse d’espérance à la prospérité reconquise, avec des chercheurs qui trouvent, un gouvernement qui n’ait en tête que le bien commun et l’intérêt général. Qui pourrait s’inscrire contre tous ces souhaits qu’ils viennent de gauche comme de droite ? C’est pourquoi ainsi que Bayrou je vous engage à aborder 2011 avec optimisme et goût de vivre face aux difficultés. Car des difficultés, mes cocos, vous allez forcément en rencontrer. Comme toujours depuis toujours. Mais que vous soyez d’indécrottables optimistes ou des rabat-joie endurcis, je sais que vous espérez indéfectiblement que demain sera meilleur qu’hier. Alors si j’ai un seul vœu à formuler, c’est que vous conserviez cette délicieuse naïveté.

A l’année prochaine !

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Boxe

Ca commence le vendredi soir et ça dure 48 heures. A la radio il n’est question que de foot. Même les bulletins d’informations répètent ce qui vient d’être commenté à longueur d’antenne. On est saoûlé de ligue 1, de surfaces de réparation, de mi-temps, de corners, de mercato et de coups francs. Le reste du monde pourrait s’effondrer, on n’en saurait rien. Avant, ce n’était pas le foot mais les courses, le tiercé et le pmu. Je me rappelle des heures entières consacrées au terrain dur, au terrain souple, aux pouliches, aux jockeys, aux trotteurs, à Cagnes-sur-Mer et à Longchamp. Et avant encore, dans ma prime jeunesse, c’était la boxe avec son cortège de poids plume, de combats, de ko debout, et de super-welters. Ces derniers ont été un des grands mystères de mon enfance. A quoi ça ressemblait un super-welter ? Je n’ai jamais osé le demander et je n’en sais toujours rien. Je n’en ai d’ailleurs aucune envie car j’ai toujours trouvé que se taper dessus était dégoûtant. Finalement, le foot, c’est pas si mal, malgré certains coups de boule.

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Le moine et son habit

Dans le métro je me suis retrouvée assise en face d’un homme d’une petite quarantaine d’années, basané, barbu, soigné, aux traits réguliers et en robe noire. Comme il faisait froid il portait aussi une écharpe et une sorte de caftan. Clerc chrétien oriental ou taliban ? Selon que je le considérais en chaussant une paire de lunettes ou une autre mon impression était diamétralement opposée. Et n’allez pas me dire que je suis raciste ni que je discrimine.

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Et pour vos fêtes, qu'est-ce-que vous faites ?

Pour les fêtes je suis un peu désemparée. A Noël je devais aller chez des amis sur Bordeaux mais ils sont on va dire en train de rompre. Ce qui fait que la situation est entre guillemets assez délicate. Je me suis donc permise de m’inviter chez mes enfants qui eux sont sur Metz. Quant au réveillon du 31, ça le fait pas, du moins pour l’instant. Parce que ce midi mes copains se sont décommandés et en termes de solution de rechange je suis à sec. Alors je pense que je vais rester sous la couette, genre moi la télé et moi. On peut le dire comme ça.

 A vous, fidèle lecteur, de détecter les barbarismes, les solécismes, les impropriétés, les tics de langage du moment. Notez que « complètement » a complètement disparu. Tout espoir n’est pas perdu.

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Désastre

Voilà plusieurs jours que mes fidèles lecteurs restent sur leur faim. Plus une note, rien. Cette fois-ci mon ordinateur est bel et bien tombé en panne. J'ai dû en acheter un autre. Toutes mes données, toutes mes adresses, toutes mes photos, tout est passé à la trappe. Là-dessus, impossible d'établir la connexion avec internet. Il a fallu avoir recours à l'assistance d'Orange. Deux jours d'attente. J'ai la tête comme un chou-fleur. Enfin, je me console en me disant qu'il y a de pires malheurs. Je songe aux gens dont la maison a été inondée, ou brûlée et qui se retrouvent quasiment nus. Ca c'est réellement un désastre.

