J’adore ronger les os, je les nettoie, il n’en reste pas même
le cartilage. Evidemment cette faiblesse fait mauvais ménage avec les bonnes
manières. Dommage que la pince à os vantée dans le livre « La cuisinière
de la campagne et de la ville, Nouvelle cuisine économique » n’ait pas eu
le succès annoncé en 1849.
« Les
enfants quand ils mangent avec leurs doigts disent qu’ils se servent de la
fourchette du père Adam.
Est-il
donc possible que six mille ans après le premier homme on en soit encore à son
procédé pour manger et sucer un os et ne rien laisser de la chair savoureuse
qui l’entoure ? Est-il convenable que les gracieux doigts de nos dames
(pour ne parler que des nôtres) conservent toute une soirée l’odeur des côtelettes
ou des perdreaux du dîner ? Comment en effet éviter le grand inconvénient
de ne pas toucher du bout des doigts l’arête d’un poisson de prix ou de ne pas
être tenté de saisir l’aile d’un gibier délicat ? Comment se fait-il que
dans le dix-neuvième siècle on soit condamner à se brûler et à se salir les
mains en mangeant des artichauts et des asperges ?
Il
était dû à notre siècle éminemment progressif de créer la Pince à os qui
bientôt se retrouvera sur toutes les tables, car, par son application aux usages
dont nous venons d’indiquer quelques uns, elle devient aussi indispensable que
la cuillère et la fourchette.
M.
Audot fils (fournisseur des princes), déjà si connu pour la fabrication de
l’orfèvrerie de table et de thés et des nécessaires de voyage, a reçu un brevet
(sans garantie du gouvernement) pour cet objet de premièren nécessité. On
trouve de ces pinces à 5 F et, au-dessus, soit en acier, en maillechort argenté
et en argent (rue de Richelieu, 91). »
Grain de poivre
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