Voilà longtemps que
je comptais vous écrire, hélas les jours se sont succédé tous plus remplis les
uns que les autres. Je dis « hélas » de ne pas avoir pris la plume,
non des circonstances car j’ai été très heureuse de cette profusion. Maintenant
que la rentrée a eu lieu, me voilà moins occupée. La maison est rangée,
quoiqu’il reste encore une bonne dizaine de paires de draps à repasser.
Finalement, il a fait beau et nous avons bien profité de la piscine. Les
enfants y font un boucan d’enfer. A vrai dire entre les cabanes, le badminton,
les jouets, les cassettes et les jeux olympiques ils n’ont pas trop su où
donner de la tête. Les voilà pleins se souvenirs et se sensations qui les
aideront à traverser la vie comme les journées ensoleillées de l’été nous
aident à passer l’hiver.
Trois mariages nous
ont donné l’occasion de faire des escapades. Quand je regarde les photos des
sorties de messe je me dis que c’est la même depuis qu’il y a des
photographes : le marié, la mariée encadrés du père et de la belle-mère,
de la mère et du beau-père avec le cortège devant. Tour le monde sourit. Trente
ans plus tard quand on reprend ces clichés on a la suite de l’histoire :
ce qu’il est advenu de ces sourires, combien d’enfants sont nés, qui est mort.
Et la roue tourne, tourne. Tant de foi dans l’avenir, en dépit de toutes les
vicissitudes reçues en héritage, est vraiment touchant et force le respect. Il
ne faut pas désespérer Billancourt.
Ici la chasse a
ouvert et nos tartarins, casquette orange sur la tête (vous parlez d’une tenue
de camouflage), organisent des battues au sanglier mais il y a tellement de
travail dans les champs entre l’arrosage du maïs (on n’imagine pas le boulot
que ça peut être de déplacer les canons à eau ) et la récolte du tabac que les
bêtes noires n’ont pas encore trop de souci à se faire. A propos figurez-vous que la culture du tabac est subventionnée, mais celle de la vigne aussi sans doute. Sans le dire, depuis la
pluie d’avant-hier, chacun attend les champignons, surtout ceux qui poussent
dans les bois du voisin.
J’ai récemment
repensé à ces bruits qui ont circulé sur la légitimité de Benjamin et dont vous
m’aviez fait part. Son père ne serait pas son père mais un autre membre de la
famille. Le premier imbécile venu peut calculer qu’au moment des faits le
géniteur supposé n’était âgé que d’une douzaine d’années. Mais quand les
langues sont lâchées on ne les arrête plus. Quand même il est toujours
intéressant de voir ce qui se cache au fond des âmes bien pensantes et
médisantes.
Ma chère tante
Mimi, j’ai eu de vos nouvelles par les uns et les autres, je sais donc que vous
allez bien malgré le poids des ans.
Je vous embrasse
bien fort,
Votre fidèle Grain
de poivre
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