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Euromillion

L'argent est mal réparti, même dans les loteries. C'est dire. Le dernier gagnant de l'euromillion a touché cent millions d'euros. Mais qu'ont touché les joueurs qui n'ont trouvé que trois voire deux voire aucun numéro, hein ? Des clopinettes. C'est vraiment pas démocratique. Normalement on devrait prendre dans la poche des gagnants pour remplir celle des perdants. Ca serait plus juste et ça donnerait de l'espoir à tous ceux que le hasard ne favorise jamais. Et l'espoir, ça n'a pas de prix.

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Compatriotes

C’est un jour de grand départ, ou de grand retour, peu importe. Bison futé voit rouge, voire noir. Les aires d’autoroutes sont surpeuplées de familles, les mères en T-shirt rose, les pères en short, les gosses en tongs. De bons Français râleurs, débraillés, serviables, généreux, mes compatriotes.

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Rentrée

Je ne vous apprends rien, c’est la rentrée. La rentrée a ceci de merveilleux qu’elle est, encore tout ensoleillée, un deuxième départ, après le Nouvel an. Les deux années, la civile et la scolaire marchent en tiroir. En septembre, c’est la session de rattrapage. Si le début a connu des ratés, voire des désastres, requinqué ou par les vacances, stimulé par l’effervescence écolière, on forme des projets, on prend de bonnes résolutions et on peut espérer que ça va s’arranger d’ici le 1^er janvier.

Allez, bonne rentrée !

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Languedoc

Une invitation à un mariage m’a conduite en Languedoc. A deux heures et demie de la Gascogne, quel dépaysement ! J’étais projetée dans une autre France. Une France de cyprès, de cités de pierre trônant entre et Cévennes et Corbières, d’une lumière dure et d’un ciel impitoyablement bleu. Et au coucher du soleil l’opulence arrogante de deux mille ans de civilisation, l’orgueil des vignes vertes alignées en parade. L’exotisme à portée d’autoroute.

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Pause

« Elle est en pause ! » vous reproche la collègue de la vendeuse du rayon où vous voulez acheter des chaussettes. « Il est en pause ! » vous répond la standardiste de la boîte dont vous essayez de joindre le responsable d’une commande qui tarde à arriver. La pause a une durée indéterminée, cinq minutes, un quart d’heure…, elle peut survenir à tout moment du temps de travail. Ce côté aléatoire fait son charme. La pause a pour corollaire la réunion : « Ah, non, désolé, je ne peux pas vous le passer, il est en réunion. ». Parfois, pause et réunion fusionnent, devant la machine à café notamment. Quoi qu’il en soit, le ton définitif de votre interlocuteur indique clairement qu’on ne badine ni avec les pauses, ni avec les réunions. Vous n’avez plus qu’à vous écraser. Non mais sans blague !

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Petite patrie

Pour la presse locale, les grands événements qui scandent la vie nationale ne sont que des épiphénomènes peu dignes d’être mentionnés. Sarkozy n’a qu’à se le tenir pour dit, il a beau discourir, certains de ses concitoyens resteront toujours sourds à ses propos. Ce matin même Sud-Ouest annonçait consterné à la une « Une Vicoise tuée dans les Landes ! » Pour les non initiés, une Vicoise est une habitante de Vic-Fezensac, petite ville pimpante du Gers, lui-même voisin du département des Landes. On ne peut quand même pas demander à des gens qui ont un tel esprit de clocher de spéculer sur la Nation et encore moins sur l’Europe. Quant à La Dépêche, le quotidien concurrent, elle titrait « Le foie gras fermier ne connaît pas la crise. » Nous voilà rassurés. Quand le Président promet des réformes tous azimuts, il reste encore dans notre beau pays, contre vents et marées, des valeurs fondamentales et intangibles

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Droit

Les enfants ont un sens congénital de la justice. Dès qu’ils savent parler on les entend protester « C’est pas juste ! ». Vous aurez noté qu’ils ne disent jamais « C’est juste ! » La nouvelle génération ajoute « D’abord, j’ai le droit. » Ils ont le droit de tout et de n’importe quoi : « J’ai bien le droit de mettre des basketts, de mâcher du chewing-gum en classe, de manger des hamburgers, de collectionner les cartes pokémon… » Il faut dire que quand ils entendent les adultes revendiquer le droit de ne pas aller voter, de partir en vacances, d’avoir une cuisine équipée, de mettre au monde des rejetons à cinquante cinq ans et les vieillards réclamer le droit de mourir en forme, ils sont  à bonne école.

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Nature

Nous approchons du solstice. Ici en Gascogne la nuit tombe à 22 h 15. On y voyait clair et tout à coup il faut fermer les volets. Les grenouilles se mettent instantanément à coasser et leur vacarme est vraiment désagréable. Quand je pense qu’il y a des gens pour opposer le calme champêtre au vacarme urbain, on voit qu’ils n’ont jamais passé une soirée non loin d’une mare. Là-dessus pointe le charmant poup-poup de l’affreux crapaud, toujours difficile à localiser. La nature se fiche pas mal de nos états d’âme et continue vaille que vaille à vivre sa vie.

