Ouais, de toute façon, vous en avez rien à foutre de moi. C’est pour ça que vous voulez me mettre en pension.
Ouais, de toute façon vous en avez rien à foutre de moi. C’est pour ça que vous ne voulez pas que j’aille en pension.
Ouais, de toute façon, vous en avez rien à foutre de moi. C’est pour ça que vous voulez me mettre en pension.
Ouais, de toute façon vous en avez rien à foutre de moi. C’est pour ça que vous ne voulez pas que j’aille en pension.
J’ai eu toutes les peines du monde à trouver en plein Paris un endroit où faire faire des photos d’identité. Tous les photomatons ont disparu. Celui du métro, celui du Monoprix, celui de la poste. Et avec eux bien sûr les modèles qui me laissaient déjà perplexe quand j’étais enfant : les amoureux enlacés qui s’étaient empilés sur le siège pivotant, le fier à bras qui montrait ses muscles (il avait dû se déshabiller pour se prendre en photo mais où donc avait-il suspendu ses vêtements ?), les bébés dans les bras de leur mère. Toutes scènes hautement improbables à mes yeux juvéniles destinées à étendre l'utilisation des boîtes au-delà de la seule prise de photos officielles. Aujourd’hui à Paris on n’en est plus aux fantasmes. Quand on a dégotté un photographe qui fait le boulot on peut s’estimer heureux, à n’importe quel prix : sept euros pour six photos ou huit euros pour huit photos. Comme me l’a aimablement fait remarquer l’homme de l’art, cela dépend de si on a ou non un fan-club. J’ai choisi la formule à sept euros.
Rien qu’au titre, vous vous êtes dit « Tiens, Grain de poivre se lâche ». En effet, on se libère de toute obligation ou prohibition, on choisit son lieu et son moment, puis on s’installe commodément dans un large et confortable fauteuil. La lumière s’éteint. Subitement on est ailleurs pour une heure et demie. Eh oui, tout ce temps. Et on se laisse prendre par des images, des fantasmes, une action, un rythme. Quand on émerge, le monde est décalé. On sort du cinéma.
J’aurais adoré être une riche héritière, comme dans les romans de gare. Hélas, c’est encore un avatar qui me sera refusé. Refusé ou épargné ? Car dans ces romans et même dans la vie, les riches héritières sont souvent assassinées ou placées sous tutelle.
C’est la coutume : je souhaite à tous mes fidèles lecteurs une bonne et heureuse année 2012. En cette période de crise, de beaux esprits s’interrogent : est-il encore tolérable que l’on dépense tant de temps et d’argent en pots de Nouvel an ? Ne ferait-on pas mieux de donner l’équivalent aux Restos du cœur ? Quelle bande de pisse-vinaigre ! Supprimer les vœux et leur tralala c’est comme renoncer au défilé du 14 Juillet. Même si tout le monde sait bien que les souhaits se heurteront à la dure réalité de la vie quotidienne, politique, économique et mondialisée, ils permettent l’espace d’un instant de rêver à une vie pavée de pétales de rose. Et ça, ça ne coûte pas bien cher.
C’est la trêve des confiseurs, c’est la trêve des meuniers à poivre. Rendez-vous début 2012. Et, d’ici-là, bonnes fêtes, hein !
Un type monte dans le wagon de métro avec deux chiennes de style labrador. Je les sais parce qu’il leur a dit « Alors, on monte, les filles ! » (ce qui dans un autre contexte aurait pu prêter à confusion). Et il déclame son baratin, il accepte les tickets-restaurant, les petits billets de dix euros, les cigarettes, les tickets de métro. Alors qu’il commence à s’avancer parmi les passagers, à l’autre bout du wagon, un autre homme, suité cette fois-ci d’un berger (ou d’une bergère) allemand, annonce qu’il accepte les tickets-restaurant, les petits billets de dix euros, les cigarettes… Et voilà les deux compères qui s’aperçoivent qu’ils sont en train de se marcher sur les pieds : « Mais pourquoi t’es monté dans le même wagon ? » Et de descendre fissa et ensemble à la station suivante. La prochaine fois ils feront gaffe.
En cliquant sur le lien vous allez découvrir le bon côté du job !
