On m’aurait dit que je ne lâcherais pas un roman western que j’aurais ri. Les film western m’ennuient à mourir. Mais là, c’est différent. Le récit de cette longue marche du Texas au Montana, par les plaines hostiles et généreuses m’envoûte, Les hommes sont de pauvres diables, les femmes des putains. Tout ce monde est fruste, primitif et cependant attachant. Et quelle délicatesse dans l’écriture, que d’humour entre les lignes ! Curieux comme dans ces immensités on peut se rencontrer, se chercher et se retrouver. Sans téléphone portable.
Lonesome Dove de Larry McMurty chez Gallmeiser
Bizarre comme la
vie champêtre me laisse peu de temps pour la lecture… Je viens néanmoins de
poster dans Epices littéraires deux notes sur mes derniers bouquins.
Suivez le lien :
http://heme.typepad.fr/epices_litteraires/
Grain de poivre
Le dernier livre de John Le Carré, Un homme très recherché, est une réussite. 16/20. C’est un bonheur de voir comment l’auteur âgé de 77 ans n’a rien perdu de sa finesse ni de son humour. Comme c’est un peu moins compliqué qu’avant on comprend plus vite et on a moins besoin de revenir en arrière pour bien saisir. Mais l’intrigue n’est ici qu’un prétexte pour nous montrer une partie des modes de fonctionnement islamo-islamistes et la manière dont les Occidentaux, selon leur sensibilité nationale, les traitent.
Grain de poivre
Ce roman d’Andreï Makine raconte l’histoire poignante d’un jeune musicien soviétique qui, plutôt que de risquer d’être envoyé au goulag, prend l’identité d’un soldat mort et fait la guerre en risquant sa vie à chaque instant. Par la suite il est poursuivi par l’absurdité de son destin d’homo sovieticus. Comme toujours Makine dans un style très pur et avec une grande économie de moyens sait suggérer l’intensité du bouillonnement des sentiments et les contrastes paradoxaux de l’existence. Dommage que le livre soit si court, 130 pages.
Grain de poivre
Le nouveau roman de Jean-Paul Dubois qu'on trouve en bonne place sur les tables des libraires décrit un homme qui s’ennuie. Il s’ennuie tellement que c’est contagieux. J’ai fini le livre en baillant et si je ne l’ai pas abandonné en cours de route c’est que je l’avais acheté. Histoire de finir mon assiette, comme au restaurant.
Grain de poivre
Voilà une biographie romancée et alerte du cocu magnifique
que fut l’époux de la Montespan. Jean Teulé, l’auteur, se livre à un exercice
de style éblouissant, la narration est enlevée, gaillarde parfois burlesque, souvent drôle. Le tragi-comique du destin de Louis-Henri, amoureux éperdu de sa
femme, en fait un personnage dont le ridicule et la persévérance tissent la grandeur.
Dommage que quelques anachronismes cassent le rythme (redingote, Creuse au sens de zone géographique, hectares, bléno…)
Grain de poivre
Je viens de terminer Le Pacte des assassins de Max
Gallo. J'y ai trouvé une réponse à la question récurrente : comment tant
de gens, de bonne foi, ont-ils pu se laisser séduire par les sirènes
communistes et refuser de voir la réalité ? Car la réalité, moi qui suis née
comme le narrateur en 1949, je l'ai toujours sue depuis ma petite enfance.
Est-ce dû aux années d'école primaire passées chez les soeurs de Saint Joseph
de Cluny qui nous faisaient prier à longueur de temps pour les chrétiens
persécutés par les communistes ? Ou parce que mon père qui le savait nous le
disait ? Et s’il le savait, il fallait bien que quelqu’un le lui ait dit, ou qu’il
l’ait lu quelque part. Mais même ensuite au début des années 60 au lycée, nos
professeurs d'histoire nous en parlaient : la dékoulakisation, le NKVD, la
Guépéou, le KGB, les purges de 37, les camps, la délation permanente, la
pauvreté, la pénurie n'étaient pas un secret.
En revanche, ce que j'ai appris et que j'ignorais - mais
c'est précisément l'argument du livre - c'est le jeu ininterrompu et pervers qui s'est joué entre l'Allemagne de Guillaume II, de Weimar, d'Hitler
et les révolutionnaires communistes puis l'Urss et cela jusqu'à la défaite du nazisme.
Grain de poivre
Arte nous a donné, je suppose à l’occasion de Pâques, une
biographie en quatre épisodes de James Cook que j’ai regardée jusqu’au bout.
J’y ai eu d’autant de plaisir que j’y ai vu l’écho du roman Le Retour
d’Anna Enquist chez Actes Sud qui est très attachant et tout à fait
remarquable : c’est l’histoire de la femme de Cook, une personne au
caractère bien trempé qui a passé sa vie à attendre son mari et à enterrer ses
enfants. A lire les yeux fermés.