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Instinct maternel

Eh bien non, l’instinct maternel n’est pas instinctif. N’en déplaise aux bonnes âmes. Il suffit de voir Mme Courjault, bonne mère seulement pour les enfants qu’elle ne tue pas. Certains, sévères, diront « Même les bêtes ne font pas ça ». En quoi ils se trompent. Une des chattes à demi sauvages qui patrouillent autour de la maison a mis bas récemment dans une prairie au milieu des herbes hautes. On entendait les chatons couiner. Et puis on ne les a plus entendus. Un prédateur s’en est occupé à la place de leur mère qui les avait abandonnés. Heureusement, c’était avant le passage de la faucheuse.

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Question de perspective

Je retrouve après un mois de vie parisienne mon jardin gascon. Une jungle. Pourtant j’avais laissé un espace vert tout à fait parczéjardins, absolument nickel. Il est vrai qu’en cette saison la nature s’en donne à cœur joie. La biomasse n’est pas un vain mot. Il va me falloir plusieurs jours de travail sans relâche pour retrouver quelque chose de présentable. Et évidemment personne ne comprendra qu’il m’ait fallu tant de temps et de peine pour arriver à un résultat somme toute ordinaire. C’est toujours pareil, on ne voit jamais ce qui est fait, parce que c’est normal, mais toujours ce qui ne l’est pas parce que ça dépasse. Par exemple, notre maison était affligée certains jours d’orage d’une désagréable odeur de latrines. Un truc à avoir honte. Nous avons mis des années à trouver l’origine du trouble. Ca a coûté très cher mais c’est une affaire classée. Eh bien, ça vous arrive souvent, quand vous allez chez les gens, de vous dire « Tiens, elle est bien cette baraque, ça ne sent pas mauvais. » ?

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Emily enfant

J’ai acquis aujourd’hui un petit tableau pour lequel j’avais eu un coup de cœur il y a trois mois dans l’atelier de l’artiste, Emily. Il représente une tête en plâtre,  reproduction et réduction d’un vrai plâtre grandeur nature de ladite Emily âgée de neuf ans et sculptée par son père. C’est donc un autoportrait d’Emily par sculpture interposée. Il a une présence intense et je me réjouis de notre future cohabitation. Je suis aussi touchée qu'Emily adulte m'ait confié l'image de son enfance.
Cet hiver à Drouot j’ai acheté le portrait du jeune Denis Rossignol, petit-fils de l’artiste, peint à l’âge de trois ans en 1950. L’enfant a quelque chose de dur et de boudeur dans la physionomie mais l’ensemble est intéressant par l’évocation de l’époque caractérisée par la manière-même du tableau (des couleurs neutres et un dessin au trait), les habits du sujet (un col rond et plat, des manches ballon), sa coupe de cheveux, le camion en bois qu’il tient dans les mains.
Est-ce la faute des enchères si je préfère Emily à Denis ?

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Liquette

Même au fin fond des Combrailles on n’échappe pas à la mode. Et il n’a pas échappé à la population masculine que rentrer sa chemise dans son pantalon ne se faisait plus, mais alors là plus du tout. De sorte que dimanche dernier, à Evaux-les-Bains, à l’occasion de la messe de Pentecôte et de la profession de foi réunies, on pouvait voir dans l’assistance, par ailleurs étonnamment nombreuse, de jeunes hommes sur leur trente et un, pans de chemise blanche dépassant de la veste de leur costume de cérémonie. Ce qui en d’autres temps aurait été considéré comme un débraillé décadent était brusquement passé au rang de conformisme rassurant.

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Lingerie féminine

Au marché un vieux petit bonhomme tout malingre et tout mal fichu s’époumone pour vanter sa marchandise : « Approchez, Mesdames, un coup d’œil sur la nouvelle collection, des dentelles, des macramés, des nacrés ! » Et ce faisant il fait valoir au bout de ses doigts ratatinés d’énormes soutien-gorge et des culottes d’ogresse. Je n’ai encore vu aucune femme lui acheter quelque chose. C’est pathétique.

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Postier

Je suis tombée cet après-midi sur un employé des postes modèle. Je devais effectuer les démarches de suivi du courrier de ma petite entreprise pour les mois d’été. C’est un peu compliqué, il faut aller à la poste centrale, demander à être reçu en particulier, remplir un formulaire, fournir un Kbis et bien sûr payer. Eh bien l’homme qui s’est occupé de mon dossier comme on dit, était prévenant et attentif. Pour arriver dans son bureau il a fallu traverser l’immense salle de tri de la rue des Renaudes, déserte à cette heure. Il m’a alors expliqué avec fierté comment, telle une ruche, les lieux bruissaient d’activité le matin dès cinq heures, comment, une fois le courrier trié, les facteurs étaient lâchés sur le pavé pour le distribuer avec célérité jusqu’aux confins de l’arrondissement. Devant tant de conscience professionnelle et d’amour du métier, l’idée pas très flatteuse de gréviste invétéré que je me fais habituellement du postier de base et a été sérieusement bousculée. Où va-t-on si on doit ainsi remettre en cause ses préjugés ?