Merkel et Sarkozy ne se quittent plus. Merkel surtout adore venir déjeuner à l’Elysée. Le chef s’arrache les cheveux sous sa toque pour élaborer à chaque fois un nouveau menu.
Trois collégiens à la bouille sypathique, excités et braillards descendent en courant l’escalier du métro. « Eh, t’as entendu Madame Durond en instruction civique avec sa liste des infractions civiques ? Eh ben, moi chte dis que si j’l’écoute, chus un criminel ! »
C’est quand même pas drôle de voir ses nichons migrer dans sa cage thoracique. Encore moins d’en mourir. Finalement, j’ai bien fait de me contenter de ce que la nature m’a fourni.
En cette période de crise le buraliste du village est un homme heureux. Son chiffre d’affaire a augmenté de 25 % en un an. Doit-il cette embellie à la vente accrue d’asticots pour la pêche, de cartes postales et routières, de magazines divers, de presse pipole, de billets de loto et d’euromillion, de cahiers et de taille-crayon ? Pas du tout. C’est le tabac. Les buralistes ont tellement crié que les douanes les ont entendus. Désormais l’importation de cigarettes d’Espagne, toute proche, est limitée à trois cartouches par voiture. Et 700 € d’amende aux contrevenants. Ca donne à réfléchir. Le buraliste pour sa part est fumeur. Il pétune sur le pas de la porte de sa boutique : « Remarquez, je ne suis pas obligé de sortir. Je pourrais fumer derrière ma caisse parce que là je suis chez moi, je fais ce que je veux. Même les gendarmes n’ont pas le droit d’y mettre les pieds. Que les douaniers. Mais de l’autre côté, côté clients quoi, là j’ai pas le droit, c’est un espace public. » Avec tout ça on se demande qui commande à qui, les douaniers ou les buralistes ?
Je ne suis pas une croqueuse de diamant ni un arbre de Noël, néanmoins cette phrase qu’on attribue à Liz Taylor me met en joie : « Il n’y a pas que l’argent dans la vie, il y a aussi les bijoux et les fourrures. »
M. Monti, le nouveau président du Conseil italien, est un homme sérieux. Personne ne l’a jamais vu plaisanter. A Bruxelles, il était redouté pour sa rigueur. La meilleure preuve, d’après les médias, qu’avec lui on ne rigole pas est qu’il est marié avec la même femme depuis 42 ans.
C'est bien la peine que l’Académie se soit donné tant de mal. Personne ne tient compte de la réforme de l’orthographe qu’elle a promulguée en 1990. Sauf les cancres évidemment qui l’appliquent sans savoir car ils écrivent au pif. Conçue pour simplifier ladite réforme compliquerait plutôt. Ainsi, on ne devrait plus écrire nénuphar mais nénufar. Pourquoi pas si tous les ph sont remplacés par des f, ce qui n’est pas le cas. Chaque nouvelle forme comporte ses exceptions. Du coup c’est l’embrouille maximale. Je n’ai pas réussi à savoir si continuer de mettre l’orthographe traditionnelle constituait ou non une faute. Comme à une certaine époque dire la messe en latin et non celle de Vatican II.
Les Gaulois, paraît-il, se badigeonnaient de bleu afin d'épouvanter les Romains pour qui cette couleur était funeste. Les envahisseurs en concevaient une peur… bleue ! Aujourd’hui, dans la région de Lectoure on fabrique encore de la teinture et de la peinture avec le pastel. La teinte peut être très douce mais aussi relativement foncée. Impossible avec un produit aussi artisanal d’obtenir un résultat constant. La surprise a son charme mais elle rend l’usage du produit difficile à une époque de standardisation.
Aujourd’hui j’apprends à faire des pâtés, pas des pâtés de sable ni des pâtés Waterman, non, des pâtés de chair à pâté. Evidemment je n’oublierai pas d’y mettre mon grain de poivre.
On devrait obliger les retraités à dépenser l’intégralité de leur pension en ne leur laissant qu’une marge pour parer aux coups durs. Ca permettrait de recycler immédiatement dans la consommation l’argent qu’ils coûtent aux actifs. Je sais qu’il faudrait en plus qu’ils n’achètent que des produits made in France, que certains argueront que vu la modestie des retraites ils y sont déjà contraints et forcés. Je sais aussi que pour beaucoup un tel comportement relève de la révolution culturelle, nourris qu’ils ont été de l’idée qu’épargner était vertueux et dépenser vicieux. Mais enfin ça serait quand même une bonne orientation.
