J’ai appris hier par hasard que ma grand-mère n’était pas
morte, comme je l’avais toujours cru, des suites d’un cancer de l’intestin mais
d’un cancer de l’utérus. J’avais onze ans, un âge auquel à l’époque les grandes
personnes n’avaient pas d’attribut sexuel, seulement un genre, masculin ou
féminin. Certains mots étaient bannis. Ainsi il était du dernier mal élevé
d’avoir des fesses, on avait des cuisses qui remontaient jusqu’à la taille. Les
dames n’avaient pas de seins mais une poitrine. Lorsqu’il était question à
table, pendant les vacances d’été à la campagne, d’une vache qui avait avorté
ou des brebis qui souffraient d’une infection de la matrice, les mères, tantes
et aïeules faisaient les gros yeux à celui (un homme naturellement) qui avaient
osé proféré des propos aussi déplacés, « Chut, les enfants ! ».
Le plus bizarre est que dans la petite enfance, toute la marmaille partageait
le même tub ou la même baignoire, selon.
Nous étions donc parfaitement au courant de la différence anatomique entre les
filles et les garçons. Mais celle-ci, justement, n’était qu’anatomique, pas
sexuelle. Nous savions qu’il fallait être marié pour avoir des enfants. Le mari quoique nécessaire n’avait cependant aucun rôle physique dans la procréation. Les
bébés poussaient dans le ventre de leur mère puis naissaient, point. Pas
question de femmes qui accouchent.
On peut
sourire de cette attitude et j'en souris aussi. Mais
est-elle plus ridicule que celle qui consiste à expliquer le kamasutra aux
petits de la maternelle ?
Grain de poivre
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