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Hagiographie

Quand j’étais enfant j’adorais lire. Et parmi les livres qu’on m’offrait les bandes dessinées de vies de saints figuraient parmi mes préférés. J’ai quasiment appris par cœur la vie de Sainte Bernadette, celle de Sainte Catherine Labouré. Cette dernière m’était d’autant plus proche que j’allais en classe au lycée Victor Duruy (et là vous vous dites, bizarre, Grain de poivre écrit qu’elle était enfant et nous parle de lycée ; c’est que je suis entrée en 6ème à l’âge de neuf ans), et que c’était le quartier des Filles de la charité coiffées de leurs immenses cornettes et de leur QG, la chapelle de la Médaille miraculeuse, rue du Bac. J’aime toujours y aller à la messe, on y côtoie le monde entier du haut en bas de l’échelle sociale et de la gamme des couleurs de peau. Il y avait aussi la vie de saint Pie X, enfant pauvre du fin fond de l’Italie. Je rêvais devant ce qu’on n’appelait pas encore un parcours et qui l’avait propulsé de la misérable chaumière familiale au palais du Vatican, d’un milieu illettré à la tête de l’Eglise, à mes yeux la plus haute dignité que l’on puisse imaginer sur terre – et j’ai gardé le même regard. Et puis, ma vedette, Charles de Foucauld, ce fêtard aspiré par Dieu et retiré dans la prière et la contemplation du haut de l’Assekrem, son refuge du Hoggar, puis assassiné à Tamanrasset par ceux qui se prétendaient ses amis. Toutes ces figures ont sans doute profondément marqué ma cervelle d’enfant. Je ne sais si j’en suis devenue meilleure. En tout cas je suis persuadée qu’il faut proposer des modèles dès l’âge tendre. Et à mon tour, j’achète des hagiographies à l’usage de mes petits-enfants.

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On n'est pas des bêtes

A tout seigneur, tout honneur. Je transmets à mon tour ce magnifique exercice de style reçu par Grincheux (http://grincheux.typepad) en commentaire à sa note du 17 mai "Porc, salut". Ce texte à contrainte serait-il agréé par un oulipien ?

Lorsque je la vis la première fois, je me suis dit : « Voilà une minette qui a du chien. » Bien que je ne me considère pas comme un chaud lapin, à force de penser à elle, je finissais par tourner chèvre, et elle fine mouche, attendais que je lui déclare ma flamme.
     Je lui donnais donc rendez-vous et lorsque j'arrivais, je ne vis pas un chat. Je me dis : comme toutes les souris, elle aime se faire attendre, il n'y a pas de quoi casser trois pattes à un canard, elle ne m'a quand même pas posé un lapin.
     Au bout d'un bon moment que je faisais le pied de grue, elle arriva enfin, elle avait visiblement couru car elle soufflait comme un phoque. Moi, j'essayais de noyer le poisson en lui balançant deux ou trois blagues de mon cru, elle se mit à rire comme une baleine, je ne pus m'empêcher de penser : « quelle bécasse » mais ne relevais pas et décidais de faire l’autruche.
     Au début de notre idylle, tout allait pour le mieux, elle me faisait l'amour comme une panthère, se collait à moi comme une chatte en chaleur, me chouchoutait tellement que j'étais comme un vrai coq en pâte, et un jour on s'est dit « il faut qu'on cohabite. de cheval ! ». 
     Mais vous savez ce que c'est, l'amour rend aveugle, ou tout du moins myope comme une taupe, les mois suivants, j'ouvrais les yeux, Et me rendis compte que plus le temps passait, plus elle me traitait comme un chien.
     Au lieu de me mettre à gueuler comme un putois, je décidais de l’amadouer.
Je lui ai fait mes yeux de crapaud mort d'amour, j'ai versé des larmes de crocodile, je me suis fait doux comme un agneau, mais finalement, j'ai du filer comme un lièvre quand j'ai compris qu'elle me prenait pour un pigeon. Forcément, cette rupture, ça m'a filé le bourdon, je suis resté plusieurs semaines complètement prostré, muet comme une carpe, même mes potes les plus proches, avec qui je suis copain comme cochon, ont essayé de me tirer les vers du nez, mais rien n'y faisait, je restais fermé comme une huître.
     Mais un matin, j'en ai eu mare de dormir comme un loir, je me suis mis debout, fier comme un coq, je me sentais fort comme un taureau, je me sentais frais comme un gardon, parce que je venais de me rendre compte que de toutes façons je ne perdais rien car finalement elle était plate comme une limande, têtue comme une mule, elle avait une langue de vipère et surtout, surtout, un rire de canne à faire péter les oies.
     De plus, au fond de moi, je sais qu'un jour il me tombera une petite caille toute chaude dans le bec, elle aura des yeux de biche, un corps de gazelle nous roucoulerons comme des tourtereaux je la prendrais dans mes bras, avant de la prendre. en levrette et nous nous endormirons dans notre nid douillet.
C'est vrai, quoi, après tout, on n'est pas des bêtes.