Si chacun des époux devient transsexuel, il y aura toujours un monsieur et une madame. En plus pour les gosses ça simplifie.
Grain de poivre
Le film « Polisse » qui a obtenu un prix au dernier festival de Cannes montre la vie quotidienne de la brigade des mineurs de Paris. C’est plus élaboré que les séries du vendredi soir sur la 2. Une sorte de reportage amélioré en quelque sorte mais sans réel scénario. Pour moi qui ne suis pas confrontée aux pédophiles, incestueux et autres exhibitionnistes, c’est l’occasion de me faire une idée du monde qui m’entoure. Et justement, à ce sujet, j’ai été frappée par la brutalité du langage des flics, des enfants, des parents, bref de tout le monde. Un vocabulaire à dominante sexuée et sexuelle dont la crudité n’est plus perçue comme telle. Comme si la surenchère était le seul moyen de se faire entendre. Derrière les mots on voit les conduites qui vont avec. Alors, comment peut-on à la fois dénoncer les abus commis sur la personne des enfants et mener une vie déjantée? Comment s’étonner que des gamines de 14 ans se soumettent sans façon aux caprices sexuels de leurs petits camarades de classe pour récupérer leur portable quand les adultes censés les guider n’ont plus aucun repère dans leur existence personnelle ?
Grain de poivre
La petite Julia Sarkozy est née le jour de la mort de Khadafi. L’une entre en scène, l’autre en sort. Quelles fées, quelles sorcières se penchent sur le berceau de celle-ci, se sont penchées sur le couffin de celui-là ? Tout nouveau-né renferme un mystère, celui de sa destinée. Est-ce pour cela que leur frimousse opaque est si fascinante ?
Grain de poivre
Force m’a été de constater que les platanes londoniens sont beaucoup plus beaux, plus hauts, plus fournis, plus verts, plus élancés que les platanes parisiens et plus généralement que les platanes français. C’est dur à admettre mais c’est comme ça. Cette supériorité est sans doute due à la pluie qui de toute évidence favorise la croissance de cet arbre. Mais alors, Pagnol ? Les parties de pétanque à l’ombre des platanes ? Les foirails* du Sud-Ouest ? Le platane ne serait-il pas l’emblème méridional de nos routes et de nos cités ? C’est oublier que sa frondaison peut tout aussi bien faire office de parasol que de parapluie.
*Ca m'étonnerait que le pluriel soit foiraux.
Grain de poivre
En Angleterre, il y a des quartiers riches et des quartiers pauvres. En France il y a des quartiers chics et des quartiers défavorisés.
Grain de poivre
Voilà plus d’un siècle que l’admiration inconditionnelle pour l’art maya a saisi l’Occident chrétien. A la fin du XIXème siècle on a ainsi mis sur le marché à Paris treize crânes mayas en cristal de roche qui ont été jusqu’à maintenant quasiment vénérés des archéologues et des amateurs. Hélas, la provenance du cristal l’atteste, ils ne sont pas plus mayas que vous et moi mais originaires d’un atelier des environs du village allemand de Idar-Oberstein en Rhénanie-Palatinat. Réunies en cercle ces treize œuvres d’art étaient censées pouvoir empêcher la fin du monde prévue par le calendrier maya le 21 décembre 2012. C’est vraiment malin d’avoir déjoué la supercherie. Comment on va faire maintenant pour arrêter la fin du monde ?
Grain de poivre
Pas besoin d’aller se faire papouiller en Thaïlande pour éprouver une bienfaisante relaxation. On trouve ça au fin fond de la campagne gasconne. Jugez plutôt.
« Diplômée en Médecine (Ah Diafoirus !), praticienne en thérapie corporelle, mariée, maman de deux enfants, je vous invite à passer un merveilleux moment de relaxation avec une méthode qui est caractérisée par un toucher très fluide, attentif et respectueux de la personne soignée. »
La somatothérapeute intervient en français, en anglais et en allemand, rien que ça.Je n’ai pas reproduit la mise en page du prospectus glané justement au Crédit agricole (au fait Dominique, dans les trous il n’y a pas de bureau de change). Mais puisqu’on parle d’argent je précise que la prestation revient à 35 € les 60 minutes. A ce tarif heureusement pour elle que la récolte de maïs est exceptionnelle.
