J’ai acheté récemment Le sieur Dieu de Franz-Olivier
Giesbert. Je me suis vite rendu compte que je l’avais déjà
lu. Tant pis, j’ai continué : quand on achète un livre va jusqu’au bout. C’est comme au restaurant, on finit son assiette. Malgré la
sensation de déjà vu, ce fut avec plaisir. L’auteur s’en va dans tous les sens,
croisade contre les vaudois, meurtres en série de jeunes filles, luttes
d’influences et cruauté ordinaire, il court inlassable par les collines
provençales. Parfois on s’embrouille (moi en tout cas). Mais au moins il nous
raconte une histoire. Son héros, le sieur Jehan Dieu de La Viguerie, homme
éclairé pour son époque n’en est pas pour autant exempt de préjugés et de
faiblesses, ce qui le rend crédible et attachant. Dans la dernière partie le
malheureux est aux mains de l’Inquisition qui l’accuse de crime
et d’hérésie. J’ai retenu l’exposé de la méthode des
interrogatoires : « L’accusé ne devait pas avoir la moindre idée
de son chef d’inculpation. Le père Riqueteau, qui prenait toujours un malin
plaisir à brouiller les pistes, le lançait sur le général avant de l’amener peu
à peu au particulier. Il savait jouer du silence qui conduit l’hérétique à
parler pour tromper sa peur. Il suffisait alors d’un bout de fil et il tirait
toute la pelote, mais en douceur, sans jamais forcer. Quand tombait un aveu, il
feignait de ne pas l’avoir entendu pour revenir dessus, l’air de rien, quelques
jours plus tard. Il se comportait, au moins dans une première phase, comme un
ami aux petits soins. » Ca ne vous rappelle rien ?
Editions Gallimard, collection Folio.
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