Cheval gascon

Trouvée dans un vieux bouquin cette description du cheval gascon qui ressemble furieusement à son maître.

Il a la tête petite, étoilée, courte oreilfe, grands naseaux, œil 
ouvert, flamboyant, toujours éveillé, bouche fraiche, encolure re- 
dressée, crin rude, large poitrail, pied rond, jambe sèche, croupe 
bien prise, poil d'alezan brûlé, pommelé, longue queue, découplé 
et gros, de moyenne force, alerte, fier comme son maître, Ueunissant, 
bon coureur, grattant ta terre, saufaut, impétueux à la course, docile 
au manège, jamais recru ni las à la fatigue, connaissant son maître, 
ami du sabre, mutin surtout quand il entend tambours et trompettes. » 

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J'enlève le bas

C’est encore la saison qui veut ça. Dans le métro, une fille superbe et vêtue – si on peut dire – d’un très joli bikini pose sur une affiche grand format. On apprend à l’occasion que le haut du maillot coûte 19,90 €. Le prix du bas n’est pas mentionné. Il ne semble pas à vendre. Sans doute pour que tout un chacun puisse mieux apprécier les rondeurs mentionnées hier par votre servante

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Fesses

Cet été, si j’en crois l’accroche d’un magazine féminin, c’est pleins feux sur les fesses. Une silhouette sexy exige un arrière-train ferme et rebondi. Ca n’est pas trop tôt et ça va réjouir toutes celles qui étaient inexorablement complexées par la générosité de leur popotin. Le problème est qu’en même temps il faut être mince. Et un derrière callipyge s’accompagne rarement d’une taille de guêpe. Finalement, encore une fois on ne fait que nous compliquer la vie.

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Terrasse

Aux beaux jours un de mes passe-temps favoris est de m’installer en fin d’après-midi à la terrasse du café, place de Lévis, avec un bouquin. Aujourd’hui, je n’avais pas de bouquin donc pas de raison de m’asseoir mais j’ai constaté que beaucoup de guéridons étaient encore libres malgré le soleil qui daignait enfin se montrer. D’ordinaire, on a du mal à se caser. Serait-ce un effet de la crise ?

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Contrôlé positif

Encore un sportif contrôlé positif – Richard Gasquet. A la cocaïne, rien que ça. Mais on va refaire le test avec l’échantillon B, des fois que l’échantillon A ait été mal prélevé. C’est marrant : moi, Grain de poivre, par exemple, on peut me prélever tout ce qu’on voudra on ne me trouvera jamais positive à la cocaïne ni à l’EPO ni à quoi que ce soit d’autre d’ailleurs. Enfin, pour être totalement honnête, peut-être une légère alcoolémie après les repas car je me passe difficilement de vin à table. Bref, l’échantillon A suffirait dans tous les cas de figure. Mais que bouffent-ils donc tous ces sportifs pour être toujours positifs à quelque chose sans s’être jamais drogués ni dopés ?

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Xème sexe

Les grandes stations autoroutières sont la voie – et la voix – de l’avenir. Si l’on en juge par l’affectation des toilettes, elles ne dénombrent pas moins de quatre sexes : les hommes, les femmes, les handicapés et les routiers. Et parfois même un cinquième, les bébés. Les associations de défense des minorités sexuelles n’ont plus qu’à aller se rhabiller.

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Mort subite

La nouvelle a aussitôt fait le tour de la famille abasourdie. Guillaume, mon cousin, a été terrassé hier matin par un infarctus massif, il s’est effondré brutalement au cours d’une réunion de travail. L’ironie du sort a voulu qu’il soit précisément en compagnie de médecins réanimateurs. Mais massage cardiaque, défibrillateur et samu ont été impuissants. A soixante ans Guillaume se portait comme un charme et rien ne laissait présager une telle issue. Les progrès de la médecine nous ont déshabitués de ces événements, on sauve tellement de gens. Qu’est-ce qui fait que celui-ci va être fauché instantanément et celui-là survivre plusieurs décennies ? Pourquoi lui hier et pas moi il y a trois ans ? Le mystère de la vie et de la mort nous laisse toujours sidérés.

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Berlusconi

Le président du conseil italien aurait « eu » quatre vingt sept femmes au cours de l’été dernier. Soit presque une femme par jour. Il paraît que l’argent et le pouvoir ont un attrait irrésistible sur la gent féminine. Pour ma part, n’ayant jamais été confrontée à des hommes à la fois de pouvoir et d’argent, je ne puis en juger. Tant pis. En tout cas je salue la performance de M. Berlusconi. Quelle santé !

