En ce printemps de sécheresse j’avoue avoir louché sur la belle herbe bien grasse des bas-côtés et talus de route. Sûr que mes pauvres Nadir et Frichti réduits à la maigre pitance de leur enclos apprécieraient. Mais je ne me voyais pas transformée en Rémi faisant paître Roussette, la vache de Mère Barberin, le long des chemins la journée durant. Quand j’ai appris que le préfet de je ne sais plus quel département autorisait les agriculteurs à faner les bermes j’ai pensé que je n’étais pas la seule à lorgner sur ce fourrage délaissé et gaspillé. Las, il paraît qu’il ne vaut rien. Il serait même dangereux pour la santé du bétail tout pollué qu’il est par les rejets des automobiles, camions et tracteurs agricoles ainsi que par les divers déchets balancés par les usagers. Un cantonnier prétend qu’on y trouve de tout : papiers gras, bouteilles en plastique, mégots et même soutiens-gorge. Vous comprendrez aisément que ces accessoires ne soient pas comestibles pour les chevaux. Mais qu’on en trouve dans les fossés ne laisse pas de me surprendre. C’est vraiment le dernier endroit où batifoler. Moi qui y ait été expédiée prestement et précisément l’an passé par Nadir, je peux vous le certifier.
Grain de poivre
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