Il s’appelle Michel Lamirant-Bassoues et il est entré gendre
dans les années 50. Son beau-père, ouvrier autodidacte de génie, a fondé une
boîte de pièces détachées automobiles prospère. Le jeune ménage habite à Passy
et s’assimile rapidement à la bourgeoisie haussmannienne. Quand le beau-père
meurt, Michel prend naturellement sa succession. Dans le cadre de ses nouvelles
fonctions, il suit les cours du prestigieux IHEDN (Institut des hautes études
de la Défense nationale). Il n’en faut pas plus pour qu’il s’invente un passé
de pilote de chasse et se sente une âme de général. Et du reste c’est ainsi
qu’il se fait appeler désormais. Tout le monde gobe.
Elle s’appelle Brigitte Lancelot du Lac. Elle est
conseillère municipale à Pontoise-sur-Seine, ce qui pourrait suffire à sa
gloire. Pas du tout. Elle glisse à qui veut l’entendre que son mari Bernard est
polytechnicien. En vérité c’est son beau-père Henri qui est sorti de l’X. Il a
fait une brillante carrière et a fini à la tête d’une multinationale. Il y a
casé son fils qui en réalité n’a pas son bac. Et qu’on salue partout avec
respect.
Il s’appelle Hippolyte Chénérailles. Il épouse à la fin
des années 60 une charmante jeune personne au nom de famille historique (premier
Empire) et dont la mère, veuve et plutôt désargentée, habite une très belle
gentilhommière en Périgord. Il ne sait pas faire grand-chose mais il a du goût
et un talent certain pour restaurer les bâtiments. Il s’attaque aux métairies
belles-familiales qu’il transforme avant la lettre en gîtes de luxe. Le château
montrant des signes de décrépitude, il fonde avec sa belle-mère une SCI
destinée à le sauver du naufrage et de la vente. Tant et si bien qu’au bout de
quelques années, la vieille dame ne possède plus même un cagibi et doit
transporter ses pénates à la maison de retraite de Périgueux. Dans l’intervalle
notre Hippolyte qui est un fameux coureur de jupons divorce. Toutes les parts de la société lui appartiennent désormais et il joue les châtelains dans la demeure dont il a
fait un relais-hôtel grand standing. Avec sur le dépliant publicitaire :
« Un séjour de rêve dans la résidence d’une famille
multiséculaire… ». Il y a encore des gens pour l’inviter à dîner.
Toute ressemblance avec des personnes de votre connaissance serait naturellement fortuite.
Grain de poivre
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