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Abeilles

Mai est la saison de l’essaimage. Les abeilles s’annoncent par un vacarme épouvantable, un nuage noir qui ferait un bruit d’hélicoptère. Puis elles se posent sur un arbre, un mur. On peut, paraît-il, les faire fuir en tapant  deux  couvercles l'un contre l'autre. Si la reine entre dans une fissure de façade, c’est fichu. Il ne reste plus qu’à faire venir l’exterminateur. Et c’est bien dommage alors que les abeilles se font rares et précieuses. Cet après-midi, l’apiculteur du coin est venu récupérer un essaim agglutiné sur un tronc d’arbre. Il a suspendu une ruche juste au dessous et on a pu voir les abeilles y descendre comme une coulée de lave. Demain, une nouvelle ruche sera en activité. Ce sera toujours ça de gagné sur l’étrange maladie qui décime ces hyménoptères. Depuis que le régent et le gaucho ont été interdits, il semblerait que ça aille mieux mais des ruches entières sont toujours frappées de paralysie sans qu’on arrive à en trouver la cause. Le miel et les parquets cirés sont devenus des luxes.

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Flash

Au courrier tout à l’heure une lettre du Trésor public que j’ouvre en toute confiance à jour que je suis de toutes mes contributions. A ma grande surprise, me voilà taxée de 90 € (si je paie illico) pour être sortie du village un certain vendredi sur le coup de 10 h 45 à  66 km/h au lieu de 50. Plus, si j’ose dire, un nombre indéterminé de points en moins. Ca alors, quelle bande de faux derches. ! Mettre un radar juste avant le panneau de sortie d’un bled pile à l'endroit où on prend son élan pour filer sur la départementale. Surtout avec la vieille cantine à roulettes avec laquelle je me déplace et qui ne dépasse plus pied au plancher les 100 km/h. C’est vraiment dégueulasse.

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Promenade

Quand on se promène à cheval on voit les choses de haut, par-dessus les haies. Alors forcément, on est indiscret. Tiens, il a tondu sa pelouse. On dirait qu’ils vont enfin débarrasser leur cour de tout son bazar. Eh bien, il se plaint que les affaires marchent mal mais il s’est fait construire une piscine. Mais, il est drôlement joli ce nouveau potager. Etc, etc. Et puis, le dimanche comme les gens sont chez eux, en deux ou trois heures, on fait comme par enchantement le tour de tout le voisinage. On dit bonjour, comment ça va, on échange des propos généraux sur l’air du temps, on glane des nouvelles, une future naissance, l’installation d’un jeune terrassier dans la commune voisine, la mise en vente d’un élevage de chevaux arabes, l’évolution d’une maladie grave. La vie devient si proche.

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Camisole

Au vide-grenier du village je farfouille dans une pile de linge ancien, des torchons, des serviettes de table et des chemises de nuit brodées. Celles-ci attirent plus particulièrement mon attention. Ce qui n’échappe pas au vendeur : « C’est une jolie camisole pour monter au lit. Et votre mari aussi, il montera, garanti ! »

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La vie à fond

Des chats en pleine forme, bondissant d’un étage à l’autre, au pelage brillant et au regard perçant : grâce à Friskies les chats vivent leur vie à fond, affirme la publicité. Et mon Nadir, qui me garantit qu’il vit sa vie à fond avec les flocons Vivallure, spécial chevaux de sport ?

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Les vieux et la Sécu

Ouf, je vais pouvoir vieillir sans mauvaise conscience. Non, mon état de santé ne retentira pas sur le déficit de la Sécurité sociale. C’est du moins ce qu’affirme le site « Tatoufaux » qui prétend dénoncer les idées reçues. Le raisonnement commun est le suivant : plus de vieux, plus de malades, plus de dépenses. Or, selon Tatoufaux, c’est faux. Plus de vieux c’est assurément plus de retraites mais pas plus de frais de santé. En effet, l’augmentation des dépenses de santé pour une personne donnée flambe, quel que soit son âge, avant sa mort. Si les vieux semblent coûter plus chers, c’est seulement parce qu’à 80 ans on a plus de risques de mourir dans les deux ans qu’à 40. Si l’espérance de vie passe de 80 à 90 ans, les vieux de 90 ans coûteront alors autant que ceux de 80 ans aujourd’hui, mais ceux de 80 ans seront en meilleure santé et coûteront moins cher. Et ça tout simplement parce que les progrès de l’hygiène, de l’alimentation et de la technique médicale feront que les années sans maladie seront plus nombreuses. En fait, si l’espérance de vie n’augmentait pas, les frais seraient les mêmes mais interviendraient plus tôt dans la vie. Ce qui coûte cher, ce sont les nouvelles technologies, pas la vieillesse. Vous voilà rassuré ?