Grain de poivre
J’ai adoré fumer et j’en ai bien profité (cf ma note d’hier). Maintenant c’est fini, depuis huit ans. Mais j’aime toujours qu’on pétune autour de moi, ça me rappelle de bons souvenirs. A la grande époque permissive on fumait au boulot pendant les réunions, dans les dîners en ville dès qu’on avait franchi le seuil de l’hôtesse, on achetait même des cigarettes pour ses invités, bref on fumait partout sans complexe. Actuellement, tout le monde se cache ou croit se cacher. Mes invités, malgré mes objurgations, vont se réfugier sur le balcon ou dans le jardin, et les employés descendent dans la rue même par les froids les plus extrêmes pour en griller une. Entre nous je suis toujours étonnée du nombre de gens qui passent ainsi du temps ailleurs qu’à leur poste de travail et de la mansuétude de leur employeur. Si je compte bien une pause cigarette coûte trois minutes pendant lesquelles le travailleur pense à sa future pause, plus deux minutes pour mettre l’ordinateur en veille (dans les grands magasins il y a la variante « Eh, Josiane, tu m’prends ma caisse ? » ) plus deux minutes pour retrouver son briquet et enfiler un manteau plus une minute pour attendre l’ascenseur plus trois minutes pour prendre un gobelet de café au distributeur (pas de bonne clope sans café, c’est bien connu) plus une minute pour descendre plus dix minutes pour fumer et boire le café plus trois minutes minimum pour bavarder avec les collègues plus trois minutes pour faire le trajet en sens inverse plus cinq minutes pour enlever son manteau, ranger briquet et paquet de sèches, réveiller l’ordinateur, retrouver ses crayons et avoir l’esprit au travail (ou reprendre sa caisse et les clients). Total, vingt cinq minutes. A raison de trois pauses minimum dans la journée ça fait une heure et quart par jour, soit six heures et quart dans la semaine, à retrancher des trente cinq heures hebdomadaires. Ce qui nous donne un temps d’activité laborieuse effectif de vingt huit heures et quart payées trente neuf. Je comprends pourquoi certains pensent qu’il faut décompter les temps de pause du temps de travail et encore mieux ceux qui avancent que les Français sont les salariés les plus productifs de la planète.
Grain de poivre
C’est la moisson du maïs. La dernière étape de cette culture magnifique que j’ai suivie de la graine à l’épi. Les champs sont fauchés comme des parts de gâteau, les remorques débordent de grains orangés. Quelle somptueuse abondance !
Grain de poivre
Trouvé sur la Toile : « Dans le monde actuel nous investissons cinq fois plus d’argent en médicaments pour la virilité masculine et le silicone pour les seins des femmes que pour la guérison de la maladie d’Alzheimer.
Dans quelques années, nous aurons des femmes avec des gros seins, des vieux à la verge dure, mais aucun d’entre eux ne se rappellera à quoi ça sert. »
Grain de poivre
Grâce à Jacques Prévert tout le monde connaît la rue de Siam à Brest. On imagine une voie pleine de vie et de troquets mal famés où grouille une population vaguement louche. On se trompe. Actuellement, la rue de Siam est une large artère dépourvue du moindre charme parcourue de très rares passants même aux heures les plus populeuses, même par beau temps. Un désert désespérant. On me dit que cette apathie est due aux travaux du tramway qui coupe la ville en deux. J’aimerais le croire car je n’ai pas constaté plus d’activité dans le reste de la ville, notamment aux abords de la gare, zone qui devrait comme dans toute grande ville connaître un certain trafic. De deux choses l’une, ou les Brestois sont tous au boulot toute la journée ou ils sont tous claquemurés chez eux pour cause de sénescence avancée ?
Grain de poivre
P. S. Impossible par ailleurs de trouver le moindre Paris-Brest dans une pâtisserie, sauf sur commande.
Tous ceux qui me connaissent le savent, j’aime les terrasses de café, surtout à Paris. Lors de mon dernier passage je n’ai pas manqué d’y faire escale. L’air était tendre et, phénomène bizarre, les chalands avaient notablement rajeunis. Ce n’étaient pas des ados ni des étudiants, non de vrais adultes, et le retour de vacances n’expliquait pas à lui seul cette jouvence inopinée. Passé un moment de perplexité j’ai compris : c’est moi qui ai vieilli et la perspective qui a changé.
