Les stéréotypes ont la vie dure. Il y a quinze ans
quand je demandais à un jeune illustrateur un dessin pour animer un papier sur
le minimum vieillesse, il me livrait immanquablement une vieille rabougrie sur
sa canne, chaussée d’énormes charentaises et coiffée d’un chignon en pelote sur
la nuque. Même en 1995 cette vieille n’existait plus depuis longtemps (elle
avait déjà une indéfrisable et conduisait son auto). Mon dessinateur ne l’avait
sans doute jamais vue mais elle traînait dans un coin de sa cervelle. Aujourd’hui
il semble qu’on ait fait des progrès. Un titre du Figaro d’aujourd’hui sur la
question des retraites est illustré par la photo d’une femme tout à fait dans
le coup (pour le coup) en train d’arroser des fleurs. Dans l’imaginaire du
secrétaire de rédaction les retraités jardinent. Or s’il arrive que des
retraités jardinent, cela arrive aussi aux actifs. Si on avait choisi de
montrer un homme, il y a gros à parier qu’on l’aurait vu en train de pêcher
assis sur un pliant. Ce genre de « visuel » n’a aucun sens, on ferait
mieux de ne rien mettre.
Grain de poivre
Pour illustrer, pourquoi ne pas utiliser la photo du couple qui pose pour "convention obsèques" ? Beaux, souriants, prévoyants, sachant gérer leurs finances et acheter à moindre coût, ils mourront après une retraite active et bien méritée, et en bonne santé c'est sûr !
Rédigé par : Elle 50 | 16 avril 2010 à 08:24