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Vidal-Lablache

J’ai exhumé de derrière une armoire des cartes de géographie Vidal-Lablache, reliques de la distribution aux administrés de l’équipement de l’école du village lors de sa fermeture en 1960. La première est une carte physique de la France avec un côté muet ; elle est déchirée, bonne à brûler ; beaucoup d’élèves ont dû sécher devant : « Et ce fleuve, Abadie, c’est la Seine ou la Garonne ? ». La seconde représente le quart sud-ouest de la France avec une face physique mentionnant tous les noms de provinces et de régions et une face économique bourrée à craquer de localités dignes d’être citées car on y fabriquait encore quelque chose (Monceau-les-Mines,.Mazamet, Le Blanc…). La dernière enfin faisait voir du pays aux petits Gascons et Gasconnes : c’est la carte politique de l’Afrique du Nord, et plus précisément de l’Algérie et de la Tunisie. On rêve devant Tlemcen, Ghardaïa, Kairouan et le plateau du Tademaït, on s’enfonce dans les ergs les djebels et les sebkras. Dans un coin, en bas à droite, une mini-carte de l’Afrique mentionne en rose les territoires de l’Union française qui occupe un bon tiers du continent. Sur l’autre face, la physique, on situe les oasis, les oueds et les chotts. Et dans le coin en bas à droite la petite carte de l’Afrique indique les zones où l’on a des chances de rencontrer des éléphants ou des autruches et de manger du mil ou des dattes. Cette troisième carte est pratiquement à l’état neuf. Elle devait faire partie de l’équipement de base décrété par le ministère de l’Instruction publique mais le maître préférait sans doute, en leçon de géographie, ne pas trop s’attarder sur les attraits de ces départements où tous les grands frères faisaient la guerre.

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Le temps des économies

En cette période de crise il est bon de se remémorer les habitudes de nos arrière-grands-parents, ça nous aiderait à tenir le coup. La vie a fait que je suis la maîtresse d’une très vieille maison dans laquelle se sont stratifiées les existences de mes devancières. La lingerie en est le lieu le plus révélateur. Je dénombre ainsi pratiquement deux cents torchons dont certains n’ont jamais servi et qui faisaient partie d’un trousseau des années 90 (XIX^ème siècle), plus de cent draps de lit en grosse toile de lin (incouchables de nos jours). Plus divers articles à usage indéterminé – sacs, taies, serviettes ? – faits de bouts de tissu récupérés de ci de là dans les parties encore bonnes d’autres pièces. Car autrefois, on savait faire flèche de tout bois. Ainsi, on taillait des torchons dans de vieux draps avant d’utiliser les torchons neufs. On retournait les draps, les manteaux, les cols de chemise et on raccommodait les chaussettes. On récupérait les boutons de tous les vieux vêtements (et quand on voit actuellement le prix du moindre bouton dans la première mercerie venue, on ferait bien d’en faire autant), les agrafes de tous les corsets, les garnitures et passementeries de tous les rideaux hors d’usage. Bref, on économisait. Et, sans le savoir, on était déjà écolo.

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Palace durable

Les palaces se mettent au durable (passons sur le sens dévoyé de cet adjectif). Plus de baignoires mais des bacs à douche. On encourage le nabab à se servir d’un mouchoir de poche plutôt que d’un drap de bain. A bas les gels de toilette, vive le savon de Marseille. Fin des petits pots, retour au confiturier des familles. Elle a bon dos la planète, sa défense permet aux cinq étoiles de faire des économies sur le dos du rupin à qui on fait acheter une bonne conscience. Si la victime est consentante… Mais ces taules se passeront de ma clientèle. Parce que le jour où je m’offrirai une nuit dans un de ces lieux magiques, ce sera pour avoir du luxe, du vrai, du qui fait qu’on se sent profondément un être humain.

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Mode

Il y a eu une période où tous les mannequins faisaient la gueule, une autre où elles (doit-on dire ils ou elles ?) étaient charbonneuses avec une bouche et des ongles peints en noir, une autre encore où elles étaient coiffées en pétard. Cette saison elles sont photographiées les jambes écartées mais l’air pas très engageant, du genre qui s’y frotte s’y pique. C’est si j’ose dire la mode des photos de mode. Tant pis pour l’élégance.

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Utrillo

Il y avait un utrillo chez oncle Jean et tante Suzie. Oncle Jean l’avait acquis au début de leur mariage alors qu’ils habitaient Montmartre. On a oublié les circonstances de cette achat : directement à l’artiste ou à un cafetier qui l’aurait lui-même reçu en paiement d’une note de vin ? Toujours est-il que cette toile était accrochée en bonne place et entourée d’un certain respect. Quand l’oncle et la tante prenaient leurs quartiers d’été, elle prenait quant à elle le chemin du coffre de la banque. Ils avaient prévu qu'elle serait vendue lors de leur succession au profit d’une congrégation religieuse. Ce qui fut fait. Comme quoi l’œuvre d’un illustre pochard peut être en quelque sorte sanctifiée. Vous vous en doutez, ce tableau représentait une rue de la Butte partant en biais avec un mur blanc et aucun passant. J’ai découvert cet après-midi en allant visiter l’exposition qui est consacrée à Utrillo et à sa mère Suzanne Valadon que ce que je pensais être une caractéristique de l’artiste, ces paysages urbains tous pareils, avec toujours la même rue en biais, était en fait la manière de l’époque de prendre les clichés photographiques en ville. Car notre homme ne posait pas son chevalet sur le trottoir mais restait enfermé à recopier des cartes postales en ajoutant la couleur et en supprimant les humains. D’où la répétitivité de son œuvre, je dirais même sa monotonie. Pourtant, il a vendu à tour de bras. Mais ses vues étaient très bien peintes. C’est là que résidait son génie.