Grain de poivre
Tous ceux qui me connaissent le savent, j’aime les terrasses de café, surtout à Paris. Lors de mon dernier passage je n’ai pas manqué d’y faire escale. L’air était tendre et, phénomène bizarre, les chalands avaient notablement rajeunis. Ce n’étaient pas des ados ni des étudiants, non de vrais adultes, et le retour de vacances n’expliquait pas à lui seul cette jouvence inopinée. Passé un moment de perplexité j’ai compris : c’est moi qui ai vieilli et la perspective qui a changé.
Grain de poivre
Non, je ne suis pas tombée malade. C’est ma liaison wifi rurale qui a lâché. Le temps qu’une nouvelle antenne soit livrée et installée, votre fidèle Grain de poivre est déjà en vacances. Ou plutôt s’apprête à accueillir la nouvelle génération qui, elle, est en vacances. Rendez-vous au 1er septembre donc. Et d’ici là portez-vous bien.
Tous les patrons qui ont couché avec leur secrétaire doivent baliser : quand on voit le sort de Georges Tron…
Grain de poivre
Vendredi dernier le théâtre de verdure de Seissan (Gers) était inauguré par un concert donné par Nadau, groupe de musique populaire béarnais. Dit tel quel, ça peut sembler ringard. Erreur. On a rarement l’occasion de passer une soirée aussi plaisante. Le chanteur, Miqèu Maffrand, présente en français avec un accent délicieux et un talent de conteur confirmé les chansons qu’il entonnera ensuite en occitan. Des textes simples, quotidiens, tendres, pleins d’humour, jamais vulgaires qui touchent à l’universel de la condition humaine. Cet homme est capable de vous faire rire aux larmes et de vous faire pleurer d’émotion dans la même minute. Quant à la musique elle part du folklore pour finir dans les décibels contemporains sans qu’on ait jamais les oreilles cassées. A ne pas rater. Mais passerez-vous dans le Sud-Ouest cet été ?
L’enseignement de la philosophie dans le secondaire est une exception française que le monde nous envie. Je me demande s’il y a de quoi. Car, à mon avis, c’est à cette particularité que nous devons notre caractère raisonneur, frondeur et contestataire. Même ceux qui ne sont pas allés jusqu’en terminale en sont atteints par contagion. Et si ces défauts traduisaient une liberté d’esprit que nombre d'Etats étrangers redouteraient ?
Grain de poivre
Une jeune femme (25 ans) née sans utérus envisage de se faire greffer celui de sa mère (56 ans) qui n’en a plus l’usage pour pouvoir avoir un enfant. Moi, je serais le mari j’aurais l’impression de coucher avec ma belle-mère. Avis aux amateurs.
Grain de poivre
Voilà deux fois dans la semaine que je tamponne ma bagnole (une prime-à-la-casse, donc relativement récente). La première fois j’emboutis en reculant une voiture garée dans un parking ; la deuxième je me cogne dans un piquet de trottoir. De quoi se remettre sérieusement en cause et de se poser des questions sur l’avenir de son schéma corporel. Quand… par hasard je me rends compte qu’on peut régler la hauteur du siège. Et là, miracle, en position haute je peux enfin prendre la mesure de mon auto et voir mon environnement. Moralité : potassez le mode d’emploi de votre véhicule.
En ce printemps de sécheresse j’avoue avoir louché sur la belle herbe bien grasse des bas-côtés et talus de route. Sûr que mes pauvres Nadir et Frichti réduits à la maigre pitance de leur enclos apprécieraient. Mais je ne me voyais pas transformée en Rémi faisant paître Roussette, la vache de Mère Barberin, le long des chemins la journée durant. Quand j’ai appris que le préfet de je ne sais plus quel département autorisait les agriculteurs à faner les bermes j’ai pensé que je n’étais pas la seule à lorgner sur ce fourrage délaissé et gaspillé. Las, il paraît qu’il ne vaut rien. Il serait même dangereux pour la santé du bétail tout pollué qu’il est par les rejets des automobiles, camions et tracteurs agricoles ainsi que par les divers déchets balancés par les usagers. Un cantonnier prétend qu’on y trouve de tout : papiers gras, bouteilles en plastique, mégots et même soutiens-gorge. Vous comprendrez aisément que ces accessoires ne soient pas comestibles pour les chevaux. Mais qu’on en trouve dans les fossés ne laisse pas de me surprendre. C’est vraiment le dernier endroit où batifoler. Moi qui y ait été expédiée prestement et précisément l’an passé par Nadir, je peux vous le certifier.
