Avec sa bedaine, ses bretelles et
ses coups de gueule, M. Charasse se donne des airs plébéiens. Il ne faut pas s’y
fier. C’est un homme qui adore le décorum. Lors du transfert du ministère des
Finances de la rue de Rivoli à Bercy, j’ai pu, à l’occasion d’un reportage, visiter
son bureau en cours d’aménagement. Il avait commandé au Mobilier national des
meubles Charles X en citronnier marqueté ravissants. Soit dit en passant, le
directeur général des impôts avait jeté son dévolu sur le bureau de Fouquier-Tinville,
un immense plateau Louis XVI (évidemment) aux proportions magnifiques. Aujourd’hui
M. Charasse, grâce à sa nomination au Conseil constitutionnel, va continuer de
jouir des ors de la République, fille héritière de la Monarchie.
Grain de poivre
Le Monde" du 25 février publie un article instructif sur l'entrée de M. Charasse au Conseil. On apprend que le poste lui avait été proposé par Mitterrand, mais qu'il l'avait refusé, car il ne voulait pas se retrouver à 63 ans, au terme de la fonction, sans mandat électif ; il lui aurait été quasi impossible, en effet, après une telle parenthèse de neuf ans, de récupérer "son" siège au Sénat. Tandis que maintenant, âgé de 69 ans, il peut désormais appréhender sereinement la perspective d'une si belle conclusion de carrière active à 78 ans. Heureux hommes politiques, qui ne sont pas confrontés au sort de nombreux cadres d'entreprises, renvoyés chez eux dans leur quinquagénariat !
Autre remarque : il est frappant de constater à quel point, dans notre République si "citoyenne", le fait du prince ou les affinités politiques continuent de rester déterminants dans les nominations aux hautes fonctions de l'Etat, alors qu'une impartialité "citoyenne" devrait l'emporter.
Rédigé par : Croix Pâquet | 26 février 2010 à 11:11