Suzanne Valadon pour sa part a trouvé son inspiration partout : paysages, nus, villes, portraits, etc. Sans complexe elle s’essaie à toutes les manières avec beaucoup de bonheur et elle n’a pas peur de la couleur. A mon sens sa peinture est meilleure et bien plus intéressante que celle de son fils. Cependant, c’est avec l’argent de celui-ci qu’elle et son jeune mari, André Utter, ont mené grand train. Le couple appelait Maurice sa poule aux œufs d’or. L’art a peu à voir avec la vertu.

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Insee

Ma petite entreprise ne connaît pas la crise mais me donne bien des tracas administratifs. Surtout en ce moment avec la clôture de l’exercice 2008. Les impôts font tout ce qu’ils peuvent pour ne pas avoir l’air trop méchants mais il vaut mieux être réglo. Et en plus l’Insee y va de ses exigences. Il m’envoie un questionnaire à fin de statistiques que je suis obligée de remplir. Mais promis juré, il ne transmettra aucune donnée au fisc. C’est bien vrai ce mensonge ?

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Freecell

Quand j’ai cinq minutes à tuer je fais une partie de freecell, la patience livrée gracieusement avec Windows. J’ai récemment fait de gros progrès car il est maintenant rare que je rate. J’adore ça. Je ne suis pas la seule. En passant devant le bureau d’une compagnie d’assurance installé dans une boutique, j’ai ainsi aperçu un employé qui se faisait un petit freecell en douce. Son chef qui le voyait derrière son écran aurait sans doute juré qu’il travaillait d’arrache-pied tant il était concentré. J’ai éprouvé une connivence amusée et coupable à l’égard de ce joueur inconnu.

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Grand homme malade

Il est malade mais plutôt crever que d’aller consulter. La pharmacienne lui vend au prix fort des poudres de perlimpimpin. Il les regarde. Ca suffira.

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D&Co

Le principe de l’émission* est simple : On transforme de fond en comble l’aménagement d’une maison à la décoration  défraîchie et démodée. La famille élue  est ravie d’avoir été sélectionnée parmi tant d’autres pour bénéficier de l’aubaine. Elle transporte ses pénates ailleurs pendant la semaine que durent les travaux et quand tout est prêt c’est la surprise. La dernière fois j’ai été consternée. Ces pauvres gens ont été catapultés dans un intérieur à dominante rouge et noir au mobilier clinquant et à la déco surchargée. Etouffant et accablant. Ils respiraient mieux avant, mais comment ne pas être fier et content de cette illusion de richesse ni d’être passé avec armes et bagages à la télé ?

*C&Co, M6

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Récriminations

Je ne sais pas si tu sais ce que ça représente pour moi. Depuis le temps que je me casse le c… à bosser, tout ce que tu trouves, c’est de me faire des reproches. Tu n’es jamais content(e). Avec tout ce que j’ai fait pour toi ! C’était bien la peine que je me donne du mal, quand je vois comment on me remercie. Et moi qui te faisais confiance ! Le jour où tu penseras un peu aux autres, fais-moi signe. Tu oses me dire que tu m’aimes ? Et ainsi de suite. Ces répliques de téléfilms, je parie que vous les avez déjà entendues dans la vraie vie.

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Promiscuité

Le métro est un lieu de rapprochements sociaux et physiques. Parfois plaisants, parfois franchement désagréables. Mais tout à l’heure il était difficile de savoir si le type qui était assis sur la place intérieure de la banquette et qui avait, foule oblige, le postérieur rebondi et ma foi visiblement pneumatique d’une donzelle grassouillette sous le nez était incommodé ou ravi de l’aubaine. Evidemment, s’il avait été galant homme, il lui aurait cédé la place et la question ne se serait pas posée.

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Optimisme

On n’a rien de spécial pendant des jours et ensuite, comme par hasard, tous les trucs sympas tombent le même jour. Ou on doit y renoncer parce qu’un rendez-vous désagréable pris de longue date passe avant. Ou une tuile vous tombe sur la tête : enfant malade, intempéries, accident, panne domestique, infarctus, enterrement, on a le choix. Quand par miracle rien ne vient déranger mes projets, je m’attends au pire.

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Humilité

Cet après-midi à Drouot les Mémoires de guerre du Général de Gaulle n’ont pas trouvé preneur à 20 € mais seulement aux enchères descendantes à 10 €. Les livres de cuisine en revanche se sont arrachés comme des petits pains.

