L’alternatif a été la grande affaire des années
post-68. Les gens ont tenté un nombre incroyable d’expériences sociales, familiales
ou pédagogiques. Dans ce sillage Léonide Kameneff a inventé une école embarquée,
l’idée étant que l’institution traditionnelle coupait les ailes de la jeunesse,
lui faisait subir une contrainte injuste et insupportable. Il fallait
affranchir les enfants de la tutelle oppressive des adultes, vivre et apprendre
autrement. A la suite de quoi, assez vite, l’idéologie s’est étendue à la vie
sexuelle. Là encore il s’agissait de libérer les pulsions des gosses.
Bizarrement les adultes étaient en cette occurrence des guides naturels. Qu’on
ne dise pas que le phénomène n’était que l’affaire de certains illuminés. Les
radios s’en faisaient l’écho et quiconque mettait cette théorie en doute était
traité d’attardé et d’imbécile. Bien plus tard on s’est aperçu des ravages qu’elle
avait opérés sur les enfants. Tant pis pour les vies affectives ruinées par les
viols et les abus. Et si l’éducation par deux parents de même sexe – pour
reprendre la phraséologie boboesque – avait aussi des conséquences redoutables ?
Dans vingt à trente ans que dira-t-on ? Qu’il faut remettre l’affaire dans le
contexte de l’époque ? Qu’on pensait que c’était pour le bien des enfants ?
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