Un Christ sur sa croix dans un bain d'urine. Exposée à Avignon, la photoshop de l'artiste américain Andres Serrano a été vandalisée par des catholiques ulcérés. Evidemment toute la classe politico-culturelle dénonce un tel agissement : on ne peut se faire justice soi-même. Personne naturellement ne parle de provocation. C’est de l’art et l’art c’est l’art. Je me demande ce qu’auraient dit ces lumières si c’était Mahomet ou Moïse qui avaient été ainsi interprétés. Et ce qu’aurait été le barouf national.
Exactement! On n'aurait pu mieux dire! Pensez aux caricatures...
Rédigé par : adamastor | 18 avril 2011 à 20:15
Du côté de la religion du Prophète, on a un exemple intéressant avec ce pasteur américain illuminé qui a brûlé le Coran en public et les manifestations mortelles qui ont suivi en Afghanistan.
Rédigé par : Brotteaux | 18 avril 2011 à 23:21
"Je me demande ce qu’auraient dit ces lumières si c’était Mahomet ou Moïse qui avaient été ainsi interprétés" : bien vu ! C'est le genre d'angle de vue et de commentaire que nous ne pouvons pas attendre d'un journaliste de radio-tv. Il n'y a que les blogueurs pour "oser", les autres, dans la "vraie presse", sont figés dans leur carcan de bien-pensance.
Rédigé par : Grincheux Grave | 20 avril 2011 à 09:09
plutôt qu'un commentaire personnel, je vous envoie cet article ( que vous connaissez déjà peut_être, il vient de l'excellent " Liberté Politique")
L’affaire d’Avignon, Pinault et le réveil de la mule du pape, par Nicolas Bonnal
20 Avril 2011
« De telles histoires sont excellentes pour exaspérer les imbéciles et rafraîchir l’imagination des bons chrétiens. » Léon Bloy. On aurait voulu y être : assister à la croisade artistique de l’archevêque d’Avignon, cité des papes tout de même, et de 500 « cathos intégristes », comme dit Libération, qui sont rentrés dans le ventre encore fécond d’où à surgi la bête immonde de l’art postmoderne ; on aurait voulu voir cette mise à sac de l’œuvre dégueulasse, prénommée Piss Christ, je crois, et qui était entourée d’autres œuvres dégueulasses, toutes destinées à insulter le christianisme pour enchanter les critiques d’art et les spéculateurs. Comme l’a dit l’archevêque, on ne mêlerait pas le Coran avec des excréments : alors pourquoi le crucifix ou la vierge Marie et l’enfant Jésus ? A-t-on affaire à des fous, a-t-on affaire à des couards tout de même…Le problème n’est pas bien sûr qu’un artiste toqué ait accompli ce forfait. Cet incapable n’a fait qu’illustrer le problème inhérent à l’art contemporain (et non moderne), qui n’a plus rien à dire depuis Duchamp (l’Urinoir) ou Malevitch (carré blanc sur fond blanc), c’est-à-dire depuis cent bonnes années : on veut choquer le bourgeois, tout en ayant pas compris que c’est la bourgeoisie qui finance et adore et promeut ces ordureries (relire le penseur protestant Ellul, exemplaire à cet égard). Le problème est que l’on expose cet artiste et qu’on le promeut, et qu’on le défend en invoquant le génie, à la manière de ces mutins de Panurge dont se moquait si bien Philippe Muray. Le problème est bien lié à François Pinault, le riche honteux qui encense à Venise ou Avignon les opus dont il a rempli ses poubelles.
« Notre temps, disait Nietzsche, ne tolère qu’une seule espèce de riches, ceux qui sont honteux de leur richesse. » Tout ce qui viendra alors à l’idée du riche honteux, c’est de se faire valoir, par son club de foot, ses toiles de fond et ses incitations à la haine culturelle. Il veut donner dans la distinction, alors il invite à sa table les Chirac, qui ne perdent pas une occasion de ne pas payer un repas ou une facture EDF, ou il sabote un palais vénitien en le remplissant d’excréments médiatiques et artistiques.
Commissaire esthétique
François Pinault a eu bien des soutiens politiques pour réussir en affaires, mais il n’a ni la culture ni le talent de Bernard Arnault, qui n’a pas besoin de se payer un BHL comme conseiller culturel, et sait quelle musique ou quel art il faut protéger. Il a eu d’autre part un passé d’amitié avec JMLP dont, comme d’autres, il n’a cessé de vouloir se défaire, en donnant des gages à l’Ennemi.
Mais j’en reste à l’art. Je me souviens d’une remarque de Pinault expliquant que le public avait besoin qu’on lui explique l’art moderne. Vraiment ? En a-t-on besoin à ce point ? On a besoin d’un commissaire esthétique ? D’un bon pédagogue hermétique à souhait ? On a besoin d’un justificatif pour aimer n’importe quoi ? Qu’est-ce que cette méthode de coercition totalitaire signifie ? Que le public se doit de préférer John Cage à Mozart et Serrano (l’auteur du “piss fric”) à Turner pour ne pas mécontenter les commissaires du prêt-à-penser ? Quel aveu d’impuissance, car, comme le dit encore Nietzsche, ce qui a besoin d’être démontré est sans valeur. Et c’est tout le problème de l’art contemporain, justement, qui comme une vulgate totalitaire, a besoin d’être imposé, par le fric et par les médias.
Enfin, ce n’est pas grave. Ce qui est bien, dans cette histoire avignonnaise, c’est que la mule du pape se soit réveillée. Et qu’elle ait fait sortir le troupeau des brebis de son Katholik park pour faire comprendre à l’ennemi, même pendant la semaine feinte de nos médias ébaubis, qu’on ne peut pas trop se moquer de lui. Il est temps de rappeler aux marchands du temple, aux changeurs de monnaies, aux marchands de pigeons comment Notre Seigneur les traite, justement, le jour de pâques : en tressant sa corde (Jean, 2, 16).
Rédigé par : elizabeth Chevalier | 24 avril 2011 à 11:45