On me l’a seriné depuis ma plus tendre enfance, on ne jette pas le pain. Les livres non plus. Les deux sont sacrés. Pour le pain, ça n’est pas trop compliqué. A la campagne on peut toujours donner les croûtons aux animaux. En ville, je fais rôtir les quignons durcis et je les passe à la moulinette (grille à gros trous), ça fait une chapelure de première qualité. Difficile d’en faire autant avec les bouquins. Pourtant, il y a des moments où il faut faire de la place, ne serait-ce que pour les suivants. C’est ce que à quoi je me suis livrée cet après-midi. On garde, on ne garde pas, on jette, on donne, on envoie à la campagne ? Donner, mais à qui ? Autrefois je m’étais ainsi débarrassée des trois quarts de ma bibliothèque en convoquant Emmaüs. Mais c’est refiler le mistigri : si c’est le donataire qui balance, c’est lui le pêcheur. Et je garde la conscience tranquille. Si je mets à la poubelle, les livres seront sans doute récupérés par quelque biffin qui en fera peut-être son beurre. Là aussi, je suis exonérée de ma faute. En tous les cas, je ne saurais trop vous conseiller de vous délester de ces encombrants personnages : je n’ai jamais regretté de les avoir abandonnés. Mais de les avoir prêtés, si.
Grain de poivre
si cela vous encombre, je peux vous donner mon adresse...
Rédigé par : adamastor | 11 février 2011 à 14:21