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Cellule psychologique

Vous l’avez sans doute remarqué, dès qu’une catastrophe se produit, inondation, incendie, prise d’otages, tremblement de terre, agression d’un condisciple au collège, enlèvement, massacre, etc. les services de l’Etat mettent à la disposition de la population traumatisée une cellule psychologique. Par bonheur je n’y ai jamais eu recours mais je me demande comment ça marche. Evidemment, je suppose qu’on a affaire à des psychologues. Mais fait-on la queue bien sagement pour avoir un entretien chacun son tour comme à confesse ? Est-ce que les psys vous rassurent, ça ira mieux demain, vous consolent, pleure donc pas comme ça, ça fait pleurer le Bon Dieu. Combien de temps ça dure ? Et d’où sortent-ils au fait ? Car leur apparition est quasi-magique. On dirait qu’on a toujours une petite cellule, là sous la main, prête à intervenir et à soulager les malheureux. Plus sérieusement, j’ai la vague impression que c’est un bon truc pour débarrasser les « responsables » de la corvée d’avoir à supporter les jérémiades leurs concitoyens : « Bon, on leur a collé une cellule psychologique, alors maintenant qu’ils se débrouillent avec et qu’ils nous fassent pach ! »

 

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Virus

Mon ordinateur a été attaqué par un virus. Résultat, plus d’une demi-journée scotchée devant un ordinateur sporadiquement scotché. La pauvre machine a eu droit à un traitement de scotch, pardon de choc : défragmentation, nettoyage du disque, test de l’antivirus qui s’est révélé être désactivé depuis 2008, installation d’un nouvel antidote (gratuit), suppression de huit bébêtes, chasse aux cookies. La difficulté principale a résidé dans le fait que la bécane plantait juste avant que le programme de réparation n’ait fini sa tâche. Comme dans les contes, les ordinateurs sont des objets enchantés et malicieux qui se jouent de nous et dont les fantaisies sont inattendues et incohérentes. Il semble que la panne soit jugulée, je me demande bien comment, mais je me méfie et je profite de l’éclaircie pour publier cette note.

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Bonne santé

J’aurai passé l’année 2010 éclopée. Des trucs pas vraiment graves mais embêtants qui font qu’on n’oublie jamais sa carcasse. Et pourtant, si on me demande de cocher la case « Estimez-vous que vous êtes en :

* très mauvaise santé

* mauvaise santé

* assez bonne santé

* bonne santé

* très bonne santé

Je cocherais la case bonne santé.

Rien de plus subjectif que l’appréciation de son niveau de santé.

Bureaucrate

J’adore les accessoires et les fournitures de bureau : les crayons, les gommes, les taille-crayons à réservoir* (sinon on flanque des épluchures partout, c’est vraiment dégueulasse), les carnets, les pinces à papier, les marqueurs, les stabylos fluos et l’otagrafe, Celui-là est un de mes préférés, vraiment magique comme instrument, il vous déliasse en un clin d’œil tout un tas de bordereaux et de factures. Mais tout ça c’est la petite bière comparé au perforateur lourd quatre trous, à l’agrafeuse à millefeuille, aux classeurs à malice, aux casiers empilables, au massicot. Et surtout au tampon. Depuis que je suis à la tête de ma petite entreprise unipersonnelle, j’ai un tampon avec numéro Siret. Et dès que je peux je tamponne. Mais on voit bien que malgré tous mes efforts je ne suis pas une vraie employée de bureau, mes tampons sont généralement de traviole et baveux. Heureusement qu’il y a suffisamment d’administrations pour qu’à force d’entraînement j’ose espérer arriver un jour à la perfection.

*Adrien Deume aurait adoré.

