L’époque aime les prénoms. On ne s’appelle plus que par son
prénom. Jusque dans les années 60, même dans les lycées de filles, on
s’interpellait par son nom de famille : « Eh, Leclerc, tu m'files une
feuille de copie ? » « Moi, Lefèvre, j’peux pas la
blairer. » Aujourd’hui on connaît plus souvent le prénom de quelqu’un que
son patronyme. A croire parfois que nous sommes une nation d’enfants trouvés.
La contagion s’étend à tous les âges et à toutes les couches
de la société. Jusqu’au président de la République. A longueur d’ondes ce sont
des Nicolas par-ci et des Nicolas par-là, notamment dans la bouche de sa cour,
pardon de son gouvernement et de ses conseillers. Le phénomène traduirait-il
dans ce cas précis une dérive monarchique et non une sympathique familiarité démocratique ?
Sous l’Ancien régime quand on parlait de Louis ou d’Henri, tout le monde savait
de qui il s’agissait. Sous l’Empire aussi d’ailleurs avec Napoléon. Il est vrai
que le prénom était rare, tandis que Nicolas…
Grain de poivre
Je crois tout simplement que c’est un phénomène de mode auquel je ne me suis jamais bien habitué et qui vaut pour les cercles ou groupes restreints où un prénom n’est pas porté par plus d’une personne. Édouard Balladur,en son temps , avait raillé Lionel Jospin qui appelait ses ministresses Elisabeth,Martine ,Ségolène ,Dominique et l’avait fait remarquer,lui ,qui lorsqu‘il était premier ministre avait deux proches collaborateurs prénommés Nicolas,en disant qu‘il (L.Jospin) avait de la chance que deux ministres ,dans son gouvernement, ne portent pas le même prénom. J’avais cru déceler aussi beaucoup de flagornerie lorsqu’à la télé j’avais entendu échanger de « la » Dominique ( Voynet) contre de « la » Corinne (Lepage) au moment de la passation de pouvoir en 1997 au ministère de l’Écologie (ou similaire),par contre les prénoms n’avaient pas été utilisés au même moment à Matignon lorsque Lionel Jospin prit la place d’Alain Juppé. L’ambiance était très différente.
Le problème dans cette affaire d’utilisation courante de prénom dans les relations de travail surgit lorsqu’il s’agit de faire marche arrière quand il y a clash et donc ,dans certaines situations, une obligation de distance devrait être recommandée.
Il en va de même pour le vouvoiement,ou les bises. Je crois me souvenir avoir entendu à la radio Roger Hanin avouer qu’il avait toujours dit « vous » à son beau-frère.
Rédigé par : dab | 25 novembre 2007 à 21:56
A mon arrivée en 10ème, en provenance de l'école maternelle et du cours Hattemer,j'avais été frappé d'être rugueusement, administrativement,appelé par mon nom.
Rédigé par : Richard | 26 novembre 2007 à 17:56
Jamais, de ma vie, on ne m'a appelée par mon nom de famille ! C'était d'ailleurs très mal vu dans les deux écoles que j'ai fréquentées. Je crois même me rappeler que l'on disait que c'était réservé "à la communale". Il est vrai que j'étais dans une école de filles... En revanche, je crois savoir que mon frère se faisait appeler par son nom et pourtant il était aussi dans une école privée ! Fil de plume, j'en arrive à la conclusion qu'à l'époque on voulait pour notre éducation, à nous les filles, soit davantage de finesse soit nous appeler par notre prénom en principe immuable ! Reste que - et Dab y verra un clin d'oeil - dans l'école que fréquentait ma mère (vers 1910), les demoiselles devaient se vouvoyer entre elles au motif qu'appelées à se rencontrer dans d'autres lieux que l'école plus tard, tels que commerces ou fabriques, elles ne soient pas gênées par un "tu" devenu pesant dans la relation... Habituée toute petite à dire "vous" aux grandes personnes et à tous ceux que je rencontrais pour la première fois, cette forme d'adresse ne m'a jamais gênée dans mes relations. Soit nous sommes passés au "tu" d'un commun accord, soit nous en sommes restés au vous, mais cela n'a jamais empêché la naissance de véritables amitiés.
Rédigé par : Elle50 | 26 novembre 2007 à 18:22
J'étais en effet dans un lycée public et même les professeurs nous appelaient par notre nom de famille. Mais elles (à l'époque les hommes enseignaient les garçons et les femmes les filles) nous vouvoyaient toujours.
Rédigé par : Grain de poivre | 26 novembre 2007 à 19:11
J'ai eu, dans ce même lycée, pas encore mixte, un prof de maths homme : mais il est vrai qu'il était pratiquement aveugle...
Rédigé par : la belette | 27 novembre 2007 à 23:54