J’ai travaillé pendant vingt cinq
ans dans une caisse de retraite Arrco (la Carcept, caisse professionnelle du
transport routier). Je pense de ce fait pouvoir apporter quelques précisions,
jamais dites, qui permettront aux fidèles lecteurs de Grain de poivre de mieux
comprendre de quoi il s’agit.
Quand l’Etat parle de la
retraite, il ne parle que du régime de base de la Sécurité sociale ou Assurance
vieillesse. Ce régime concerne les travailleurs salariés du secteur privé. Il
est complété par les régimes complémentaires de l’Agirc et de l’Arrco. Ceux-ci
ont été créés dès 1947 pour le premier et dans les années 60-70 pour le second
qui fédère une foule d’institutions parce que justement l’Assurance vieillesse
servait des pensions trop maigres.
A côté de la retraite des salariés du secteur privé, existent une quantité de régimes « spéciaux », d’entreprise comme l’Edf, la Sncf, la Ratp, la Comédie française ou professionnels comme les mineurs ou les marins, etc. Plus le régime des fonctionnaires. Plus les diverses caisses de retraite des travailleurs non salariés (RSI pour les artisans et les commerçants, CNAPVL pour les professions libérales, CNBF pour les avocats, MSA pour les agriculteurs exploitants, entre autres). Ces divers régimes sont à de rares exceptions près « intégrés », c’est-à-dire qu’à l’inverse du régime des salariés du secteur public, ce sont des régimes globaux qui ne sont pas constitués d’une caisse de base plus une ou des caisses complémentaires.
On voit déjà que l’expression « réforme des retraites » ne signifie rien en elle-même. Où veut-on en arriver : à un même régime global ou à un système qui combine régimes de base et complémentaire pour toute la population ? Veut-on conserver les régimes spéciaux, mais comment les financera-t-on ? La dernière réforme a apporté une certaine normalisation de la durée de cotisation mais ni du calcul des droits ni du montant des allocations.
En outre, que veut dire maintenir le niveau des retraites ? Au passage, ce n’est un vœu que pour ceux qui s’estiment correctement traités. Actuellement, le principe de la répartition selon lequel ce sont les cotisations des actifs qui servent à payer la retraite des vieux est sérieusement écorné. La CSG et la CRDS qui sont des impôts renflouent déjà l’Assurance vieillesse (et donc pas seulement la branche maladie de la Sécurité sociale comme on le croit généralement). Ne parlons pas des régimes spéciaux ni du régime des fonctionnaires : le montant des pensions est statutairement garanti et fixé, on trouve l’argent coûte que coûte. Il y a aussi à dire sur les régimes des non-salariés. Beaucoup d’entre eux se plaignent du montant misérable des ressources qu’ils ont ou qu’ils auront. La vérité est qu’ayant déclaré des revenus extrêmement bas, ce qui leur a permis d’échapper à l’impôt sur le revenu et de ne payer que la cotisation de retraite forfaitaire et donc minimale, ils ont acquis des droits très limités et ils touchent ou toucheront en conséquence une retraite minime.
Tant que le champ d’application de la réforme ne sera pas défini, on ne pourra rien réformer sérieusement. Mais le flou est peut-être soigneusement entretenu par tous les partenaires pour que chacun puisse jeter de la poudre aux yeux et rejeter l’échec de l’entreprise sur les autres ?
Grain de poivre
Des explications limpides, merci Grain de Poivre ! Reste la catégorie des "femmes au foyer" dont le travail n'a jamais été reconnu, qui ne toucheront pratiquement rien (la demi-retraite de leur mari si elles ont la "chance" de le voir partir avant elles), même si leur présence et leur travail à domicile a permis à la société française d'économiser sur les coûts de scolarité, de délinquance, de prime de transport, de congés payés et autres salaires et primes versés aux salariés.
Rédigé par : Elle 50 | 13 avril 2010 à 09:50
Je viens d'en trouver une bonne sur le figaro.
C'est un peu long mais la ficelle est tellement grosse.
......Jean-Luc Mélenchon, président du Parti de gauche (PG), a affirmé mardi sur RTL qu’il était impossible de changer le mode de calcul des retraites des fonctionnaires. Faute d’équipement informatique, il est en effet impossible de remonter au-delà des six derniers mois de salaire. Le 16 mars, Jean-Yves Raude, directeur du service des retraites de l’Etat (SRE), interrogé par la commission sociale du Sénat, avait répondu que «seules pourraient être récupérées» les données des «deux ou trois dernières années». La modification du salaire de référence, «par exemple en passant des six derniers mois de traitement aux cinq ou dix meilleures années, serait particulièrement délicate car les données permettant de reconstituer ces éléments n’ont pas été conservées», avait-il dit.
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Donc la cnav et les caisses de retraites complementaires conservent les données de millions et millions de cotisants, mais pour les fonctionnaires c'est impossible.....
Moi je dis bravo. Si ce n'est pas nous prendre pour des débiles...Qu'ils disent franchement qu'il n'est pas question pour eux de s'aligner sur le privé.....mais par contre que nous payons leurs salaires et leurs retraites trés avantageuses ne les interpellent pas plus que cela....Là, c'est normal.
Rédigé par : Lisa | 13 avril 2010 à 23:08
En fait il est difficile aux salariés du secteur privé de se draper dans la vertu parce que le régime vieillesse (CNAVTS) est lui aussi financé en partie par l'impôt !
Moyennant quoi il faut saluer l'énorme travail de reconstitution des carrières effectué depuis dix ans par la Caisse vieillesse et les régimes Arrco et Agirc. Je ne suis pas encore à la retraite mais on m'a envoyé un relevé édifiant : même une obscure période effectuée en 1971 pendant un mois et demi était prise en compte et, cadeau gratuit, est validée un trimestre !
Rédigé par : Grain de poivre | 14 avril 2010 à 12:55
Quid faciamus ?
Rédigé par : Croix Rousse | 19 avril 2010 à 22:19