Il est des mots, beaux à l’origine, tellement galvaudés,
ressassés par les maîtres à bien penser que les entendre me flanque la nausée.
« Solidarité » se porte encore gaillardement malgré ses 27
ans. Rappelez-vous, si vous aviez l’âge de raison, la solidarité, ça c’était
une valeur neuve à laquelle personne n’avait songé auparavant. La charité
n’avait plus qu’à aller se rhabiller, elle sentait trop sa dame d’oeuvres.
Le substantif « citoyen » transformé en adjectif est furieusement tendance. Il est vrai que « civique » est du
dernier ringard avec ses relents honnêtes et appliqués. Tandis que
« citoyen » vous a un petit air décidé et militant témoin de votre
implication dans le vécu de la société (vous voyez que je peux m’y mettre). Les
auteurs de blogs sont même promus au rang de « journalistes
citoyens ». J’avoue humblement que la première fois que j’ai entendu cette
expression, je suis restée bouche bée. Etant justement journaliste je me suis
demandé ce que diable ça pouvait bien être.
La dernière scie est « républicain ». Pas plus
tard que tout à l’heure, un principal de collège de Seine-Saint-Denis, pardon
du Neuf-Trois, déclarait qu’il avait rencontré hier Mme Royal dans le cadre de
la campagne électorale mais qu’il discuterait sans problème avec tout autre
candidat « républicain ». Parce que même quand on a obtenu les cinq
cents signatures réglementaires, on peut apparemment être décrété personna non
grata par ses concitoyens.
www.humanite.presse.fr/journal/2005-01-11/2005-01-11-454335
www.agoravox.fr/article.php3?id_article=18461
Je n'ai rien trouvé pour "républicain", sinon que "candidat républicain" ne veut dire quelque chose que si ledit candidat est membre du Parti républicain, comme aux Etats-Unis par exemple.
Grain de poivre
Les commentaires récents