Grain de poivre
Je croule sous les cerises et je ne veux pas les laisser perdre. Mais, me direz-vous, donnez-en ! C’est bien ce que je fais mais la solution est limitée car tous mes voisins ont des cerisiers qui eux aussi… Difficile d’en envoyer par la Poste à toute la famille, on ne sait pas quand et donc dans quel état ça arrivera. Reste la confiture. Le dénoyautage me semble insurmontable. Mais il se trouve forcément un lauréat du concours Lépine qui a inventé un truc. En effet, trois magasins plus tard j’ai trouvé l’appareil qui marche très bien et assez vite. Je n’ai plus d’excuse et je m’y colle. Au fait, je n’aime pas la confiture de cerises.
Allons bon, après DSK, Georges Tron s’y met. Il a pourtant l’air archi-convenable cet homme, toujours soigné, bien habillé et tout. Son problème à lui c’est la réflexothérapie. Il aime bien s’exercer sur son entourage. Alors forcément quand on commence à titiller le petit orteil de sa secrétaire, on est tenté de jouer à la petite bête qui monte, qui monte, guiliguili. Et quand il s’agit d’une dame, devinez où on arrive ? Comme le disaient avec une gouaille résignée les habitués du café de France, place Carnot, Seissan, Gers, ce matin : « Maintenant pour faire de la politique il faudra commencer par prendre du bromure. »
Grain de poivre
Je ne sais s’il faut soutenir le gouvernement ou les ligues d’automobilistes dans la querelle des panneaux annonciateurs de radars. Après tout, s’il y a des limitations de vitesse, radar ou pas, il faut les respecter. Personnellement j’aime bien appuyer sur le champignon. Mais je préfère encore garder mes points et mes euros. En tout cas, il devrait exister des radars pour véhicules trop lents. Rien n’est plus exaspérant ni plus dangereux que les autos qui se traînent à 80 km/h sur une ligne droite et qu’on ne peut dépasser pour cause de trafic en sens inverse. Quand on y parvient enfin, c'est toujours la surprise. Et non, ce n'est pas un pépé à béret mais une honnête quinquagénaire, ni même une vieille bique frisottée mais une pimpante jeune femme. N'empêche, ces conducteurs aussi devraient être verbalisés.
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Jadis et naguère les petites bonnes se faisaient régulièrement sauter par les hommes de la famille où elles servaient. Le père d’abord qui était ainsi dispensé d’honorer sa femme laquelle fermait les yeux soulagée de la crainte d’attraper encore un enfant. Et les fils qui faisaient successivement leurs premières armes à domicile. La pauvre fille se retrouvait forcément enceinte un beau matin et dès que ça se voyait était renvoyée chez sa mère avec l’infamie pour seul manteau. Je ne sais si c’est la disparition des servantes ou la progression de la vertu qui a mis fin à une coutume admise par tous, avec fatalisme par la soubrette, avec l’approbation de toute la maisonnée pour ces messieurs. En tout cas, j’en connais un qui s’est trompé de siècle.
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Café à la terrasse en fin de matinée, l’air est tendre, les gens sont encore frais. Déjeuner dans les jardins d’un club sélect, oiseaux pépiant dans les frondaisons. Autobus articulé bondé d’une population grasse et bigarrée. Crasse des trottoirs périphériques, luxe des grands magasins pour touristes chinoises, accents ultra-marins, réunions intellectuelles, sirènes hurlantes, rendez-vous amicaux…
Quelques mètres carrés de bitume, quatre pigeons qui guignent un petit croûton de pain. Le rouge, grand et gras gonfle ses plumes et distribue plus de coups de bec à ses congénères qu’au quignon. A force, il finit par les chasser tous et reste maître du terrain. Triomphant et seul.
