J’ai renoué avec mes habitudes gasconnes : descendre au village le matin vers 9 h, acheter le Figaro, le pain, un croissant, faire halte au café de la place pour récolter les nouvelles et lire la presse locale. Maryse la boulangère est toujours aussi accorte, elle arbore une écharpe mordorée sur une gorge à l’image de ses viennoiseries, ses deux fils s’installent de part et d’autre de sa maison, preuve qu’elle ne fait pas peur aux brus. Le premier fait construire, le second aménage les dépendances : « Bou Di, vous verriez le bazar ! », lance-t-elle ravie. La camionnette de son électricien d’ex-mari est garée devant la boutique. Il doit venir à la maison « bientôt ». J’hésite à aller le relancer sur son chantier, voilà quatre mois qu’il me doit un devis qui arrivera après la facture. Au café la serveuse, une jeunesse d’une vingtaine d’années, s’est fait faire des extensions de cheveux postiches avec des dizaines de nattes style afro : « Ca a pris neuf heures, me répond-elle, c’est la troisième fois que je le fais, mais là c’est une autre qualité de faux cheveux. J’ai une allergie, ça me gratte, je dois prendre un médicament, mais ça m’a coûté 150 € et samedi il y a la soirée créole… » Même au fin fond du Gers la vie n’est pas simple.
Grain de poivre
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