Ce qu’il y a de bien dans les familles nombreuses, c’est qu’elles sont à l’origine d’une foule d’oncles, de tantes et de cousins suffisamment éloignés pour qu’on n'ait pas de contentieux à leur endroit. Alors on peut se livrer tout entier aux joies de la découverte, des retrouvailles, des évocations, partager des opinions communes rassurantes sur Dieu et la marche du temps sans qu’aucune ombre vienne troubler le bonheur de constituer un monde en soi. Les querelles d’héritage, les conflits affectifs, les jalousies acharnées, les brouilles tenaces, les concurrences féroces, les préférences délétères, les paroles assassines, les adultères scandaleux sont désamorcés. On en parle même en riant : « Tu te souviens de la tante Geneviève qui avait piqué les ronds de serviette en argent et accusé la bonne de sa sœur Madeleine ? » , « Et l’oncle Michel qui gagnait quatre sous et dont la femme allait s’habiller en cachette au Secours catholique ? » , « Et ce vieux faune de Bertrand qui pelotait ses nièces dans les couloirs ? ». Finalement, heureusement qu’on se dispute en famille. Ca en fournit de bien bonnes aux générations suivantes.
Grain de poivre
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