Grain de poivre
A l’instar des Mythologies de Roland Barthes, livre publié
en 1957, les Nouvelles Mythologies dressent un tableau aigre-doux de notre
société, avec ses poncifs, ses manies, ses chevaux de bataille, ses prises de
position convenues et convenables. Cinquante sept textes d’une page et demie à
deux pages écrits par des intellectuels de tous horizons. C’est enlevé, perçant,
souvent très bien écrit, jamais méchant, un vrai plaisir. J’en suis
jalouse.
Sous la direction de Jérôme Garcin
Editions du Seuil
192 pages
14 €
Grain de poivre
Désolée de vous laisser tomber ce soir, mais pour une fois
que je tiens un bon bouquin, j’y retourne. L’ennui est qu’il ne compte que 146
pages et que je vais l’avoir fini sous peu. A plusse.
Grain de poivre
J’ai acheté récemment Le sieur Dieu de Franz-Olivier
Giesbert. Je me suis vite rendu compte que je l’avais déjà
lu. Tant pis, j’ai continué : quand on achète un livre va jusqu’au bout. C’est comme au restaurant, on finit son assiette. Malgré la
sensation de déjà vu, ce fut avec plaisir. L’auteur s’en va dans tous les sens,
croisade contre les vaudois, meurtres en série de jeunes filles, luttes
d’influences et cruauté ordinaire, il court inlassable par les collines
provençales. Parfois on s’embrouille (moi en tout cas). Mais au moins il nous
raconte une histoire. Son héros, le sieur Jehan Dieu de La Viguerie, homme
éclairé pour son époque n’en est pas pour autant exempt de préjugés et de
faiblesses, ce qui le rend crédible et attachant. Dans la dernière partie le
malheureux est aux mains de l’Inquisition qui l’accuse de crime
et d’hérésie. J’ai retenu l’exposé de la méthode des
interrogatoires : « L’accusé ne devait pas avoir la moindre idée
de son chef d’inculpation. Le père Riqueteau, qui prenait toujours un malin
plaisir à brouiller les pistes, le lançait sur le général avant de l’amener peu
à peu au particulier. Il savait jouer du silence qui conduit l’hérétique à
parler pour tromper sa peur. Il suffisait alors d’un bout de fil et il tirait
toute la pelote, mais en douceur, sans jamais forcer. Quand tombait un aveu, il
feignait de ne pas l’avoir entendu pour revenir dessus, l’air de rien, quelques
jours plus tard. Il se comportait, au moins dans une première phase, comme un
ami aux petits soins. » Ca ne vous rappelle rien ?
Editions Gallimard, collection Folio.
De Jean-Christophe Rufin
Décidément je n’ai pas de chance avec les livres que j’achète en ce moment. Devrais-je d’ailleurs les acheter au lieu de les emprunter à la bibliothèque municipale ? mais ceci est un autre débat. Toujours est-il que je viens de finir Le Parfum d’Adam et que je suis horriblement déçue. Qu’est-il arrivé à Jean-Christophe qui m’avait régalée avec L’Abyssin, Rouge Brésil, La Salamandre et Globalia montrant par la variété des genres l’étendue de son talent. Cette fois-ci on est dans un « thriller » écrit à l’américaine avec des ficelles grosses comme des cordes d’amarrage. Ce n’est pas qu’on s’ennuie, mais c’est convenu, attendu, déjà lu. J’espère que ce faux pas n’est dû qu’à l’impatience de l’éditeur soucieux de faire du chiffre.
Grain de poivre
de William Boyd
Editions du Seuil
C’est mauvais, très mauvais. J’ai quand même appris deux
choses. Premièrement que les Etats-Unis en 1941 n’avaient aucune envie de faire
la guerre aux côtés des Anglais et que d’ailleurs les relations entre les deux
pays étaient assez aigres. Deuxièmement qu’on peut assassiner son prochain
en lui plantant un crayon bien taillé dans l’œil. Je m’en souviendrai quand je
prendrai l’avion, moi qui me fais régulièrement confisquer mon couteau.
Mais où est l’auteur d’Armadillo et de L’Après-midi
bleu ? Disparu à force d’aguets. Boyd nous mène sur deux pistes à la
fois, n’en suit finalement qu’une et encore de façon peu convaincante, celle de
Romer, qui n’aboutit nulle part. Quant à la deuxième, celle de Ludger
elle reste carrément en suspens.
Certains sont moins gâtés que W. Boyd :
http://dolce.blog.lemonde.fr/2005/12/20/2005_12_les_editions_du/
Grain de poivre
Journaliste, conseil en communication institutionnelle. Cavalière. IEP Paris.
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