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Diaporama

Comme vous je reçois des diaporamas sur ma messagerie. Pas mal de mises en garde (les nouveaux radars arrivent), de dénonciations de situations scandaleuses (qui touche les allocations braguette ?), de révélations politiques (Sarkozy montre enfin son vrai visage). Mais les thèmes sont le plus souvent affectifs : le dévouement des mères, les animaux menacés, les enfants maltraités, la beauté de la nature, la douceur des îles et la méchanceté des hommes, la pollution menaçante, etc. Parfois traités avec humour ces sujets sont le plus souvent abordés sur un mode mièvre et bien-pensant, finalement assez saint-sulpicien et à grand renfort de fleurs. La morale n’est jamais loin. Et pourtant, relativement fréquemment, quoi que j’en aie, je ne me laisse prendre par l’émotion.

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Promotions

En ce moment, ça n’arrête pas. Les promotions se succèdent à un rythme difficile à suivre : trois paquets de lessive pour le prix d’un, 30 % sur tout le magasin, pour tout achat de deux gazinières un plumeau en prime, un manteau acheté une culotte offerte, le deuxième piano pour un euro, une voiture à la casse une neuve au garage, un demi-veau à prix coûtant, etc. Si on n’a pas déjà la trouille du lendemain, là il y a carrément de quoi paniquer. Si tout est bradé, cela veut dire que plus personne n’achète rien et donc que la faillite nationale n’est plus très loin. Ou alors, c’est qu’on nous a toujours pris pour des gogos : les fabricants et les marchands peuvent faire de telles ristournes parce qu’ils nous ont toujours plumés.

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Béatrice

En commun avec Béatrice Shönberg j’ai le prénom (maintenant vous savez tout). Mais j’espère que ça s’arrête là. Avant-hier on pouvait la voir sur la 6. J’ai été terrifiée. Cette femme de 56 ans n’est plus qu’un masque ahuri de Mardi gras. Botoxé à mort le haut de son visage, yeux et front, est parfaitement immobile. Là-dedans les iris bougent quand même comme ceux des poupées. Mais le coup d’après, gare ! eux aussi seront fixes. Au moment où je franchis une nouvelle décennie, celle où on se dit qu’on a obligatoirement fait la moitié du parcours, j’ai été tentée d’arranger un peu les choses. Car malgré toutes les crèmes qui promettent le comblement de mes rides, je plisse inexorablement. Eh bien, finalement, je préfère rester comme ça. Et quand mes petits-fils me disent que mes joues sont usées, j’aime à croire que c’est à cause de tous les baisers reçus.

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Blisters et étiquettes

Dans la vie hasardeuse du consommateur, il y a deux sujets d’exaspération certains, les blisters et les étiquettes collantes. Les premiers sont généralement en plastique relativement dur et en tout cas impossibles à ouvrir sans outil. Il n’est pas rare qu’on s’entaille la main en les coupant car couteau ou ciseaux ont tendance à déraper. Les deuxièmes adhèrent tellement bien qu’on a toutes les peines du monde à les enlever et que quand on y est enfin parvenu on a transformé un article pimpant en truc moche et esquinté. Ca fait des dizaines d’années que ça dure et apparemment personne ne songe à résoudre le problème. A croire que les fabricants et les marchands n’ont de cesse de punir ceux qui finalement les font vivre.

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Marche à pied

Les circonstances m’ont projetées pour 24 heures à Paris. Que de piétons, tout le monde marche ! Les trottoirs sont littéralement envahis. A la campagne, en tout cas en Gascogne, personne ne marche. Les gens se déplacent exclusivement en voiture. Dans les champs les paysans sont évidemment au volant de leur tracteur. Mais il faut leur rendre cette justice que, lorsqu’ils chassent, ils ne rechignent pas à se servir de leurs jambes. A cheval (notez que ce n’est pas moi qui marche) quand je patrouille parmi les coteaux, il est rarissime que je rencontre des marcheurs. Au village, on va de la boulangerie à la pharmacie – 50 m – en auto. Heureusement que la maison de la presse a le même parking que le café.

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Villages pyrénéens

L’été les villages pyrénéens sont, il faut bien l’avouer, assez peu engageants. L’austérité de leurs crépis gris et de leurs toits d’ardoises jette une profonde tristesse sur la luxuriance des verts des pâturages et des forêts. L’hiver, et surtout cette année où la neige descend très bas dans les vallées, ils sont comme enchantés. Les lignes architecturales sont révélées dans les dégradés de gris et les contrastes de noir et de blanc. Les bâtiments s’intègrent parfaitement dans le paysage. L’étrangère que je suis comprend enfin qu’on puisse les trouver beaux.

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Fin de saison

« Les clémentines, c’est trois euros les deux kilos, mais je vous les conseille pas. C’est la fin de la saison, elles se conservent mal et elles n’ont plus trop de goût ! » me répond la marchande avec une intonation désolée et un accent gascon à couper au couteau. Voilà qui a le mérite de la franchise. Du coup je luis prends deux kilos de tomates, histoire de ne pas la décourager.

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