Cette semaine j’ai été en contact téléphonique pour des
raisons professionnelles avec un Harki marseillais. A vrai dire ce n’est que
dans le cours de la conversation qu’il m’a confié cette particularité. Cet
homme d’un peu plus de 40 ans a habité toute son enfance dans un camp entouré
de barbelés et gardé par l’Armée, son père était déconsidéré par les Français
de souche – un Arabe ! – et tenu pour traître par les Algériens installés
en France. Il me disait son désarroi, combien c’était dur d’être rejeté de
droite et de gauche. Et d’ailleurs pour qu’il se confie ainsi alors que nous ne
nous connaissions pas et que l’objet de mon appel n’avait rien à voir avec la
question harkie, il fallait que la blessure fût toujours bien saignante. Eh
bien, malgré cette situation invivable, il clamait son amour de la France et manifestait
un patriotisme émouvant. Décidément, lui non plus n’est pas rancunier.
Grain de poivre
Juste un mot pour dire que si tu as l'occasion de reprendre langue avec ce monsieur, il faut lui transmettre tout l'amour des Français d'Algérie, dits Pieds Noirs par ceux qui n'en font pas partie. J'ai pour ma part toujours vu mon grand-père, horriblement classé parmi les colons (forcément riches et oppresseurs, comme tous les colons) par ceux qui n'y connaissent rien, visiter le camp de harkis situé à quelques dizaines de kilomètres de l'endroit où lui-même avait été rapatrié. Il leur apportait de temps en temps des paniers pleins de nourriture, etla plupart du temps sa seule présence. le reste du temps, il donnait de l'argent au père Avril qui, au fin fond des Hautes Alpes, à Salérans, s'occupait lui aussi, en qualité de rapatrié, de plusieurs familles de harkis.
Il y a donc eu des Français, eux aussi en souffrance, qui ont tendu la main à leurs frères d'infortune. Je suis fière de m'inscrire dans une famille qui en a fait partie.
Rédigé par : Natalie Grange | 25 septembre 2007 à 12:24
Evidemment, ce qui fait mon admiration pour les Harkis est leur attachement à la patrie. On ne peut pas en dire autant de tout le monde. Heureusement qu'il y a eu des gens comme ton grand-père pour les accompagner. C'est la France en tant que telle qui n'a pas été à la hauteur. Je l'ai toujours entendu dire par mon père qui était officier de la Coloniale. Mais ça a été délibéré de la part des politiques, il ne fallait pas chagriner la toute jeune Algérie. Quand on voit comment la France est actuellement traitée par Bouteflika, ce vieux combattant du FLN, il y a de quoi s'étrangler.
Rédigé par : grain de poivre | 28 septembre 2007 à 17:33