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Fait-maison

Dans l’autobus (94) deux dames sont assises l’une en face de l’autre. Elles ne se connaissent pas mais, comme souvent, elles entament la conversation. Et, comme d’habitude, mes oreilles traînent. Après quelques considérations sur la froidure et le redoux, leurs avantages et leurs désavantages comparés, elles en arrivent à ce qui finalement les réunit. L’une revient de la vente de charité de Saint-Augustin tandis que l’autre se rend aux journées de l’amitié de Saint-François-de-Sales. Et concluent-elles avec une belle unanimité ce qu’il y a de bien c’est qu’on y trouve des trucs « faits maison ». Gage semble-t-il de qualité et d’authenticité (authenticité de quoi, on se le demande, mais enfin authenticité). C’est le syndrome du café « Grand-mère » et de la confiture « Bonne Maman », c’est beau, c’est bon, c’est bonne maman (et non Dubonnet comme le clamaient autrefois les tunnels du métro). On voit que ces braves rombières n’ont jamais goûté des pâtés surgras, jamais porté de robes tire-bouchonnées ni de tricots-serpillères, jamais dégusté de quatre-quarts indigestes, jamais avalé de café pisse de chat, jamais supporté de murs barbouillés, etc. faits maison. Moi le fait-maison je m’en méfierais plutôt. Trop souvent, c’est dégueulasse, saboté, imbouffable, mal ficelé, immettable. Et je suis polie.

 

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Embrassades

Je ne sais pas si vous l’avez remarqué mais on voit de plus en plus souvent des types se faire la bise. Avant, ils se disaient salut et se donnaient à la rigueur une poignée de main. Peut-être est-ce une extension de cette manie du « bisou » qui a gagné la population ? Toujours est-il que cette pratique ne laisse pas de me troubler.

 

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Piscine naturiste

Je l’ai appris en lisant les panneaux d’affichage municipaux : il y a une piscine naturiste à Paris. L’entrée est gratuite pour les personnes âgées de moins de 27 ans. Pourquoi 27 ans et pas 26 ou 28 ? Mystère. Ah je vous vois, Messieurs mes contemporains, regretter qu’un tel établissement n’ait pas existé du temps de votre curieuse et libidineuse jeunesse, vous auriez pu parfaire votre éducation et vous rincer l’œil à l’œil. Eh bien, ne regrettez rien. Vos découvertes parcellaires et coupables vous ont procuré des émois autrement pimentés. Il s’avère en effet que les amateurs de ladite piscine sont essentiellement de sexe masculin, sexas en quête et homosexuels en quête de quéquettes.

 

Piscine municipale Roger Le Gall, boulevard Carnot, Paris 12^ème. 01 44 73 81 12.

Prince charmant

C’est la bonne nouvelle du jour, le prince William est fiancé à Kate Middelton. Ils se marieront l’année prochaine. Mais qui est l’heureuse élue ? Est-elle issue d’une prestigieuse et aristocratique famille anglaise ? Il semble que non. Ses parents (hôtesse de l’air + commandant de bord à la British Airways) ont finalement fait fortune en créant une société d’articles pour fêtes et réception. Encore un prince européen qui épouse une bergère. Il n’y a plus que ça. Heureusement que je ne suis pas princesse. Au fond, j’ai encore toutes mes chances !

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ERS

Les élèves des ERS (établissements de réinsertion scolaire) récemment renvoyés dans leur foyer pour inconduite font vraiment douter les plus optimistes des éducateurs. Pourtant, ces enfants ont toujours existé. Les ERS ne sont que la version moderne des maisons de correction. Comme les mentalités ont changé, on essaie de les prendre par la douceur. Mais ça ne marche pas mieux que la coercition. La vraie question est plutôt : comment devient-on un irrécupérable social ?

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http://www.education.gouv.fr/cid52718/les-etablissements-de-reinsertion-scolaire-ers.html

