Il pleut sans arrêt depuis des semaines mais il ne fait pas
froid. Résultat, les girolles abondent. Hier, je prends le chemin le chemin du
bois de la Comme. Etrangement, les hautes herbes sont couchées à contresens. Et
on distingue fort bien les deux traces parallèles des roues d’un quad. Il n’y a
qu’un propriétaire de quad dans le hameau, un agriculteur avec qui nous
entretenons depuis des lustres des relations confiantes et amicales. Le champ
de l’autre côté du chemin lui appartient.
Une fois à pied d’œuvre, je ne suis pas déçue, une petite
tache jaune orangé, on dégage les feuilles et on tombe sur une mine de
champignons. Et sur des pieds bien coupés au couteau. Tiens, tiens, un
maraudeur est venu visiter nos bois avant moi. Il n’a pris que les grosses
chanterelles. Pour les vendre en ville sans doute.
Aujourd’hui j’y retourne, ma cueillette est encore plus
abondante que la veille, plusieurs kilos, mais mon voleur m’a précédée. Il ne
se fatigue guère, tel le Petit-Poucet il laisse derrière lui, le long des
sentes tracées par le gibier, des trognons bien nets. Il n’a atteint le bois qu’à pied puisqu’il n’y a
aucune trace de pneus. C’est forcément quelqu’un du coin. La voisine qui habite
la dernière maison doit savoir quelque chose. Quand je suis passée hier elle m’a
lancé finement « Alors, vous allez aux champignons ? » « Comment
le savez-vous ? » « Oh, il y a beaucoup de gens qui y vont ces
jours-ci ! » A la campagne tout se sait. Mais comme le mari trompé je
serai la dernière à savoir qui est le chapardeur.
Grain de poivre
Les commentaires récents