Bettina, Pécherine, Zamora, Carla, Pénélope et les autres, toutes fines, gracieuses, nerveuses, racées et passablement vaches. Normal pour des coursières de la granaderia Deyris. A Manciet (prononcer Mannciette) en Gascogne, hier c’était la fête et le spectacle était dans l’arène. La course était déjà landaise : d’une extrémité de l’enceinte la vachette, qui y a été manœuvrée par trois gaillards à l’aide d’un très long lasso, s’élance au grand galop sur les écarteurs campés au milieu. Le but du jeu est d’éviter de se faire heurter, encorner ou piétiner. On admire la souplesse des parades de Jérémy Laffitte* et les sauts périlleux de Vincent Abadie* au-dessus de l’animal furibond. Le tout dans une ambiance tonitruante. La banda Cincuenila* y va de tout ses cuivres et réinterprète en zim-boum-boum les standards de la fin du XX ème siècle comme Those Were The Days avec des accents tragiques ou triomphants au gré du déroulement des galops. Le président de l’association taurine commente les péripéties dans une sono grésillante et dégueulasse, comme il se doit, et annonce les primes attachées à chaque prestation : 5 euros du garage Martet (prononcer Martette) !, 20 euros du centre Leclerc !, 15 euros de l’Amicale taurine !, 25 euros de la boulangerie Ladevèze ! Deux heures plus tard, les spectateurs quittent les gradins ravis, on en a eu plein les yeux et surtout les oreilles, aucun écarteur n’a été blessé, les aficionados prennent rendez-vous pour la coupe des Mousquetaires et le championnat du Bas-Armagnac tandis que nos fières coursières regagnent leur bétaillère.
*La sono était vraiment mauvaise, il se peut qu'ils s'appellent autrement.
Grain de poivre
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