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Comme je ne joue jamais, je ne risque pas de gagner. Mais aujourd’hui alors que j’étais à la maison de la presse-bureau de tabac-chasse-pêche-Française des jeux, je me suis laissé gagner par la fièvre ambiante. Pensez, un vendredi 13, tout le monde tente sa chance. Du coup j’ai doublé les mises : deux sur le Loto, deux sur l’Euromillion. J’aimerais bien me réveiller millionnaire demain. Pour huit euros de mise. Parce qu’il faut être raisonnable et que je sais déjà que je les ai déjà perdus.
Le rapport annuel de SOS homophobie révèle une hausse de 42 % des cas rapportés d'agressions physiques de personnes homosexuelles en France. Cela va de la bousculade au passage à tabac, jusqu'au viol et même au meurtre. En ce qui concerne le viol, je m’interroge. Le viol sur les femmes homosexuelles serait-il commis par des femmes hétérosexuelles ? Sans doute pas. Et s’il l’est par des hommes hétérosexuels sur des hommes homosexuels, les premiers n’usent-ils pas alors de pratiques homosexuelles ? Ce qui les rangerait de facto dans la catégorie homo. Car il ne s’agit apparemment pas de viol entre homosexuels d'un même sexe ni même entre un homosexuel et une homosexuelle. Le seul viol probable me semble donc celui perpétré par un homme hétérosexuel sur une femme homosexuelle. Histoire de lui apprendre ce qu'elle rate. Non mais sans blague !
Chaque période a ses tics de langage. Actuellement on a droit à des formules toutes faites assez commodes et somme toute plus courtoises que leur équivalent antérieur. « Rappelez-moi vos coordonnées », « Je vous laisse patienter », « Je vous laisse vous installer », « Je vous raccompagne ». La plus belle trouvaille à mes yeux est « Je reviens vers vous ». C’est quand même mieux que « Vous pourriez pas vous grouiller un peu, des fois »
Grain de poivre
Il est gentil, travailleur, honnête, sobre, pas courreur, il ne la bat pas, il s’occupe des gosses, bricole pendant le week-end, fait la cuisine à l’occasion. Et pourtant ça ne lui suffit pas. Elle veut s’éclater. Avec qui ? Où ? Comment ? Elle n’en sait rien au juste. Mais elle aimerait bien que ça soit comme dans les séries télé. Américaines de préférence.
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A l’occasion d’une randonnée pédestre j’ai eu l’occasion de deviser avec une dame très digne, 75 ans à vue de nez. Tout est allé bien tant que la conversation a roulé sur les arbres, les fossés, la sécheresse et les champignons absents. Et puis après une brève discussion avec le garde forestier qui avait des problèmes de boîte aux lettres, les choses ont dérapé. C’était la fin du service public, affirmait-elle, d’ailleurs Sarkozy était pire que Le Pen. Ah, le capitalisme, quelle horreur ! C’était mieux du temps de l’Union soviétique. Quand on voyait tout ce que ces gens avaient construit comme usines et comme barrages en sortant tout droit du Moyen-Age. Les millions de gens broyés par le système ? Ce n’était qu’un avatar. Les conditions de vie ? Ah, il faut voir ce qui se passe chez nous, avec ces centaines de milliers de gens qui dorment dans la rue. Etc. Inutile de perdre sa salive à répliquer. J’ai compris. La prochaine fois, je ne parle que de l’air du temps.
Ce matin je suis allée à Jégun chercher les foies gras que je vais mettre en conserve comme tous les ans. C’est déjà un peu tard en saison, c’est mieux quand il fait un peu froid mais les canards de mon producteur sont gavés au frais. Pour m’en convaincre il m’a fait visiter son « canardier » (on dit poulailler, je ne sais pas comment on dit pour les canards). La production de canards gras est pratiquement sa seule activité, son exploitation de onze hectares seulement ne lui permettant pas d’être tout bonnement agriculteur. Il achète touts les quinze jours deux cents canards prêts à gaver et les abat deux semaines plus tard. Tout est acheté, la preuve, j’ai dû passer commande il y a pratiquement un mois. La concurrence israélienne ou centre-européenne, qu’en pense-t-il ? Il répond par un haussement d’épaule et un sourire de commisération.
Journaliste, conseil en communication institutionnelle. Cavalière. IEP Paris.
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