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Notre-Dame des routiers

Dans les aires d’autoroute j’aime bien explorer le rayon des accessoires pour camion. Normal, c’est la curiosité professionnelle associée à la reconnaissance du ventre puisque les métiers de la route me font vivre depuis trente ans. Donc au milieu des souffleurs d’air à dépoussiérer, des fours à micro-ondes branchables sur l’allume-cigare, des mégaphones, des décalcomanies de pin-ups à poil, des bandes réfléchissantes, des boules de volant, des bouilloires et des avertisseurs sonores et musclés, j’aperçois une pile de boîtes contenant des Saintes Vierges lumineuses en plastique à installer sur la planche de bord pour la modique somme de 11,90 €. J’en conclus au passage que Saint-Christophe n’est plus le protecteur numéro un des voyageurs. Avec mon mauvais esprit habituel je me dis que ces statues ne sont pas destinées à ces mécréants de chauffeurs français (je n’en ai jamais vu dans aucune des cabines de poids-lourd que j’ai fréquentées) mais bien plutôt aux pieux Italiens, Espagnols et Allemands. Mais Dieu qu’elles sont moches ! On comprend que nos concitoyens les dédaignent. Marie mérite mieux.

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11 Novembre - 2010

Aujourd’hui comme l’an passé la commune s’est réunie autour du monument aux morts. Le message du ministre des anciens combattants a été lu par les deux mêmes jeunes filles qui n’ont pas progressé dans leur maîtrise de la lecture. Mais un couple d’Anglais installés dans le coin nous accompagnait. En Grande-Bretagne aussi, m’ont-ils dit, le 11 Novembre donne aussi lieu à des cérémonies commémoratives. Leur simple présence était très symbolique de la parenté qui unit nos deux nations au prix du sang. En tout cas, c’est ce que j’ai ressenti. Mes compatriotes gascons ont-ils éprouvé le même sentiment ?

 

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Anthropomorphisme

D’où vient que je n’aime pas voir les chevaux dehors sous la pluie battante et dans le vent aigre de l’automne ? Quand il s’agit des vaches ça ne me fait ni chaud ni froid. Et puis ils prennent un air si résigné, ils ont l’air de tellement s’ennuyer que ça donne mauvaise conscience. Pourtant en Angleterre et en Normandie, c’est bien pire et on les laisse au pré toute l’année sans état d’âme. D’ailleurs, ils ne sont pas malheureux dehors, il faut voir avec quelle impatience ils quittent leur box quand par hasard ils ont dû rester à l’écurie.

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Chaîne végétale

En cette saison on dédouble et on plante les vivaces. C’est ainsi que le phlox paniculé dont mon concierge m’avait fait cadeau vient de me fournir, après maintes divisions antérieures, neuf nouveaux sujets. Les anémones du Japon issues du jardin picard d’une cousine qui a déménagé a déjà permis de fleurir nombre de jardins gascons. De même des géraniums vivaces et des lysimaques ponctuées. Que dire des boutures de rosiers et des pêchers de vigne obtenus à partir de noyaux ? Cette multiplication si facile et si généreuse des plantes et des dons est une merveille qui interdit de douter du Créateur et de l’humanité. Sans compter que certains donataires son facétieux. Je connais une femme qui parsème la campagne d’iris : « C’est joli au printemps quand on se promène de voir des iris au bord des talus. »

 

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Famille éloignée

Ce qu’il y a de bien dans les familles nombreuses, c’est qu’elles sont à l’origine d’une foule d’oncles, de tantes et de cousins suffisamment éloignés pour qu’on n'ait pas de contentieux à leur endroit. Alors on peut se livrer tout entier aux joies de la découverte, des retrouvailles, des évocations, partager des opinions communes rassurantes sur Dieu et la marche du temps sans qu’aucune ombre vienne troubler le bonheur de constituer un monde en soi. Les querelles d’héritage, les conflits affectifs, les jalousies acharnées, les brouilles tenaces, les concurrences féroces, les préférences délétères, les paroles assassines,  les adultères scandaleux sont désamorcés. On en parle même en riant : « Tu te souviens de la tante Geneviève qui avait piqué les ronds de serviette en argent et accusé la bonne de sa sœur Madeleine ? » , « Et l’oncle Michel qui gagnait quatre sous et dont la femme allait s’habiller en cachette au Secours catholique ? » , « Et ce vieux faune de Bertrand qui pelotait ses nièces dans les couloirs ? ». Finalement, heureusement qu’on se dispute en famille. Ca en fournit de bien bonnes aux générations suivantes.

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