Les récents rapports qui tournent autour des comités d’entreprise montrent à quel point l’argent y est facile. Il est vrai que les tentations sont grandes. J’ai été secrétaire d’un comité d’entreprise (CFTC) pendant deux ans (durée normale d’un mandat) et les réflexes de mes co-élus m’ont éclairée. Non qu’ils soient malhonnêtes mais quand même ça serait dommage que tout ce fric ne serve à rien. Le CE reçoit deux dotations de la direction. Une pour les œuvres sociales (médiathèque, colonies de vacances pour les enfants, voyages pour les parents, généralement par l’intermédiaire de l’incontournable centrale d’achat de la CGT, aides ponctuelles diverses, arbres de Noël, pot de Nouvel an, etc.) La seconde dotation est dite de fonctionnement. Elle sert à financer ce qui est nécessaire à la bonne marche du comité : mobilier de bureau, crayons, gommes, taille-crayons, ordinateurs, logiciels, comptable, menus plaisirs (gueuleton de fin d’année des membres par exemple) et éventuellement salariés. Il est très facile de pomper dans cette dotation si tout le monde est sur cette ligne. Personnellement, j’ai empêché de tourner en rond mes petits camarades des syndicats concurrents qui avaient pris des habitudes lors des précédents mandats. Pas grand-chose au demeurant mais des trucs pas très nets que ces démocrates vertueux n’auraient pas manqué de dénoncer bruyamment s’ils avaient été commis par le camp d’en-face. Au début, mon rigorisme a été mal pris mais par la suite ils s’y sont faits. Mais la direction, direz-vous, à qui on doit présenter les comptes ne peut-elle dénoncer les dérives ? Alors là, vous êtes comme moi au début un grand naïf. Le CE est un espace de liberté totale laissé aux syndicats. La direction ne veut surtout pas s’en mêler. Le délit d’entrave la guette, c’est en tout cas ce qu’elle prétend. Tout au plus proteste-t-elle quand les comptes sont en retard. Elle achète ainsi une sorte de trêve sociale. D’ailleurs, la collusion clandestine des deux parties, syndicats et direction, dans le dos des salariés d’une boîte est le B A BA de la politique en entreprise. Dans ces conditions on comprend pourquoi personne n’a envie de voir des paquets de linge sale étalés sur la place publique. Ni les syndicats, ni le patronat, ni les élus de la République. Et pourquoi toutes les affaires qui touchent sporadiquement les comités d’entreprise sont enterrées.
Il est quand même aberrant que les comptes des gros CE ne soient pas certifiés par un commissaire aux comptes.
Rédigé par : Le Nain | 09 décembre 2011 à 11:04
Et le CE de l'ordre des experts comptables ?
Ou celui de la Fédération Française des CE ?
Rédigé par : Dominique | 10 décembre 2011 à 14:13
Quand on pense que le CCAS d'EDF est à lui seul une entreprise employant 5000 personnes!
Rédigé par : adamastor | 11 décembre 2011 à 12:32
"Fluidité sociale" oblige, comme disait un baron du MEDEF, grand pratiquant des paiements en espèces (au mépris des règles prescrites par le code monétaire et financier), qui a quand même dû aller planter ses choux ailleurs.
Rédigé par : Monplaisir | 11 décembre 2011 à 23:28